Sans tabou ni a priori idéologiques, Stéphane Amar décrypte l'« exception israélienne », qui dérange autant qu'elle fascine. Nationaliste quand l'Occident tourne le dos au nationalisme, colonisateur quand l'Europe décolonise, religieux quand le Vieux Continent se déchristianise... depuis sa création, Israël est un pays à part, à contre-courant dans tous les domaines. Parti de rien, son peuple a bâti en moins d'un siècle un État puissant, craint et respecté, à la santé économique insolente. Revers de la médaille?: son expansionnisme lui coûte un prix exorbitant en termes d'image, fracturant de plus en plus la société et rendant le conflit israélo-palestinien insoluble. Jusqu'où va et peut aller Israël ? Pour comprendre ce qui s'y joue vraiment, Stéphane Amar convoque Theodor Herzl et David Ben Gourion, analyse la politique d'immigration et nous dévoile les plans des architectes de la colonisation et des exaltés du troisième Temple de Jérusalem. Entre moments clés de l'Histoire et actualité brûlante, il signe une enquête au plus près de la réalité de cet État si controversé.
Alors que 2023 commémore le centenaire de la fondation de la République de Turquie, le géopoliticien Ardan Amir-Aslani analyse les enjeux et défis qui attendent la Turquie contemporaine, en retraçant ses évolutions de la révolution d'Atatürk jusqu'aux réformes autoritaires d'Erdogan.
Devenu Premier ministre en 2003, élu président en 2014, Recep Tayyip Erdogan a dépassé la longévité au pouvoir d'Atatürk. Son projet civilisationnel n'a pas changé. Il s'est même crispé et tient en trois mots : califat, néo-ottomanisme, pantouranisme. Son parti, l'AKP, s'est ouvert à l'Europe tout en rejetant ses valeurs, pour se concentrer sur la redéfinition du nationalisme turc, en rupture avec le sécularisme kémaliste.
Le pari d'Erdogan : devenir le « nouveau père » d'une nation phare de l'islam sunnite, reconnectée avec ses racines asiatiques et sa gloire impériale. Fût-ce au détriment des minorités kurde et arménienne, et au risque de fracturer une société partagée entre modernité et tradition, modes de vie occidental et oriental.
En dépit de l'agenda islamo-conservateur de ce président autoritaire qui se rêve sultan et de ses attaques contre le fait démocratique, la Turquie - urbaine, multiculturelle, ouverte à la mondialisation - demeure le pays le plus occidentalisé du monde musulman.
Sa diplomatie du chantage, son agressivité militaire dans son ancienne sphère d'influence, de la Libye au Caucase, auront-ils raison de la patience de ses alliés et de ses voisins ? Précarisés par une crise économique sans précédent, les Turcs oseront-ils rompre avec l'hégémonie d'un parti et d'une idéologie à court d'arguments et qui n'ont pas su améliorer leurs conditions de vie ?
Autant d'enjeux ici étudiés au regard de l'Histoire, des défis énergétiques et de la géopolitique d'une Turquie au bord de l'explosion, un siècle après la fondation de la République par Mustafa Kemal.
«Nous les avons accueillis avec sympathie, un brin amusés par leur accoutrement folklorique, leur bigoterie empressée, leurs manières doucereuses et leurs discours pleins de magie et de tonnerre, ils faisaient spectacle dans l'Algérie de cette époque, socialiste, révolutionnaire, tiers-mondiste, matérialiste jusqu'au bout des ongles, que partout dans le monde progressiste on appelait avec admiration «la Mecque des révolutionnaires». Quelques années plus tard, nous découvrîmes presque à l'improviste que cet islamisme qui nous paraissait si pauvrement insignifiant s'était répandu dans tout le pays».
Après avoir brossé un tableau d'ensemble des courants musulmans, Boualem Sansal s'interroge sur les acteurs de la propagation de l'islamisme : les États prosélytes, les élites opportunistes, les intellectuels silencieux, les universités, les médias, «la rue arabe»... Il questionne aussi l'échec de l'intégration dans les pays d'accueil des émigrés.
Ainsi, l'islamisme arabe tend à s'imposer, mal évalué par les pouvoirs occidentaux qui lui opposent des réponses inappropriées, tandis que les femmes et les jeunes, ses principales victimes, sont de plus en plus à sa merci.
Boualem Sansal, devenu l'une des grandes voix de la littérature algérienne, propose une synthèse engagée, précise, documentée, sans pour autant abandonner les prises de position humanistes intransigeantes qui, au fil de ses romans, l'ont amené à dénoncer à la fois le pouvoir militaire algérien et le totalitarisme islamiste.
