Que fait-on quand on regarde une peinture ? À quoi pense-t-on ? Qu'imagine-t-on ? Comment dire, comment se dire à soi-même ce que l'on voit ou devine ? Et comment l'historien d'art peut-il interpréter sérieusement ce qu'il voit un peu, beaucoup, pasionnément ou pas du tout ?
En six courtes fictions narratives qui se présentent comme autant d'enquêtes sur des évidences du visible, de Velázquez à Titien, de Bruegel à Tintoret, Daniel Arasse propose des aventures du regard. Un seul point commun entre les tableaux envisagés : la peinture y révèle sa puissance en nous éblouissant, en démontrant que nous ne voyons rien de ce qu'elle nous montre. On n'y voit rien ! Mais ce rien, ce n'est pas rien.
Écrit par un des historiens d'art les plus brillants d'aujourd'hui, ce livre adopte un ton vif, libre et drôle pour aborder le savoir sans fin que la peinture nous délivre à travers les siècles.
QUI DIT «JE» EN MOI? Vous êtes-vous déjà surpris à réciter des phrases dans votre tête ou à entonner des musiques sans produire de son? Derrière cette «petite voix» si familière se cache le phénomène étonnamment riche du langage intérieur. Qu'est-ce que la parole intérieure? Grâce à quel mécanisme arrive-t-on à l'entendre, et est-on tous égaux face à elle? À quoi sert-elle, au juste? Et que se passe-t-il quand notre petite voix déraille et devient obsédante, quand elle semble contrôlée par des forces extérieures?Hélène Loevenbruck décortique les rouages de la parole intérieure, également appelée «endophasie», et révèle le rôle qu'elle joue dans la pensée et dans la construction de notre identité.Nourrie de plusieurs années de recherche, sa réflexion sensible se déploie sous la forme d'un monologue intérieur, éclairé d'extraits d'oeuvres littéraires. Le fil de son discours s'entrelace avec un second monologue illustrant nos vagabondages mentaux. Tout au long de ce double flux de conscience, les lecteurs sont eux-mêmes engagés dans des expériences intérieures et découvrent les facettes insoupçonnées de ce langage silencieux.
Qui irait soupçonner que mener une vie de bâton de chaise, sous son apparence bon enfant, cache probablement une gauloiserie des plus vertes ? Ou qu'avoir la puce à l'oreille eut pendant des siècles un sens uniquement érotique ? Que casser la graine est parti d'une plaisanterie de vignerons, que le rapprochement des vessies et des lanternes (qu'il ne faut pas confondre !) remonte à l'époque romaine ?
L'histoire des expressions est une véritable boîte à surprises. Après vingt-cinq années de recherches et de publications diverses sur le sujet - parmi les plus récentes dans la rubrique « Le plaisir des mots » du Figaro -, Claude Duneton, auteur du Bouquet des expressions imagées, dévoile ici les doubles fonds des images qui parlent.
J'ai décidé de faire parler des femmes, de les faire parler de leur vagin, de faire des interviews de vagins..., et c'est devenu ces Monologues... Au début, ces femmes étaient un peu timides, elles avaient du mal à parler. Mais une fois lancées, on ne pouvait plus les arrêter. Les femmes adorent parler de leur vagin.
Depuis sa parution aux États-Unis en 1998, Les Monologues du vagin a déclenché un véritable phénomène culturel : rarement pièce de théâtre aura été jouée tant de fois, en tant de lieux différents, devant des publics si divers... Mais que sont donc ces Monologues dans lesquels toutes les femmes se reconnaissent? Il s'agit ni plus ni moins de la célébration touchante et drôle du dernier des tabous : celui de la sexualité féminine. Malicieux et impertinent, tendre et subtil, le chef-d'oeuvre d'Eve Ensler donne la parole aux femmes, à leurs fantasmes et craintes les plus intimes. Qui lit ce texte ne regarde plus le corps d'une femme de la même manière. Qui lit ce texte ne pense plus au sexe de la même manière.
Né en Lituanie, dan sune famille juive de Wilno, Romain Kacew émigre sur la Côte d'Azur à l'âge de quatorze ans. En juillet 1940, rejoignant au péril de sa vie Londres et le général de Gaulle, il combat en héros dans les forces aériennes de la France libre. Sur ses origines juives, sa jeunesse et ses exploits au cours de la guerre, Gary ne cessera de réinventer une réalité-fiction qui est à la source de son oeuvre.
