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Mark Twain (1835-1910) a fait rire le monde entier par ses aphorismes et ses contes depuis La Célèbre Grenouille sauteuse de Calaveras County, dont il trouve l'anecdote dans un camp de chercheurs d'or de Californie en 1865. Il y aurait quelque paresse intellectuelle à se contenter de la célébrité que lui ont value ses contes et d'oublier les romans, fruits d'une expérience acquise au cours d'une existence tumultueuse et variée : apprenti typographe, journaliste, pilote pendant quatre ans sur le Mississipi, éphémère officier de l'armée sudite, pionnier du Far-West, chercheur d'or, directeur de journal, imprimeur, éditeur, voyageur, polémiste, moraliste. Si l'on retrouve l'humour sarcastique de La Célèbre Grenouille sauteuse dans les romans Wilson Tête-de-Mou et Les Jumeaux extraordinaires (1894), ou l'aplomb de l'Américain qui ne s'en laisse pas conter dans Un Yankee à la cour du roi Arthur (1887), on découvre un conteur tendre et presque féérique dans Le Prince et le Pauvre (1881). Mais c'est le cycle des aventures de Tom Sawyer (1876-1896), l'enfant indiscipliné et aventureux, et de son ami Huckleberry Finn, petit clodo sympathique, qui a consacré Mark Twain comme le père fondateur du roman américain moderne.
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La Solution finale : Le destin des Juifs (1933-1949)
David Cesarani
- Bouquins
- La Collection
- 29 Octobre 2025
- 9782382924310
Après des décennies de recherche, l'historien anglais David Cesarani (1956-2015) a réévalué l'histoire de la Shoah en démontrant que l'extermination des Juifs par Hitler n'était ni planifiée ni inévitable. Ouvrage d'une autorité manifeste, cette synthèse profondément bouleversante est traduite pour la première fois en français.
La Shoah n'a jamais été aussi commémorée, mais notre compréhension des événements qui ont mené au génocide a rarement été remise en question. Dans cette synthèse complète sur l'histoire de la persécution et de l'extermination des Juifs, l'historien britannique David Cesarani montre que la " solution finale " n'était ni planifiée par Hitler ni inévitable, mais résulte au contraire d'une série de décisions improvisées et souvent chaotiques, dictées par la guerre et la radicalisation progressive du régime nazi.
À l'inverse de la plupart des ouvrages sur cette période, qui s'arrêtent en 1945, l'historien étend son analyse jusqu'en 1949, éclairant le sort des survivants dans les camps de personnes déplacées, les difficultés de la réinstallation et de l'émigration, et la constitution de la mémoire de la Shoah dans l'immédiat après-guerre.
Dans une remarquable préface à la présente édition, Tal Bruttmann trace le portrait en forme d'hommage d'un des plus grands spécialistes de l'histoire contemporaine des Juifs et décrit la méthode scientifique avec laquelle Cesarani déconstruit les lieux communs du savoir historique sur un sujet dont de nombreux aspects restent encore méconnus.
La traduction inédite de La Solution finale offre au public français une oeuvre qui renouvelle, par son approche et par l'étendue de ses sources, notre connaissance d'une des plus terribles tragédies du XXe siècle. Un ouvrage convaincant et profondément troublant. -
Réunies pour la première fois, les oeuvres autobiographiques d'un des plus grands artistes du XXe siècle forment un saisissant autoportrait. Quatre livres puissants, décalés, désopilants, qui éclairent l'oeuvre et la personnalité hors-normes d'Andy Warhol, ainsi que son époque. Un événement éditorial.
Génie visionnaire et artiste protéiforme, Andy Warhol (1928-1987) est un personnage clef de l'art du xxe siècle, dont il a largement modifié le cours. Les quatre oeuvres autobiographiques réunies ici le montrent sous un jour neuf, celui de l'écrivain, qui se révèle aussi singulier que le plasticien.
Avec l'aide de sa fidèle amie et collaboratrice Pat Hackett, Warhol invente une écriture portée par un inimitable sens de l'absurde et un regard unique sur les choses. Ma philosophie de A à B et vice versa , suite de vues sur la beauté, la célébrité, l'art, mais aussi les miroirs, les corn-flakes ou les aéroports, est une perfection d'humour et d'acuité sous couvert de légèreté. Popisme est le roman des folles années 1960, là où tout se joue pour Warhol : explosion du pop art, création de la Factory et lancement de son entreprise de subversion du monde moderne. Dans le Journal (dont de larges extraits sont repris ici), on le suit jour après jour au sein de la comédie humaine new-yorkaise. Durant douze années, il chronique cette valse des vanités d'un oeil affûté et détaché. Le volume s'achève sur un choix de ses entretiens les plus remarquables, dans lesquels Warhol se révèle clown fantomatique et taiseux, maître zen dans l'art du flux tendu et du décalage.
Ces quatre livres forment, côte à côte, le récit de " l'aventure Warhol ", l'une des plus exaltantes du siècle, et le portrait d'une époque à la force d'attraction inépuisable. -
À l'occasion du 230e anniversaire de la mort de Marie-Antoinette, la biographie, une des plus belles du genre, écrite par Stefan Zweig et consacrée à la reine à découvrir dans une nouvelle traduction.