Depuis le 22 février 2019, chaque vendredi, les Algériens descendent dans les rues, parfois par millions, pour réclamer le départ du régime en place depuis l'indépendance : « Qu'ils dégagent tous ! », « Les généraux à la poubelle ». Un mouvement, appelé « hirak » en arabe, d'une ampleur inédite dans l'histoire du monde contemporain : on n'a jamais vu la majorité de la population opprimée d'un pays manifester ainsi pacifiquement dans les rues de ses villes pendant des mois pour exiger une authentique démocratie.
Ce livre tente de rendre compte de cette extraordinaire ébullition, qui a sidéré tous les observateurs. Il réunit les contributions de journalistes et professionnels algériens qui ont suivi sur place le mouvement au jour le jour, ainsi que celles de spécialistes, algériens et français, qui observent l'actualité du pays depuis des décennies. D'où l'intérêt de ce livre sans équivalent, qui montre d'abord comment les slogans exprimés de mille manières dans les manifestations du hirak ont révélé la remarquable lucidité du peuple sur la nature du régime. Ils expriment sans détours que, depuis les années 1980, celui-ci est dirigé par l'équivalent d'une coupole mafieuse, principalement composée par les chefs de l'armée et de la police politique, réunis autour du partage des circuits de corruption. Une coupole qui se cache derrière une façade politique civile constituant une fausse démocratie à base de ministres et de partis, « laïques » ou « islamiques », sans aucune autonomie réelle.
Après avoir rappelé les évolutions récentes de ce régime, qui permettent de comprendre les origines profondes du soulèvement, les auteurs rendent compte en détail de ses multiples facettes, comme l'inventivité et l'humour des manifestant.e.s, la place essentielle des jeunes et des femmes ou la revendication centrale d'une « seconde libération », celle du peuple après celle du pays en 1962. Mais aussi la mobilisation spécifique des étudiant.e.s, sans négliger le rôle de la presse et des réseaux sociaux, ni les réactions à la répression exercée par les forces de sécurité.
En se concluant par une série de révélations sur les effets du hirak au sein du pouvoir (règlements de comptes à la tête de l'armée et de la police politique, arrestations d'oligarques liés aux réseaux de corruption de certains clans...), ainsi que sur les réactions des grandes puissances, cet ouvrage très accessible apporte des clés essentielles pour comprendre l'un des plus puissants mouvements sociaux de l'histoire moderne.
Jusqu'à une époque récente, le pouvoir israélien avait choisi de ne pas évoquer le boycott pour ne pas lui donner de publicité, mais les progrès du mouvement BDS, et en particulier du boycott culturel et universitaire, ont changé la donne : il est devenu dans le discours officiel une « menace stratégique de premier ordre ». De fait, ce boycott est un pavé lancé dans la vitrine d'un État qui se présente comme occidental-libéral, démocratique et critique.
Pour contrer cette menace, dans un premier temps la propagande israélienne était fondée sur l'explication (hasbara en hébreu) : montrer « à quel point nous sommes bons et ceux qui nous attaquent sont méchants ». Mais avec les opérations menées à Gaza en 2008 et 2014, l'image d'Israël s'est encore détériorée. Le pouvoir israélien a alors changé de stratégie et remplacé l'explication par le marketing. Il s'agit désormais de promouvoir le pays comme une marque (Brand Israël), de supprimer toute référence au conflit avec les Palestiniens, de vanter les atouts d'Israël, son économie solide, son mode de vie vibrant, sa culture. Une organisation gouvernementale est créée pour ce but, dotée de millions de dollars annuels.
Cette opération de marketing se double d'une offensive universitaires civiles, depuis la prestigieuse université de Tel-Aviv jusqu'à l'institut Technion, où ont été conçus le bulldozer D9, télécommandé pour la destruction de maisons et la technologie des drones de renseignement. Dans les conseils d'administration et parmi les enseignants, on compte une grande proportion d'anciens militaires de haut grade et de représentants de l'industrie militaire. L'université n'a jamais protesté contre le blocage et la fermeture des universités palestiniennes dans les territoires occupés, ni contre les crimes commis lors des expéditions militaires à Gaza. Les rares voix discordantes sont muselées, et les dissidents sont souvent amenés à s'exiler.
