"Comment expliquer que les moustiques rêvent aussi ? " "La pointe de la Sibérie orientale recule à mesure que le reflux diminue et que remonte la mer. Encore quelques centimètres et toute cette toundra sera salée. Tout ce qu'elle contient de trésors enfouis sera dévoré par l'indifférence marine. En attendant on profite des quelques degrés supplémentaires pour percer la glace. L'industrie de dragage des dégels bat son plein et j'ai fait jouer la concurrence pour acquérir ce merveilleux système hydraulique.
Les pompes envoient une eau à très haute pression pour briser les masses de permafrost décompactées et la succion fait le reste. La boue est rejetée et forme une petite péninsule de bouse qui prolonge la falaise. On peut extraire jusqu'à quatre-vingt tonnes par heure dans ce sol de glace et de roche et de comètes argileuses. Aux abords de la zone de fouille on abaissait la pression et progressivement la lance à eau faisait place aux brosses et au souffles de nos bouches.
Agenouillée avec les autres sur une terre surprise de sa mise à jour soudaine, nous marchions indélicatement sur des rêves".
Cet ouvrage vise à décrire la lumière comme un phénomène partagé au-delà de l'humaine. L'auteur part de la transformation d'un motif esthétique, l'Annonciation, par une ?gure biologique, l'organisme bioluminescent, chez un cinéaste Hollywoodien contemporain, James Cameron. Il considère l'événement lumineux comme une modalité de l'apparition au sens bio-logique du terme, autrement dit, au sens de ce qui préside à la dynamique et à l'inventivité du vivant dans ses dimensions relationnelles. À partir de quatre articulations visant à repolitiser la lumière - la biophotogénie, la biophotopolitique, la biomythologie et la biomedialuminescence - ce livre aborde le cinéma dans une perspective phylogénétique, autrement dit, dans la longue histoire des interactions du vivant avec la lumière.