Le «problème nord-africain» : c'est ainsi que la police a pris pour habitude de qualifier après-guerre la question des Algériens installés en région parisienne. Théoriquement égaux en droit avec les autres citoyens français, ils étaient cantonnés à certains emplois et quartiers, en butte à une forte emprise policière et objets de nombreux fantasmes touchant à leurs pratiques sexuelles ou délinquantes.
De 1925 à 1945, les Algériens ont été «suivis» par une équipe spécialisée, la Brigade nord-africaine de la préfecture de police. Celle-ci dissoute, les «indigènes» devenus «Français musulmans d'Algérie» sont désormais l'affaire de tous les personnels de police. Au début des années 1950, l'émeute algérienne devient un sujet de préoccupation majeur, exacerbé parla répression féroce de la manifestation du 14 juillet 1953, place de la Nation. Une nouvelle police spécialisée est alors reconstituée avec la Brigade des agressions et violences. Ses objectifs : pénétrer les «milieux nord-africains» et ficher les Algériens.
Entre 1958 et 1962, dans le contexte de la guerre ouverte en Algérie, le répertoire policier se radicalise : il faut désormais «éliminer les indésirables». Rafles, camps d'internement et retours forcés se multiplient. Les brutalités policières deviennent fréquentes, jusqu'à la torture. Le préfet de police Maurice Papon reçoit un «chèque en blanc» pour combattre le FLN. Les massacres d'octobre 1961 incarnent le moment le plus tragique de cette période noire. Les mécanismes en sont éclairés par une étude historique rigoureuse fondée sur des archives et des témoignages inédits.
Emmanuel Blanchard est maître de conférences en science politique à l'Univers de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, chercheur au Centre de recherches socio logiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP). Ses recherches portent sur les polices en situation coloniale et sur la socio-histoire des politiques d'immigration.
Fondée en 1871 par François Polo et Georges Decaux, la Librairie Tallandier est une des Figures de proue de l'édition populaire. D'abord connue sous le nom des «Bureaux de l'Eclipsé», puis de «la Librairie Illustrée», elle ne prend le nom de Tallandier qu'en 1901 et se caractérise par son extrême longévité, malgré les crises et les rachats. Successivement militante et républicaine, spécialisée dans la littérature populaire, puis dans la littérature sentimentale, et finalement dédiée à l'Histoire, elle se transforme au fil du temps et en fonction de la personnalité de ses dirigeants tout en demeurant orientée vers le grand public.
Les auteurs dressent ici le portrait fouillé et nuancé dune maison représentative des mutations de l'édition au XIXe et au XXe siècle. Ils analysent la construction et l'évolution de l'identité de la Librairie Tillandier, s'adaptant à chaque époque au contexte mouvant de l'édition populaire. A l'origine du «Livre de poche» (en 1915) et pionnière dans la publication de bandes dessinées (avec Benjamin Rabier), Tallandier est aussi reconnue pour des collections comme «Le Livre National» (bleu et rouge) et ses romans d'aventures ou sentimentaux. Louis Boussenard, Michel Zévaco, Delly et Magali ont été quelques-uns de ses auteurs vedettes avant que les historiens ne prennent le relais.
Matthieu Letourneux est maître de conférences en littérature française à l'université de Paris-Ouest-Nanterre. Spécialiste des cultures médiatiques et des littératures populaires, il a notamment publié Le Roman d'aventures, 1870-1930 (PULIM, 2010).
Professeur à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Jean-Yves Mollier a publié de nombreux ouvrages de référence sur l'édition française, dont Louis Hachette (Fayard, 1999) et, dernièrement, Edition, presse et pouvoir en France au XXe siècle (Fayard, 2008).
Autobiographie d'un agent secret du Mossad qui infiltra la haute société égyptienne et dont les informations ont pesé lourd dans la balance du premier conflit entre Israël et ses voisins en 1967.
Lorsque le polar se charge des effluves du passé, cela donne le roman policier historique, qui gagne les faveurs du public dès les années 1980 et représente aujourd'hui un secteur phare des littératures policières. De l'Egypte ancienne à un passé proche, il embarque le lecteur dans un autre univers et le plonge dans le mystère.Quelle définition donner du polar historique? En quoi se distingue-t-il de ses frères de fiction qui font appel au passé d'une manière différente : les romans noirs et les romans policiers ésotériques ? Quels sont ses grands thèmes, ses époques de prédilection et ses héros ? Comment des romanciers sont-ils tombés dans le polar historique ? Comment explique-t-on son succès auprès des lecteurs et la relative indifférence qu'il suscite chez les auteurs de polars contemporains et les critiques ? Quels rapports ces romans entretiennent-ils avec l'Histoire des historiens? Voici quelques-unes des questions qu'abordent Jean-Christophe Sarrot et Laurent Broche dans ce premier ouvrage en français consacré au roman policier historique. A travers de multiples exemples et en donnant souvent la parole aux romanciers eux-mêmes - dont certains confient ici leurs secrets de fabrication -, les auteurs font partager leurs bonheurs de lecture et invitent à la découverte d'un nouveau continent littéraire, encore largement méconnu.Jean-Christophe Sarrot anime les sites www.terresdecrivains.com et www.polarhistorique.org. Il est l'auteur de trois ouvrages d'histoire littéraire parus chez Nouveau Monde éditions. Laurent Broche, docteur en histoire, est l'auteur de nombreux articles d'historiographie.