La littérature et le cinéma israéliens sont eux aussi utilisés comme des armes stratégiques. Au lendemain de l'opération Plomb durci à Gaza, le ministre des Affaires étrangères déclarait : « Nous allons envoyer à l'étranger des romanciers connus, des compagnies théâtrales, des expositions, pour montrer un plus joli visage d'Israël, pour ne plus être perçus dans un contexte de guerre ».
Quant à la « gauche sioniste », (ou « camp de la paix »), elle proclame que la société israélienne glisse vers le désastre, refusant d'admettre que le désastre est déjà là. Ses prudentes circonlocutions en font, selon les mots de Sivan et Laborie, « les garde-frontières de la critique légitime », la caution morale de l'inacceptable.
Le boycott intellectuel et universitaire est donc plus que légitime. C'est un outil essentiel pour celles et ceux qui souhaitent voir un jour les juifs israéliens pleinement intégrés et réconciliés avec le Moyen Orient.
Juridique menée dans le monde entier pour délégitimer et censurer les voix qui appellent au boycott, et singulièrement au boycott culturel et universitaire. En France, cette offensive est d'une intensité particulière, d'où une sorte d'« exception française » : notre pays est le seul (avec Israël, depuis peu) à considérer l'appel au boycott comme un délit - la Cour de cassation l'a récemment confirmé à deux reprises, au moment où les gouvernements néerlandais et irlandais affirmaient explicitement qu'un tel appel relevait de la liberté d'expression.
Le prestige international de l'université israélienne est un point essentiel de la hasbara. Sivan et Laborie montrent que cette université doit sa richesse et son efficacité à sa relation plus qu'étroite avec l'armée. L'essentiel de la recherche et développement de l'armée est réalisé par des institutions
Cet ouvrage expose les multiples facettes de la pensée politique arabe depuis le XIXe siècle, attestant la vitalité de cette pensée et des grandes controverses qui l'ont traversée. Il montre que ses acteurs, loin d'être figés dans le carcan théologico-politique décrit par certains récits canoniques sur les Arabes et l'islam, ont souvent exprimé une pensée critique forte, sur les plans religieux et philosophique, anthropologique et politique.
Inscrivant l'oeuvre de ces penseurs dans le maelström des bouleversements géopolitiques et socioéconomiques ayant marqué le monde arabe depuis deux siècles, Georges Corm explique comment les puissances externes ont contribué à marginaliser la pensée critique arabe. Cela a facilité l'installation hégémonique de la pensée islamiste, instrumentalisée par certains régimes arabes comme par leurs protecteurs occidentaux. En retraçant finement les avatars successifs du nationalisme arabe moderniste, confronté à partir des années 1950 au double défi de la création de l'État d'Israël et de la manne pétrolière, Georges Corm donne les clés pour comprendre les révoltes libertaires arabes de 2011, ainsi que les contrerévolutions et interventions externes qui les ont suivies.
Un guide précieux pour se familiariser avec la complexité de la pensée arabe.
En mars 2011, en pleine vague des Printemps arabes, des enfants d'un village du sud de la Syrie inscrivent un graffiti sur le mur de leur école. Leur arrestation par les services du gouvernement syrien et les sévices qu'ils subissent vont être le déclencheur de la révolution syrienne, initialement pacifique. À partir de l'été 2011, cette révolution prend les traits d'une insurrection armée. En avril 2012, Kofi Annan parvient à négocier un accord de cessez-le- feu, qui se traduit par le déploiement dans l'urgence d'une mission de 300 observateurs des Nations-unies. Ce cessez-le-feu s'effondrera quelque temps après, tandis que le pays basculera dans la guerre civile. Énora Chame raconte cette mission à haut risque à laquelle elle participe comme volontaire (elle est le seul officier français sélectionné), une des plus violentes missions qu'aient dû accomplir des observateurs désarmés. Au coeur des katibas (unité de combattants) des rebelles, de l'armée syrienne, des foules parfois hostiles, des prisons ou des hôpitaux, elle oeuvre pour connaître la vérité, malgré l'étroite surveillance de la police politique et les manipulations du régime ou des rebelles. Les dangers sont multiples : tirs, explosions, et surtout implication croissante d'Al-Qaida. Son convoi tombé dans une embuscade, elle parvient à éviter la mort promise par un groupe djihadiste avec l'aide de ses camarades. Un récit limpide, hallucinant, au style à la fois clinique et apocalyptique, qui permet de mieux comprendre l'origine du conflit syrien. Mais surtout, un hommage vibrant à la Syrie et à son peuple.
Une approche sociologique de la gauche israélienne. L'auteur analyse leurs positions et avance des explications à leur déclin.