Appellation surprenante pour cette reine en qui la France aujourd'hui encore voit un de ses fleurons. Ici Marie-Antoinette est vue par les yeux d'un Autrichien, donc d'un compatriote, qui certes brosse d'abord un portrait historique rigoureusement fondé sur des documents d'archives (notamment correspondances diverses) mais en le plaçant dans un éclairage psychologique, et même freudien, auquel Zweig a si souvent recours dans ses nouvelles (rappelons que Zweig et Freud se vouaient une admiration mutuelle). Ce sont les circonstances successives qui modèleront les comportements variés et souvent condamnés de son existence : utilisée comme pion sur l'échiquier politique des alliances de l'époque, mariée à quatorze ans au futur Louis XVI qui sera impuissant durant sept années, reine à 18 ans, elle se défoulera dans une dispendieuse exubérance compensatoire, au grand dam de sa mère Marie-Thérèse ; spontanée, étourdie, irresponsable elle jettera l'argent par les fenêtres de son luxueux Trianon qu'elle a entouré d'un hameau reconstitué et peuplé de figurants, tandis que le vrai peuple vit dans la misère. On profitera de son inconstance pour la berner, notamment dans l'Affaire du collier ici brillamment narrée dans une prose digne d'Agatha Christie. La jeune femme adulée à son arrivée en France ne tardera pas à y devenir l'ennemie publique numéro un... jusqu'à son procès où elle deviendra totalement autre : c'est dans l'adversité que la jeune écervelée gagnera l'étoffe d'une reine, d'une femme éprouvée et mûre, profondément humaine, voire tragique.
Beaucoup d'encre a coulé sur les frasques de Marie-Antoinette, mais ici le style de Zweig devient un acteur de premier plan : flamboyant, métaphorique, tantôt analytique tantôt empathique, toujours passionné et sous-tendu par une implication auctoriale partiale, celle d'un homme qui comprend une femme, mais sans jamais l'excuser. C'est ce style que la nouvelle traduction a fidèlement restitué. Le narrateur se déplace telle une caméra dans le somptueux Versailles et parcourt les arcanes des multiples intrigues coutumières, il est omniprésent, évoluant dans les décors et dans les têtes, y épousant toutes les circonvolutions, on s'y croirait !
Cette biographie, une des plus belles du genre, est effectivement celle d'une femme ordinaire qui, comme le dira à son procès l'avocat de la défense, a eu le malheur d'être reine : une femme qui aimait la vie et voulait profiter de sa jeunesse, sans pour autant faire du mal consciemment, et qui a dû être confrontée à l'exceptionnel et au grandiose pour devenir une figure historique extraordinaire. -
La capitale de l'Empire austro-hongrois a été le paradis de son enfance. Au fil du temps, et après bien des drames, elle est devenue pour lui un monde idéal, où les apports les plus divers finissaient toujours par se mêler harmonieusement, où l'ouverture à la modernité s'appuyait sur une solide tradition locale. Cette ville-théâtre, de 1880 à l'entre-deux-guerres, fut surtout une incomparable cité des arts et de l'esprit européen.
Les textes ici réunis couvrent l'ensemble de la vie créatrice de l'auteur, de l'étudiant dilettante des débuts à l'écrivain célèbre et exilé de la fin, qui dut quitter l'Autriche quelques mois avant l'Anschluss. Des pans entiers de l'histoire culturelle viennoise sont ainsi explorés, avec ses valeurs sûres, ses modes passagères, ses lieux mythiques, ses poètes (Hugo von Hofmannsthal, Rainer Maria Rilke...), ses génies (Sigmund Freud, Joseph Roth, Gustav Mahler, Arthur Schnitzler...), ses inconnus et bien d'autres figures attachantes, amis plus ou moins proches que Zweig sent et analyse avec la précision de celui qui voit tout. Il retranscrit ses impressions et souvenirs dans ce style toujours accessible qu'on lui connaît. Ce faisant, témoin bouleversant d'une époque bouleversée, il tente de sauver ce qui peut l'être.
Sa Vienne, qui nous fascine tant, est éternelle. -
Frankenstein et autres récits de terreur et d'anticipation
Mary Shelley
- Bouquins
- La Collection
- 10 Avril 2025
- 9782382926345
Une autrice majeure dont l'oeuvre résolument moderne entre en résonance avec nos préoccupations contemporaines.
Frankenstein, ou le Prométhée moderne est né d'un pari lancé le soir du 15 juin 1816 par lord Byron à la petite assemblée qui l'entoure alors qu'il est en villégiature sur les bords du lac Léman : écrire un conte horrifique. Mary Shelley, la compagne du célèbre poète romantique Percy Bysshe Shelley, relève le gant. Elle imagine la " hideuse chimère " d'un corps composé de plusieurs cadavres, ramené à la vie par le savant Victor Frankenstein " sous l'action d'une puissante machinerie ". Mary n'a que dix-huit ans quand, en véritable pionnière, elle fait paraître ce roman épistolaire qui lance le genre de la science-fiction des deux côtés de l'Atlantique, loin des conventions du roman gothique. Avec cette créature rejetée par son créateur et par la société insensibles à son humanité à cause de sa monstruosité physique, la romancière dit son goût pour l'anticipation et la marginalité. Goût que l'on retrouve en 1826 dans la fiction postapocalyptique Le Dernier Homme , dont l'action se situe en 2073 et qui associe une vision érudite de l'histoire à l'aventure de personnages en rupture avec leur époque. Mary se fera dénonciatrice de la loi patriarcale abusive dans Mathilda , un roman qui nous rappelle qu'elle est la fille de Mary Wollstonecraft, une des premières féministes. Ce livre suffocant - certainement inspiré des relations troubles que Mary entretenait avec son père - ne sera pas publié du vivant de l'autrice, mais seulement en 1959.
