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P.r.o.t.o.c.o.l.est un roman politique dont l'enjeu est de proposer un questionnement sur l'époque tumultueuse que nous vivons, marquée par les conflits sociaux, la violence de fond, les crises répétées en tout genre. Il tente de dessiner le portrait d'une société acculée, dont tout le monde ou presque s'accorde à dire qu'elle va droit dans le mur, mais dont, pour autant, personne ne semble à même d'infléchir la course catastrophique.
Le roman se déroule dans une ville imaginaire et en trois temps : une année et demi dans la vie des habitants, juste avant un événement violent ; puis cet événement décrit in absentia,en suivant, au fil d'images de surveillance, la trajectoire du terroriste présumé ; enfin, un temps rétrospectif par le biais d'une voix collective des années après l'événement.
Tiré des vestiges d'un passé aussi lointain qu'incertain et écrit dans une langue oubliée qui progressivement tombe en ruine, le journal d'un inconnu fait état d'un singulier phénomène : des hordes de charognards envahissent peu à peu un village sans histoire, sous les regards incrédules. Que veulent-ils ? Leur nombre croissant de jour en jour, sont-ils aussi inoffensifs qu'ils en ont l'air?
Alors que le monde lentement se retire autour de lui, rongé par l'absence et la perte, l'inconnu - témoin, prophète ou damné - continue de consigner le moindre mouvement de cet étrange et angoissant ballet...
«L'attraction centrale» d'À tous les airs est une vieille dame incongrue et énigmatique, qui porte des baskets et semble passer sa vie au cimetière. Elle incarne le potentiel romanesque du texte tout en étant un personnage effacé mais à identités fictionnelles multiples. Le roman emprunte (de façon parodique et ludique) aux codes du roman policier pour tenter de poser (plutôt que de résoudre) l'intrigue que figure cette dame du cimetière. Le lecteur mène l'enquête sur son propre parcours de lecture, sur la façon dont il avance dans le texte et la manière dont le roman joue avec les codes (personnages, intrigue, fil narratif). L'obsession que porte ce texte est celle de la littérature, son sens, sa finalité, la passion qu'elle suscite. On pense aux Grandes Blondes d'Echenoz.
"Qui connaît mieux la plainte que moi ?" demande Avital Ronell. Son expérience et sa connaissance des doléances l'ont conduite à tenir un registre des plaintes, les plus banales comme les plus métaphysiques. Doléances, lamentations, griefs... les plaintes expriment une souffrance durable, au-delà de leur mobile. Elles contaminent nos discours et nous paralysent, au lieu d'éliminer ce qui nous cause de la peine. À la différence de l'indignation, forte et rebelle, la plainte révèle plutôt une protestation impuissante. Avital Ronell cible les geignards et les râleurs sempiternels, mais elle s'étonne aussi de ceux qui affirment, par élégance, "je n'ai pas de quoi me plaindre". Car il y a bien lieu de se plaindre de la vie. La philosophe ouvre de nombreux dossiers de plaignants : la plainte des femmes et des mères, ou celle des êtres perdus qui ne trouvent pas de dieu à qui se plaindre. Elle dialogue avec Hamlet, Werther, Arendt, Derrida, l'Allemagne et construit un théâtre philosophique où les personnages, elle-même dans le premier rôle, entendent plusieurs plaintes dans chaque complainte.
Comme un effet pervers de ce Bureau des plaintes, Avital Ronell fait aujourd'hui l'objet d'une plainte qui attise sur elle une récrimination internationale, depuis la publication d'un article à charge du New York Times. Pour la première fois, dans un avant-propos inédit, elle réagit à cette affaire.