«Une expérience beaucoup plus cruelle que celle du colonialisme nous attend, celle de la guerre impitoyable avec notre vie sauvage.
Ce qui n'avait pas été assimilé par la domination coloniale ne l'a pas été par la modernité nationale, ni par la Révolution, ni par la démocratie. L'islamisme armé vient nous rappeler que le travail ne fait que commencer, et qu'en réalité, nous l'avons esquivé.» Hélé Béji La Révolution tunisienne de 2011, née du sentiment de dignité et de justice d'un peuple, fut celle de la spontanéité. Elle a aussi ouvert une voie alternative à l'ingérence démocratique occidentale, aux accents de nouvelle croisade, qui n'a fait que raviver dramatiquement l'islamisme radical. Mais qu'a fait la Tunisie de ce grand moment de son histoire ? Neuf ans après, au coeur d'une crise politique et sociale aiguë, Hélé Béji dresse le constat d'un échec, qui dépasse les frontières de la seule Tunisie. Comment sortir de cette dépression politique, si ce n'est par la constitution d'une société qui, trouvant en elle-même une réponse à l'obscurantisme, restaure la dignité de l'homme ?
Au pouvoir depuis 2003, tour à tour premier ministre, puis président de la République, Recep Tayyip Erdogan incarne les réussites et les dérives de son pays. Charismatique et despotique, il écrase la scène politique et monopolise le débat public, il défend un modèle turc à son image et ambitionne de devenir le leader du monde musulman. Guillaume Perrier, journaliste et auteur, ancien correspondant en Turquie («Le Monde», Europe1, «Le Point») a couvert l'actualité turque pendant une dizaine d'années.
Trump peut se contenter de traiter Bachar al-Assad d'animal, mais il ne fallait pas moins de deux auteurs, tous syriens, emmenés par Farouk Mardam-Bey, pour analyser avec sérieux, ce qui ne veut pas dire sans indignation, le parcours "intellectuel" du tyran génocidaire soutenu par Poutine et les ayatollahs iraniens.
Un livre de plus ? Non.
Ce livre concerne les ressorts et les formes de l'action politique - les modes de construction de l'Etat et les dynamiques de mobilisation des acteurs- au Proche-Orient. Il traite du poids des structures et du mouvement de l'historicité dans le long XXe siècle. Les moments de récit alternent avec les plages d'analyse, l'histoire politique avec l'analyse structurale. Le projet ne prétend nullement à l'exhaustivité. Il opère des choix de pays, de périodes, de thématiques et propose des questions nouvelles sans prétendre apporter de réponses.
Notre monde a abandonné la Syrie et son peuple à une horreur inimaginable. Et cette horreur ne semble nous toucher que par ses « effets collatéraux », les attaques terroristes menées sur notre sol.
Pour qu'une telle indifférence soit devenue possible, il a fallu occulter tout ce qui dans l'histoire de la Syrie résonne dans notre propre mémoire. Il n'en est que plus urgent de renouer le lien avec la part de l'histoire universelle qui s'est déroulée là-bas. Qu'on le veuille non, Damas nous tend aujourd'hui son miroir.
Dans ce livre alerte, inspiré, Jean-Pierre Filiu revisite en Syrie un passé aussi intimement mêlé au nôtre. Il évoque des figures que l'on croit familières, saint Paul, Saladin ou Abdelkader, et nous en fait découvrir bien d'autres, du « chemin de Damas » à l'« Orient compliqué ».
La descente aux enfers de la Syrie, de ses femmes et de ses hommes, n'est ni une affaire d'Arabes, ni le solde de querelles immémoriales. Elle est épouvantablement moderne, car les bourreaux de ce temps, qu'ils soient jihadistes ou pro-Assad, n'invoquent un glorieux passé qu'à l'aune de leur projet totalitaire.
Nous avons tous en nous une part de Syrie. Dans le miroir de Damas, nous comprenons mieux ce que notre monde est en train de devenir.
Le discours que prononça Nasser le 26 juillet 1956 est historique à plus d'un titre.
À nous lecteurs de ce début de XXIe siècle, le chef de l'État égyptien montre que la civilisation arabomusulmane libérée du colonialisme ottoman puis occidental, désormais fi xée vers des perspectives meilleures, ne peut se résumer en une soumission à une pratique religieuse, comme trop souvent l'Occident le ressent.
L'action de Nasser modernise l'identité arabe et peut se lire comme une tentative de réforme de l'islam.
À cette époque, Nasser parle, Oum Kalsoum chante, et les grandes puissances s'agitent.