Outre ces trois oeuvres, emblématiques du talent peu commun de cet oiseau rare de la littérature anglaise, né dans le monde de la bohème artistique, le lecteur découvrira plusieurs nouvelles traduites en français pour la première fois.
Ce volume contient : Frankenstein, ou le Prométhée moderne ; Mathilda ; Des fantômes ; Le Dernier Homme ; Roger Dodsworth, ou l'Anglais revenu à la vie ; Le Mauvais oeil et Euphrasia. -
Une intégrale inédite des articles et textes courts de Stefan Zweig.
Les textes inédits de Stefan Zweig n'avaient jamais bénéficié en France d'une édition globale. C'est désormais chose faite avec ce volume qui reprend tous les courts écrits de l'auteur autrichien, en dehors de ses nouvelles déjà publiées dans la collection " Bouquins ". L'occasion de redécouvrir la richesse et la profusion d'une oeuvre saluée dans le monde entier.
L'ensemble, désormais exhaustif, présente cent vingt textes, dont une vingtaine sont donnés pour la première fois en français : articles, récits, feuilletons, discours, préfaces, hommages, conférences, portraits, critiques ou comptes rendus parus dans différents journaux et périodiques, revues, livres ou recueils.
Plus encore que les " grands " textes de l'auteur, ils nous permettent de mieux connaître son évolution intellectuelle, ses passions constantes et ses coups de coeur éphémères, ses prises de position politiques et ses rencontres les plus déterminantes. On voit ici se déployer tout son talent d'écrivain et de biographe, nourri de ses réflexions sur l'art, sur le destin, et - central, inébranlable jusqu'à la fin - de son humanisme. Ainsi ses articles dessinent-ils autant de paysages de l'âme qui éclairent le mystère de la condition humaine. -
L'intégralité de l'oeuvre philosophique du grand penseur romain : une édition et une traduction de référence.
Cicéron n'appréciait guère, dit Plutarque, qu'on voie en lui un orateur se piquant de penser à ses moments perdus. L'ordre de sa prédilection était inverse. Il se regardait d'abord comme un philosophe, l'éloquence n'ayant été toute sa vie qu'un moyen, un instrument lui permettant de vulgariser, dans le meilleur sens du terme, la philosophie. " Quand j'ai commencé d'exercer des fonctions publiques et me suis dévoué au service de l'État, j'ai réservé à la philosophie tous les instants que me laissaient mes amis et la politique ", raconte-t-il ainsi à son fils.
Cette édition regroupe l'intégralité des oeuvres philosophiques de Cicéron traduites et annotées par celui qui en fut un admirable connaisseur, Charles Appuhn. La science historique et philosophique qu'il met ici au service du texte cicéronien donne lieu à un apparat critique éclairant et considérable. Entrecroisant les références avec virtuosité, ce volume se lit tout aussi bien comme une découverte du seul penseur original du monde romain - c'est ce que fut Cicéron - que comme une encyclopédie philosophique de poche de l'Antiquité classique.
Préfacée par Frédéric Albert Lévy, cette édition comprend :
De la République,
Des lois,
Hortensius,
Du bien suprême et des maux les plus graves,
Tusculanes,
De la nature des dieux,
De la divination,
Du destin,
Académiques,
De la vieillesse,
De l'amitié et
Des devoirs. -
L'évadé d'Auschwitz : l'homme que personne n'a voulu croire
Jonathan Freedland
- Bouquins
- Document
- 21 Septembre 2023
- 9782382923634
Une nouvelle enquête passionnante sur l'histoire de la Solution finale, à lire les yeux grands ouverts, comme une page de l'histoire de l'humanité.
Une nuit d'avril 1944, Walter Rosenberg, bientôt connu sous le nom de Rudolf Vrba, un jeune Juif slovaque de 19 ans, et son ami Alfréd Wetzler parviennent à s'évader d'Auschwitz. Leur objectif : prévenir le monde de l'existence de cette usine de mort et tenter de sauver de la chambre à gaz le prochain convoi de Juifs hongrois.
Près de deux ans plus tôt, après un bref séjour dans le camp de Majdanek, Rosenberg est déporté à Auschwitz. Contraint aux travaux forcés à Buna, il est ensuite affecté à la " rampe " où débarquent les Juifs de toute l'Europe. La majorité d'entre eux sont gazés après la " sélection ". Les rares survivants subissent persécutions, violences et cruautés incessantes.
Doté d'une mémoire phénoménale, Walter enregistre tout jusqu'au moindre détail durant sa captivité : le fonctionnement du camp, sa géographie, son économie, l'organisation de son système ferroviaire. Après son évasion, il consigne avec son codétenu l'ensemble de ces informations dans le Rapport Vrba-Wetzler. Ce document de 32 pages, aussi appelé " Protocole d'Auschwitz ", envoyé à Churchill, Roosevelt et au pape Pie XII, sera le premier récit détaillé sur le camp à atteindre les Alliés. Rudolf Vrba sera également l'un des témoins capitaux du film Shoah de Claude Lanzmann.