1917. Depuis trois ans, la guerre redouble de cruauté et d'intensité. Personne ne croit plus en l'arrêt des hostilités. Parmi les poilus livrés à la peur, au froid, à la faim et aux rats, certains se mutinent et refusent de partir au combat. D'autres sont accusés de défaitisme et de mutilation volontaire. Après des procès expéditifs, beaucoup sont fusillés «pour l'exemple». Les gradés de l'armée française, quant à eux, n'hésitent pas à tirer dans le dos de leurs soldats pour les contraindre à avancer.
C'est dans ce contexte de sang et d'horreur que le lieutenant Gabriel Levasseur s'oppose à son supérieur hiérarchique et déserte au cours d'un assaut, rejoint par quatre de ses hommes. Pendant quelques jours, ils tenteront de survivre, goûtant à cette liberté si précieuse et si fragile, préférant mourir debout que dans la guerre...
Dominique Legrand a publié de nombreux ouvrages dont Le Point de connexion (éditions Anne Carrière, 2003), Décorum, journal d'Alexandre Davos, assassin (Babel Noir, 2001) et Un amour sous la Terreur (Oskar éditions, 2010).
Héliogabale a toujours exercé sur moi une étrange fascination. Fascination du pire, de la folie, de la démesure, de l'outrance. Et un jour, fatalement, s'est imposée à moi l'envie de raconter le destin de cet être hors du commun. Héliogabale a été profondément haï comme il a été profondément admiré. Il n'admet pas, semble-t-il, de demi-mesure. Il ne suscite que des passions, parfois excessives, à l'image de sa vie.Le livre est écrit. Et je ne sais toujours pas si j'aime Héliogabale ou si je le déteste. Peut-être parce qu'il n'est, en réalité, ni aimable ni détestable. Héliogabale est unique et cela me suffit. C'est le plus beau défi, pour un écrivain, que d'essayer de cerner une telle personnalité, complexe au point d'en être insaisissable.Au delà des anecdotes de son règne bref et scandaleux, au delà du récit de ses frasques puériles, de ses débauches et de ses crimes, j'ai surtout eu envie de rendre compte de la personnalité déroutante et ambiguë de cet enfant-empereur (à quatorze ans, est-on autre chose qu'un enfant ?) devenu, contre son gré, le maître du monde. Certes, on l'a dit et redit : Héliogabale, mieux que nul autre, a incarné la Rome décadente et pourrissante, à travers ses farces macabres, son extravagance, sa cruauté, ses délires sexuels, son goût pour le travestissement et les somptueuses orgies. Mais il était bien plus, il me semble, que le «César fou» ivre de plaisir, décrié par les historiens officiels.Héliogabale était aussi et avant tout un jeune homme à l'imagination hallucinante, somptueux et rebelle, un être tourmenté par une excessive sensibilité et en proie aux plus violents tourments intérieurs. Il a régné en maître absolu, avec une passion absolue. Il a brûlé sa vie à la flamme dévorante d'une volonté et d'un idéal qui ne toléraient aucune limite.J'espère que vous prendrez autant de plaisir à lire ce roman que j'ai eu à l'écrire. Je vous laisse à présent découvrir le règne flamboyant de cet enfant terrible qui, comme le disait si bien Flaubert, mêlait «du sang à ses roses»...Emma Locatelli.Professeur, passionnée d'histoire ancienne, Emma Locatelli partage son temps entre l'enseignement et l'écriture. Elle signe ici son premier roman historique.
Au XIXe siècle, le répertoire dramatique français a connu un extraordinaire succès dans le monde entier, de la même façon que le cinéma américain domine de nos jours les écrans des cinq continents. Jouées en français ou traduites, les pièces françaises ont été applaudies sous toutes les latitudes, au point qu'on a pu écrire, en 1856, que «l'imagination de la France» était devenue «l'imagination du monde».
C'est cette page méconnue de l'histoire des relations culturelles internationales que les vingt-neuf études rassemblées ici entendent retracer. De l'Australie au Québec, de Naples à New York, le présent ouvrage permet de comprendre les différentes formes prises par cette suprématie qui, loin d'être anecdotique, a rendu possible la diffusion des idées et des moeurs françaises. A l'heure de «l'exception culturelle», il n'est pas inutile de se souvenir de ce qui fut un véritable «phénomène de société» à l'échelle mondiale.
Jean-Claude Yon est directeur adjoint du Centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaines (CHCSC) de l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Spécialiste de l'histoire culturelle du XIXe siècle, il a notamment publié des ouvrages sur Scribe et sur Offenbach. Ses recherches portent sur l'histoire du théâtre dramatique et lyrique du XIXe siècle et plus spécialement sur les théâtres parisiens.
Jean-Claude Yon est directeur adjoint du Centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaines (CHCSC) de l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Spécialiste de l'histoire culturelle du XIXe siècle, il a notamment publié des ouvrages sur Scribe et sur Offenbach. Ses recherches portent sur l'histoire du théâtre dramatique et lyrique du me siècle et plus spécialement sur les théâtres parisiens.