Un livre qui est à la fois un parcours de vie, un témoignage et un appel à la résistance, signé par une opposante de la première heure à toutes les formes d'oppression qui s'opposent à la démocratie en Algérie.
« Femme, journaliste, réalisatrice et militante, actrice et témoin privilégiée, je choisis désormais d'écrire et d'apporter ma contribution à une histoire vivante en puisant dans nos luttes, notre résistance », écrit Horria Saïhi. « Je dis et décris l'arbitraire du pouvoir avec ses lots d'enlèvements, de séquestrations, de tortures, d'assignations à résidence, d'emprisonnements, de révoltes d'étudiants, de lycéens ou de paysans, la censure et l'interdit, la contestation, la solidarité, la montée de l'islamisme politique, la riposte pacifique ou armée, l'engagement des femmes. J'évoque mon pays avec mes mots, mes connaissances et mon engagement. Je le raconte tel que je l'ai perçu, tel que je l'ai ressenti au travers de mes rencontres avec Kateb Yacine, les ouvrières de Sidi Bel Abbès, les paysannes de Zrizer, mes camarades du PAGS, d'Ettahadi-Taffat, du MDS, des Patriotes, des Groupes de légitime défense, des militaires, des artificiers, des familles de victimes du terrorisme, des militantes républicaines, mes collègues de la télévision... » Pour redonner vie à ce passé tragique qu'elle fait défiler sous nos yeux des années de l'après-Indépendance à nos jours, Horria Saïhi s'est attachée à recueillir la parole de femmes et d'hommes qui ont comme elle vécu, subi, résisté ou fui tout ce que l'Algérie n'a pu ou su offrir à son peuple. Enseignant, universitaire, journaliste, haut fonctionnaire, cadre d'une entreprise d'Etat, soldat ou haut gradé en service pendant la décennie noire, et encore ouvrier agricole ou simple militant : leurs récits entrecoupés de silences, de rires et de larmes esquissent le terrible tableau d'une souffrance multiforme, toujours aiguë et trop longtemps tue.
Guidé par ses principes philosophiques et valeurs morales, Daniel Salvatore Schiffer a décidé de recueillir dans le présent ouvrage la majeure partie de ses textes, dédiés au nom de la liberté, sans laquelle il n'est d'humanisme ni de démocratie.
Ce livre est par ailleurs considéré par les Afghans eux-mêmes comme le premier de leur Résistance.
Pour autant, le bilan de ce long règne est ambivalent. Les avancées sur le front de la démocratisation ont progressivement laissé place à un autoritarisme rampant et à une politique de réislamisation de la société. L'armée turque a perdu son rôle de tutelle du régime, au prix de procès politiques fortement entachés d'irrégularités. Les négociations avec l'UE piétinent, malgré l'accord conclu sur les réfugiés syriens. Des pas courageux pour la résolution du problème kurde ont été remplacés par une nouvelle offensive répressive, qui s'est étendue à l'ensemble des revendications démocratiques et a peu à peu révélé le visage autoritaire du pouvoir et sa volonté de mise en place d'un régime présidentiel fort, clairement revendiquée.
Dans cet essai documenté, Ahmet Insel éclaire sur les facteurs d'ascension de l'AKP, la stratégie politique et la persistance des succès électoraux d'Erdogan malgré les affaires de corruption et la lutte avec la communauté Gülen. Il montre ainsi que la société turque est constamment tiraillée entre culpabilités refoulées et désir de libération, entre peur de perdre son identité socio-historique et volonté d'être pleinement dans le monde moderne.
Une trentaine de chroniques écrites pour la presse européenne entre 1983 et 2018, évoquant la politique intérieure turque, des violences d'Etat à la censure en passant par la négation des minorités ou l'islamisation.
Dans un précédent livre, Michel Warschawski dressait le portrait du conducteur d'un bulldozer fonçant sur des maisons palestiniennes. « Cette figure, écrit Jean Ziegler dans sa préface, a valeur de parabole. Pareil au conducteur du bulldozer, coupé de la réalité, ignorant la souffrance de ses victimes, aveugle et inconscient des conséquences de ses actes, le présent gouvernement israélien d'ex- trême droite fonce à tombeau ouvert vers sa propre destruction. » Michel Warschawski, ajoute Jean Ziegler, « compare les migrations vers l'Amérique des Irlandais affamés et des pauvres du sud de l'Italie à celle vers la Palestine des Juifs atteints dans leur existence, mais dénie toute légitimité à l'État juif colonial qui opprime depuis lors - et toujours plus agressivement - les Palestiniens ».