Cette nouvelle enquête dévoile l'incroyable histoire d'un homme que personne n'a voulu croire. -
Paradise Now : La vie extraordinaire de Karl Lagerfeld
William Middleton
- Bouquins
- Document
- 22 Février 2024
- 9782382925317
Karl Lagerfeld est l'une des figures les plus fascinantes et les plus énigmatiques de notre époque. Il a réinventé Chanel de façon spectaculaire et montré toute l'étendue de sa créativité chez Chloé, Fendi et pour sa propre marque. Il était aussi connu pour son style personnel singulier - costumes noirs stricts, lunettes de soleil sombres, queue-de-cheval poudrée blanche - et ses phrases ravageuses et drôles, dignes de l'esprit du XVIIIe siècle.
William Middleton a travaillé en étroite collaboration avec Karl à partir de 1995. Il a pu découvrir diverses facettes du créateur que ce dernier gardait cachées aux yeux du monde entier. Ce livre, grâce à des recherches méticuleuses et s'appuyant sur des interviews avec des dizaines d'amis et de proches collaborateurs, trace le portrait saisissant - à travers sa destinée et sa vie intime - d'un homme et d'un artiste qui aimait se dissimuler derrière son image publique.
L'auteur nous fait pénétrer dans les mystères d'une personnalité, de même que dans les salons les plus fermés de la mode, dans les coulisses des podiums et dans un univers d'artistes talentueux, de mondains élégants et de stars internationales parmi les personnalités les plus marquantes des sept dernières décennies. -
D'une plume indocile : Essais de philosophie, de morale et de littérature
Giacomo Casanova
- Bouquins
- La Collection
- 22 Août 2024
- 9782382925386
Après la publication en 3 tomes de l'Histoire de ma vie, Bouquins donne à lire les oeuvres "variées" qui font émerger un Casanova insoupçonné : historien, témoin de son temps, philosophe, moraliste, homme de lettres.
" J'ai écrit, tyrannisé par une plume indocile et âpre, tout ce qu'elle voulait ", confesse Casanova en 1769. La formule dit le goût pour la digression d'un auteur singulier. Nourries par une curiosité encyclopédique, les oeuvres réunies dans ce volume témoignent de l'ardent désir de savoir et de la relation ambivalente aux pouvoirs d'un homme qu'elles éclairent d'un jour nouveau. Loin de l'image convenue de séducteur et d'aventurier, l'écrivain de l'Histoire de ma vie s'y révèle aussi historien et témoin de son temps, philosophe et moraliste, homme de lettres aux multiples facettes : critique, polémiste, dramaturge, entrepreneur de théâtre...
Ses essais sur la littérature (Voltaire, Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre) côtoient des réflexions historiques et politiques sur la Révolution française (dont il propose une étonnante étude des néologismes), des considérations philosophiques sur les Lumières, ainsi que des textes plus brefs ou plus polémiques (Lana Caprina, Ni amours, ni femmes, Soliloque d'un penseur). Aux oeuvres publiées par Casanova, en français et en italien, s'ajoutent de nombreux manuscrits, pour certains demeurés jusqu'alors inédits.Tous participent aux débats du siècle et sont marqués par une écriture autobiographique plurielle et originale. Cette première édition critique, établie et annotée par les meilleurs spécialistes, saura faire découvrir à ses lecteurs un Casanova insoupçonné. -
Ce livre regroupe l'ensemble des textes, la plupart inédits, de Stefan Zweig sur l'Europe, dans la période qui a précédé puis suivi la Grande Guerre et mené au second conflit mondial.
Ce recueil regroupe 17 textes écrits entre 1909 et 1941. Publiés à l'origine dans la presse germanophone, ces oeuvres - articles, manifeste, conférence - retracent le cheminement intellectuel d'un humaniste qui, au fil d'une actualité tragique, va se doubler d'un pacifiste de plus en plus en convaincu. Zweig s'y fait le chroniqueur d'une époque de fièvres et de menaces.
Ce livre présente certaines facettes peu connues de son auteur, qui, après quelques errements nationalistes (" Le Pays sans patriotisme ") s'est engagé de plus en plus intensément en faveur de la paix, sous l'influence de son ami Romain Rolland. On y trouve ainsi une fiction documentaire sur la signature du traité de Versailles (" L'Échec de Wilson "), un essai visionnaire sur l'uniformisation des villes européennes (" La Monotonisation du monde ") et quantité de réflexions sur l'histoire mouvementée du continent (" L'Idée européenne dans son développement historique ") ainsi que sur les possibilités de son unification. À ce titre, un texte comme " La Désintoxication morale de l'Europe " préfigure de manière étonnante ce que pourrait être une union européenne fondée sur l'amitié entre les peuples et nourrie de 2 000 ans de culture commune. -
Un des plus grands philosophes contemporains, au coeur des débats politiques essentiels des notre époque, fait son entrée dans la collection " Bouquins ".
Figure majeure de la pensée contemporaine, Jürgen Habermas continue d'exercer une influence considérable sur l'ensemble des sciences sociales. Dernier héritier d'une grande tradition inspirée des Lumières, il jouit d'une renommée internationale et a dialogué avec les principaux penseurs de son temps (Adorno, Rawls, Derrida). Il a élaboré une théorie originale, connue sous le nom de l'" éthique de la discussion ", qui a totalement renouvelé la philosophie politique. Intellectuel engagé, il est aussi fréquemment intervenu dans les polémiques de l'époque, prenant position sur des sujets aussi divers que la réunification allemande, la place de la religion dans l'espace public, la construction européenne, la bioéthique.