L'installation à Jérusalem, « définitivement » annexée, de l'ambassade des États-Unis, la féroce répression de la « marche du retour », la poursuite accélérée de la colonisation, le vote de la Loi fondamentale faisant d'Is- raël l'État de la nation juive sont autant de signaux d'alarme.
C'est ce moment que choisit Michel War- schawski, pour dire que l'évolution du ré- gime israélien est non seulement une me- nace permanente contre les Palestiniens mais aussi une dangereuse impasse pour le peuple juif-israélien, et qu'il est temps de faire retraite.
Depuis la révolution islamique de 1979, les Iraniens ont traversé des épreuves dramatiques. Ils sont épuisés - et souvent révoltés - par les contraintes qui leur sont imposées à l'intérieur comme à l'extérieur de leurs frontières, mais l'Iran est un pays émergent et une nation résiliente, toujours dynamique et créatrice. Une nouvelle classe moyenne d'origine populaire, disposant d'une solide formation, est en train d'émerger, sans renier son héritage islamique et national, dans un pays ou interagissent nation, islam et mondialisation.
Retraçant l'histoire de cette démocratie depuis la création de l'État aux années Netanyahu, Samy Cohen montre qu'Israël ne fut jamais une démocratie libérale, mais hybride, fragile et fragmentée.
L'abondante littérature qui analyse les dérives populistes dans le monde laisse curieusement de côté Israël, où elles sont pourtant patentes. À plusieurs reprises au cours des douze dernières années, cette démocratie s'est trouvée au bord du gouffre.
Retraçant la trajectoire de la « seule démocratie du Proche-Orient », de sa naissance aux années Netanyahu, Samy Cohen montre combien elle est hybride, fragile et fragmentée. La société a éclaté en deux camps. L'un, attaché aux valeurs libérales, est prêt à des compromis avec les Palestiniens, quand l'autre, sensible aux sirènes nationalistes et religieuses, reste indifférent à l'État de droit.
Qui l'emportera ? C'est l'avenir de la démocratie israélienne qui est en jeu.
Nous sommes le 23 juillet 2014, à Gaza, dans la maison du beau-père de l'auteur palestinien Atef Abou Saef où vivent désormais 14 personnes de la famille dans seulement 2 pièces. Une explosion terrifiante se fait soudain entendre. Personne ne peut s'habituer à la peur que la prochaine frappe plus près encore. « La pooooooorte ! » crie Jaffa, la fille de 19 mois d'Abou Saef. En effet, personne n'a su lui expliquer l'horrible réalité du bruit terrorisant des explosions. Dans son essai, Léopold Lambert relate les politiques israéliennes du « Bulldozer » : en référence au surnom du général Ariel Sharon - ministre pendant 12 ans entre 1981 et 1999 et Premier ministre entre 2001 et 2006 -, ainsi qu'à la version militarisée du Caterpillar D9 en appliquant la doctrine.
D'où vient le mot Afrique ? Que signifie cette appellation pour celles et ceux qui parlent au nom de l'Afrique ? Bousculée par l'Histoire et la géologie, morcelée par les langues, les groupes humains, les références identitaires, sociales, culturelles et cultuelles, chahutée par les conflits endogènes et dépouillée par les convoitises de puissances externes, l'Afrique peut-elle aspirer à autre chose qu'à l'apitoiement ? Les vingt-et-un auteurs réunis dans cet ouvrage réfutent l'historiographie du fatalisme qui laisse accroire qu'une malédiction se serait abattue sur l'Afrique au point de la rendre politiquement ingouvernable et philosophiquement rétive à toute entreprise de remembrement.
Alors qu'il existe plusieurs atlas de l'Égypte ancienne, aucun atlas de l'Égypte contemporaine n'avait encore été publié. Cet ouvrage vient donc combler un vide, en offrant au grand public un panorama illustré de l'Égypte au début du XXIe siècle.
Réunissant les contributions d'une cinquantaine de chercheur.e.s, il présente, sous une forme cartographiée et vulgarisée, les faits saillants et les enjeux de l'Égypte actuelle en matière politique, géopolitique, économique, démographique, sociale, environnementale et culturelle. Il s'appuie, à cette fin, sur des ressources documentaires inédites : les cartes notamment, qui exploitent les résultats du recensement officiel égyptien de 2017, offrent une version actualisée du territoire.
Pour mieux connaître et comprendre l'Égypte d'aujourd'hui.