En donnant à lire des textes essentiels et accessibles, parfois peu connus et, pour certains, traduits en français pour la première fois, ce volume permet de restituer la singularité foisonnante d'une pensée qui, depuis les années 1950, s'est attachée à explorer comme nulle autre tous les ressorts de la question démocratique. Jürgen Habermas se livre également, dans un grand entretien inédit, à une relecture en profondeur de son parcours et de ses thèses à la lumière des enjeux d'aujourd'hui. À l'heure où les démocraties occidentales sont confrontées à des défis existentiels, la puissance et la vivacité d'une telle oeuvre apparaissent plus que jamais salutaires. -
Quatre siècles ont passé, et les aventures de don Quichotte nous saisissent comme au premier jour. Quatre siècles d'admiration par les plus vastes comme par les plus humbles esprits, par les savants comme par les enfants. Quatre siècles d'adaptations richement illustrées,ou bien portées à la scène, à l'écran, mises en musique ou en bande dessinée... Quatre siècles de traductions dans presque toutes les langues : rien qu'en français, on en compte une douzaine, soit une par génération en moyenne. Quatre siècles de commentaires dont la liste ? si tant est qu'il soit jamais possible de l'établir ? donne le vertige ; pas un champ d'analyse qui n'ait été requis : littéraire, esthétique, philosophique, moral, théologique, médical, psychanalytique, esthétique, linguistique, sociologique, historique et sans doute archéologique... Quatre siècles d'influence plus ou moins secrète, plus ou moins assumée, sur nos entreprises utopiques, fantasques ou tout simplement folles ; en témoigne la substantivation que son patronyme a connue presque dès sa parution avec ses variantes passées dans le langage courant : donquichottisme, donquichottesque. Francis de Miomandre (1880-1959) est le seul véritable écrivain qui, à ce jour, ait traduit intégralement Don Quichotte. Comme les traductions de Goethe par Nerval ou de Poe par Baudelaire, sa traduction constitue elle aussi un chef-d'oeuvre. Elle a une valeur éprenne, en ce qu'elle résiste et résistera toujours aux dernières modes langagières, aux dernières avancées linguistiques, historiques ou sociologiques, et surtout en ce qu'elles font accéder à un bonheur de lecture dont on ne se lassera jamais...
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La marche de Radetzky : la toile d'araignée, Hôtel Savoy, la fuite sans fin, Perlefter, les cent-jours, la crypte des capucins
Joseph Roth
- Bouquins
- La Collection
- 14 Septembre 2023
- 9782221247716
Ce volume rassemble sept des plus grands romans de l'auteur de La Marche de Radetzky, dans une nouvelle traduction plus fidèle aux textes originaux, restitués ici dans l'ordre chronologique de leur publication.
Joseph Roth est avec Stefan Zweig l'un des plus grands d'Europe centrale de la première moitié du XXe siècle . Son oeuvre est unanimement célébrée pour son génie littéraire et son humanisme qui traverse les époques et atteint le lecteur d'aujourd'hui avec la même force et la même émotion.
Le déclin de l'Autriche durant l'entre deux guerres et à travers lui d'un certain modèle européen est le thème central et obsédant de son oeuvre.
Une volonté cruelle de l'Histoire a réduit en morceaux ma vieille patrie qui le permettait d'être en même temps un patriote et un citoyen du monde, écrit-il dans la préface de son chef d'oeuvre, La Marche de Radetzky.
C'est à la fois cette nostalgie d'une époque irremplaçable et tragiquement révolue et cette recherche d'une vérité humaine universelle qui donne à l'oeuvre et l'univers de Roth leur vérité particulière , bouleversante et inoubliable .
Pierre Deshusses, déjà maître d'oeuvre du volume Stefan Zweig dans La collection Bouquins, signe cette magistrale nouvelle traduction d'ensemble. Une entreprise qui s'imposait, les traductions des oeuvres majeures remontant pour certaines à 70 ans sans avoir été retraduites depuis lors, malgré leurs erreurs factuelles et leur inévitable vieillissement. La langue de Roth, réaliste et impressionniste, excessive et simple, métaphorique et abrupte , ainsi décrite par Pierre Deshusses dans sa préface, est ici rendue dans toute sa vérité et sa puissance originelle. -
Depuis ses premiers livres, Tessa Hadley explore le réseau complexe des vies conjugales, amoureuses et sentimentales de ses contemporains. L'intrigue de ce huitième roman confronte l'histoire de plusieurs générations autour du choix libérateur de son héroïne, qui prend tous les risques pour assumer son épanouissement personnel.
Dans l'Angleterre de la fin des années 1960, Phyllis Fischer, épouse et mère quadragénaire, s'éprend de Nicholas Knight, le jeune fils d'amis de son mari. Pour lui, elle abandonne son foyer et les conventions d'un ordre social devenu moralement inacceptable. Tout en s'apercevant que son amant n'est pas exactement celui qui lui convient, elle tombe enceinte et décide de garder l'enfant, qu'elle est heureuse d'élever.
Dans ce style fluide et raffiné qui lui permet de sonder admirablement la psychologie de ses personnages, Tessa Hadley décrit aussi bien le quotidien des classes sociales supérieures que la vie de bohème et les idées nouvelles à l'heure de la révolution sexuelle. La condition féminine est une question centrale, sans être traitée sous l'aspect du militantisme : seule compte la volonté d'une femme désireuse d'être elle-même en découvrant que l'âge mûr ne saurait être un obstacle aux plaisirs de la chair. Phyllis découvre le droit de conjuguer jouissance et maternité en bousculant tous les tabous. -
Cette nouvelle édition de l'Histoire de ma vie est entièrement basée sur le manuscrit acquis par la BNF en 2010. Elle en respecte pour la première fois le découpage et procure un texte fiable, corrigé des erreurs de transcription de la précédente édition Brockhaus-Plon de 1960 (reprise en " Bouquins " par F. Lacassin en 1993). Ce premier volume, remanié en profondeur, reproduit les tomes 1 à 3 des Mémoires de Casanova, depuis l'enfance de Giacomo jusqu'à son évasion de la prison des Plombs en novembre 1756.
Une nouvelle préface présente un Casanova éloigné des clichés pour faire apparaître l'importance de l'écrivain et du penseur. L'appareil critique, lui aussi renouvelé et enrichi, se concentre sur le travail d'écriture de Casanova : il restitue l'histoire de la langue, éclaire son choix d'écrire en français sans renoncer à l'italianité (" La langue française est la soeur bien-aimée de la mienne ; je l'habille souvent à l'italienne ", écrit-il), et retranscrit dans la mesure du possible les passages biffés sur le manuscrit.
Ce volume I reproduit trois variantes importantes : les différents projets de préface, les deux versions du premier séjour parisien (1750-52), reproduites en regard l'une de l'autre, et le récit de l'évasion de Casanova publié en 1788 sous le titre Histoire de ma fuite des Plombs.
Enfin, on y trouvera plusieurs documents permettant de mieux comprendre le monde de Casanova : évaluation de ses revenus, tables de conversion des monnaies européennes, règles des jeux comme le pharaon, et déplacements du Vénitien (cartes du monde méditerranéen, quartiers de Venise et de Paris). -
Après avoir vécu un épisode douloureux, Mara, désemparée, fuit en direction de la mer, laissant toute sa vie derrière elle. Elle arrive dans une station balnéaire en fin de saison. La ville se vide et Mara traîne sa solitude et son chagrin dans les rues désertes et sur les plages oubliées. Elle survit. Lorsque l'argent vient à manquer, elle trouve un job dans une des rares boutiques restées ouvertes. Les mois passent, le quotidien se pose et, tandis qu'elle effleure de nouveau une certaine forme de joie, le passé la rattrape.
Mélange singulier d'intimité et de pudeur,
Marées brosse un puissant portrait de femme, dans un style sensuel et imagé. Sara Freeman signe un premier roman d'une grande poésie, largement salué par la critique américaine. -
Sur fond de lutte pour survivre des Juifs polonais pendant la Deuxième Guerre mondiale, ce roman évoque amours de jeunesse, questionnements sur l'identité religieuse et nationale et, au lendemain de la libération soviétique, intrigues politiques de la Guerre Froide et mouvements d'émigration vers le Nouveau Monde à travers l'obsession d'une vengeance.
Dans les derniers jours d'août 1939, Micha? Klein, 14 ans, ses parents et sa soeur, montent à bord d'un train en direction de l'Est, abandonnant leur vie confortable de Kalisz, en Pologne, pour fuir le conflit imminent avec l'Allemagne.
Pour le jeune adolescent juif, contraint de vivre sous l'occupation allemande meurtrière de sa patrie polonaise, c'est le début d'un parcours long et difficile. Il vit d'abord avec sa famille chez sa tante et son oncle à Lublin, puis il part se cacher avec sa soeur à la campagne, dans une ferme près de Lublin. Lorsque les Nazis entreprennent sérieusement l'extermination des Juifs, il rejoint les partisans juifs dans les forêts polonaises pour combattre les Allemands et protéger la population juive.
Micha? devient progressivement un tueur endurci, cherchant à se venger de l'anéantissement de son peuple. Il rencontre et tombe amoureux d'une femme fascinante, un des leaders de l'aile socialiste de la Résistance polonaise, et cette histoire d'amour façonne le reste de sa vie. Tout en cherchant sa soeur, disparue dans le chaos des migrations d'après-guerre, Michal s'engage à régler ses comptes avec d'anciens Nazis et collaborateurs polonais. Son parcours le mène, d'étape en étape, à travailler pour le gouvernement de la Nouvelle-Pologne puis à errer dans les camps de personnes déplacées en Allemagne et enfin, au Mexique et aux États-Unis.
Une fresque comme seule la mémoire de la Seconde guerre mondiale peut en produire. Martin Carnoy s'inscrit dans la lignée d'Imre Kertesz et d'Art Spiegelman.
Laurent Binet -
« Ce serait une honte dont vous ne pourriez vous laver que de ne pas finir Josèphe... Tout est beau, tout est grand, cette lecture est magnifique » écrit Mme de Sévigné à sa fille en novembre 1675. Port-Royal vient alors de publier une nouvelle traduction de cet auteur antique due à Arnauld d'Andilly, le frère du Grand Arnauld. Elle fera autorité en France pendant près de deux siècles. Dans tout l'Occident chrétien, Flavius Josèphe fut en effet jusqu'à une époque récente l'historien de l'Antiquité le plus lu.
Sans ses écrits, de larges pans de l'histoire de la Judée entre -100 et la fin du premier siècle de l'ère chrétienne nous resteraient inconnus. Toutes les Histoires du peuple juif au temps de Jésus lui sont grandement redevables.
Né Yosef ben Mattityahu Ha-cohen dans une grande famille de Jérusalem en l'an 37, il est mort à Rome, protégé de empereurs successifs de la dynastie flavienne, vers l'an 100. Entretemps il avait vécu en tant qu'acteur puis témoin oculaire la terrible tragédie de son peuple, celle qui opposa les Judéens à la puissance romaine et vit disparaître dans les flammes Jérusalem avec son célèbre Temple.
Le nom latinisé sous lequel son oeuvre nous est parvenue reflète un destin exceptionnel. Réchappé par ruse d'un grand massacre, cet aristocrate juif qui avait pris les armes contre Rome, fut libéré de ses chaînes pour avoir prédit l'empire à Vespasien et reçut la citoyenneté romaine comme le révèle son nom. C'est depuis le camp romain qu'il assista à la prise de sa ville natale.
Dès le lendemain de la guerre, il fut chargé d'en écrire le récit pour la gloire des vainqueurs mais sans dissimuler son propre chagrin. À ce premier ouvrage, La Guerre des juifs contre les Romains ou Guerre de Judée (vers 75), s'ajoutèrent quelque vingt ans plus tard les 20 livres des Antiquités judaïques qui relatent l'histoire biblique suivie de celle des années précédant la révolte juive. Soucieux de justifier son attitude pendant cette guerre, Josèphe rédigea aussi une Autobiographie. Et, toujours fidèle à ses traditions ancestrales dans son exil romain, il répondit aux allégations mensongères les concernant dans le Contre Apion. C'est l'ensemble de cette oeuvre grandiose et sans équivalent qui est présentée dans ce volume. -
Journal de voyage en Italie par la Suisse et l'Allemagne
Michel de Montaigne
- Bouquins
- Document
- 9 Novembre 2023
- 9782382924143
Montaigne est surtout connu pour ses Essais, mais il a laissé derrière lui une autre oeuvre mémorable : le journal du voyage qu'il entreprit à travers la Suisse, l'Allemagne et l'Italie entre 1580 et 1581. Les raisons réelles ou présumées de ce périple sont multiples : fréquenter les sources thermales les plus connues d'Europe pour soigner sa maladie de la pierre, fuir les troubles des guerres de Religion et les tracas domestiques, se confronter à l'altérité, ou encore briguer un poste d'ambassadeur en Italie. L'une des originalités de ce journal est d'avoir été écrit partiellement par un mystérieux secrétaire, avant que Montaigne lui-même ne reprenne la plume, en français mais aussi en italien.
" La lecture du Journal de voyage est un plaisir continu parce que Montaigne garde les yeux ouverts sur le monde ", rappelle Antoine Compagnon dans sa préface. " Il nous reste un recueil primesautier d'observations merveilleuses sur la nature, l'architecture, l'urbanisme, l'habitat, les hommes, les moeurs, les croyances, les aliments. En toute liberté ! " Cette édition, réalisée par Nina Mueggler avec l'aide de Laura Piccina, annotée et richement illustrée, offre une nouvelle adaptation du texte selon les usages du français moderne, de façon à le rendre plus accessible au lecteur contemporain. Toutefois, il ne s'agit pas d'une traduction mécanique ou systématique, mais d'un travail délicat de restauration, fidèle à l'esprit de l'édition des Essais parue dans la collection Bouquins en 2019. Les interventions concernent surtout la syntaxe et le vocabulaire, quand ce dernier a changé de sens ou a disparu. La ponctuation, l'accentuation et l'orthographe ont été adaptées aux critères d'aujourd'hui. On n'en apprécie que mieux la saveur, le rythme de la langue d'époque et, à travers elle, tout le génie de ce voyageur singulier -
Le conformiste ; la romaine ; la désobéissance ; la ciociara
Alberto Moravia
- Bouquins
- 6 Avril 2023
- 9782382922477
Edition établie et présentée par René de Ceccatty.
Ce volume regroupe quatre des plus grands et plus célèbres romans d'Alberto Moravia, qui témoignent de la force de l'imaginaire et du talent de portraitiste, habile à créer des archétypes, auxquels il dut sa gloire, tant dans le registre politique, historique et social que dans la tonalité intimiste et même psychanalytique.
Il était temps que le plus grand romancier italien, celui qui a acquis à travers le monde une notoriété exceptionnelle, par ses fictions romanesques, son art de la nouvelle, son esprit d'observation de la société et de la politique mondiale, ses récits de voyage figure en bonne place parmi les grands auteurs de Bouquins, "La collection".
Nous avons choisi, dans la grande période créatrice (1947-1957) d'Alberto Moravia, quatre romans représentatifs de son imaginaire, nourri de son expérience autobiographique : La Belle Romaine, La Désobéissance, Le Conformiste et La Ciociara. Il s'agit de quatre portraits (deux femmes et deux hommes) qui appartiennent désormais pleinement à la légende de l'écrivain.
Dans La Belle Romaine, Alberto Moravia s'est souvenu d'une jeune prostituée qu'il avait rencontrée avant la guerre et qui exerçait avec l'assentiment et l'aide de sa mère. En décrivant sa vie, Alberto Moravia dresse un tableau de toutes les classes de la société auxquelles ses clients appartiennent. Et à travers la diversité de la sexualité humaine, le romancier approfondit sa connaissance et ses analyses du comportement des hommes, dans la période fasciste et dans la confusion de l'après-guerre. Dans La Désobéissance, Moravia laisse s'exprimer sa veine intimiste et offre une sorte de " fausse autobiographie ", en imaginant un enfant qui pourrait être son double et qui exprime tous les élans de révolte qui l'ont animé jusque dans l'âge adulte. Dans Le Conformiste, que le film de Bernardo Bertolucci, une vingtaine d'années plus tard, devait rendre célèbre, l'écrivain donne de la tragédie de ses cousins résistants Rosselli, victimes des services secrets fascistes, une version transfigurée, en refusant tout manichéisme et en tentant cependant de comprendre les mobiles du mal et de la perversion. Inventant un personnage ambigu de fasciste, il pénètre dans le labyrinthe de la genèse de la trahison, du meurtre, de la persécution. Enfin, avec La Ciociara, qu'un autre film rendit populaire (grâce au double génie de Vittorio De Sica son réalisateur et de Sophia Loren qui incarna la protagoniste), Moravia raconte " sa guerre ", dans le sud du Latium, où fuyant avec sa femme Elsa Morante les persécutions raciales, il découvrit tout un monde paysan arriéré, mais aussi généreux. Plutôt que de proposer un récit autobiographique, il modèle un nouveau personnage féminin de femme simple, fuyant avec sa fille, et se heurtant à une tragédie sans visage et sans nom. -
L'écrivain israélien Aharon Appelfeld dit que les romanciers russes, Tolstoï, Dostoïevski, Tchekov, Tourgueniev, savaient aimer leur peuple, leurs douleurs et leurs blessures . Vassili Grossman, romancier russe né en 1905 dans l'une des capitales juives de l'Ukraine et mort à Moscou en 1964, aimait son peuple et sa mère. Son oeuvre rend compte du chant secret de ceux qui, dans la Russie stalinienne, croyaient encore que la liberté, la tendresse, la bonté étaient le pain et l'eau de la vie . La pensée de cet homme, l'un des écrivains majeurs du XXe siècle, seul face à la tragédie totalitaire, dépasse les circonstances. Affrontant les horreurs et les idéologies mortifères de son temps, il parle du grincement combiné des fils de fer barbelés de la taïga sibérienne et du camp d'Auschwitz . Grossman, c'est aussi un destin hors du commun. D'abord chimiste de son état (comme Primo Levi) puis écrivain, il se montre un serviteur docile de l'État soviétique avant de centrer sa création sur le phénomène totalitaire. Son roman, Vie et destin, est saisi par le KGB et Grossman interdit de publication. Il meurt après avoir mis au point une dernière version de Tout passe, son testament spirituel, sans jamais savoir si ces textes seront publiés. C'est bien après sa mort que ses romans seront découverts en Occident.
Ce volume, présenté par Tzvetan Todorov, réunit l'essentiel des écrits de Grossman postérieurs à la mort de Staline, Vie et destin, Tout passe, ainsi que plusieurs nouvelles et des lettres inédites à sa mère et à Nikita Khrouchtchev. La traduction de Vie et destin, véritable Guerre et Paix du XXe siècle, ce chef-d'oeuvre de la littérature mondiale, a été révisée et restituée pour la première fois dans son intégralité, conformément à l'édition russe de 2005. -
Les Parerga et Paralipomena, titre grec qui signifie « Accessoires et Restes », connurent un immense succès en Allemagne à leur parution, en 1851, et furent traduits en France entre 1905 et 1912. Bien qu'ils comptent parmi les textes majeurs d'Arthur Schopenhauer, ils n'ont fait l'objet, depuis, que de parutions marginales. Ils offrent pourtant aux lecteurs de l'auteur du Monde comme volonté et comme représentation un véritable kaléidoscope des grands thèmes traités par le philosophe : l'ennui, le désespoir, la bouffonnerie des comportements humains. Son pessimisme, qui lui fait dire que « la vie est une affaire qui ne couvre pas ses frais », connaît ici de nouveaux développements dans ses articles Sur le suicide ou Le Néant de la vie.
Schopenhauer propose un art de vivre pour remédier à la douloureuse condition humaine, sous la forme de conseils et de recommandations, comme de pratiquer avec prudence la compagnie de femmes. L'Essai qu'il consacre à celles-ci connut un vif succès auprès d'écrivains français tels Maupassant, Zola, Huysmans et tant d'autres dont Schopenhauer a nourri la misogynie.
Évoquant l'influence considérable de la pensée de Schopenhauer sur les créateurs de son temps, Didier Raymond souligne le paradoxe qui veut que son pessimisme ait eu sur beaucoup d'entre eux « les effets bénéfiques d'une libération longtemps attendue. Sa philosophie, écrit-il, confère enfin une certitude au sentiment de désespérance, d'extrême lassitude de l'existence ».
Par sa perspicacité philosophique et sa lucidité psychologique, comme par la clarté et la lisibilité de son écriture, cet ouvrage reste à cet égard un stimulant inépuisable.