À mesure qu'il crée sa propre légende, devenant un écrivain célèbre avec Éducation européenne et Les Racines du ciel, Gary cherche à échapper à son propre personnages en usant de pseudonymes. Multiplier les masques, telle est alors l'obsession de ce séducteur aux mille visages, consul de France à Los Angeles et mari de l'écrivain Lesley Blanch puis de l'actrice Jean Seberg. Poussant jusqu'au bout ce désir de s'auto-engendrer, Gary invente Émile Ajar, un écrivain fictif «personnifié» par son cousin Paul Pavlowitch et obtient une deuxième fois le prix Goncourt en 1975 pour La Vie devant soi. Après cette ultime mystification, Romain Gary se suicide en 1980.
Explorer la vie réelle d'un personnage aussi doué pour l'affabulation créatrice, tel fut le pari de Myriam Anissimov. C'est en se fondant sur de nombreux témoignages, entretiens et documents inédits à Wilno, Londres, Paris et New York, en dépouillant les archives personnelles de l'écrivain et de ses proches, qu'elle a mené à bien cette enquête magistrale sur l'un des grands écrivains du XXe siècle.
Au contadour (en 1937, pierre magnan a quinze ans), quand giono, lucien ou fluchère ne nous font pas la lecture, la grosse question est de savoir ce qu'on fera en cas de guerre : renvoyer son fascicule de mobilisation, résister aux gendarmes, faire un fort chabrol de la paix, se laisser fusiller sur place et pour les femmes se coucher sur les rails dans les gares.
Je n'entendrai jamais giono, ni ici ni ailleurs, prendre parti dans ce débat autrement qu'en s'engageant personnellement. jamais il ne donnera de directives à quiconque. " marchez seul. que votre clarté vous suffise " - " je n'écris pas pour qu'on me suive. j'écris pour que chacun fasse son compte en soi ".
Ce n'est pas une hagiographie de giono que propose magnan mais un récit minutieux de leurs rencontres quasi quotidiennes pendant tant d'années, à manosque.
C'est aussi un double portrait, du maître dont l'adolescent s'émerveille, et de l'apprenti qui tait jalousement que lui aussi rêve d'écriture.
Avez-vous peur de mourir dans votre sommeil, enseveli sous l'écroulement de votre bibliothèque ? L'accumulation de livres ce met-elle pas en danger l'existence même de votre famille ? Classez-vous les volumes par thème, langue, auteur, date de parution, format, ou selon un autre critère de vous seul connu ? Peut-on faire voisiner sur une étagère deux auteurs irrémédiablement brouillés dans la vie ? Autant de graves questions se posant à cette espèce en voie de disparition : les bibliomanes, qui, outre la passion de posséder les livres, ont celle de les lire.
«C'est la lettre d'une mère à son enfant qui n'existe pas. Une lettre d'une femme qui se demande quelle mère elle aurait été. Une lettre de questionnement, une lettre d'explication, une lettre de justification, une lettre de séparation, une lettre d'amour. C'est aussi la lettre à elle-même d'une femme qui n'est que femme et qui finit par comprendre que c'est déjà ça.» Delphine Apiou n'est pas mère et en a souffert. Un regret qu'elle a apprivoisé, avec lequel elle a appris à vivre et surtout qui ne l'empêche pas d'être une femme accomplie... La lettre qu'elle écrit à l'enfant qu'elle n'a pas eu est bouleversante, drôle, pleine de vie, tellement humaine. Universelle.
Partout sur la planète, on vante les charmes de Paris. Mais le Parisien a mauvaise réputation. L'homo parisianus, assurent ses visiteurs, est arrogant et hargneux, à l'instar des garçons de café et des chauffeurs de taxi. Jusqu'au concierge du Ritz qui semblait prendre de haut ceux qui ont eu la chance de pouvoir le fréquenter. En France même, le qualificatif de Parisien devient facilement une injure dès que l'on franchit le périphérique.
A Marseille, c'est la suprême insulte. Dans les campings de Palavas-les-Flots, il désigne le vantard qui prétend être copain de bistrot de telle ou telle célébrité. Voilà pourquoi même celui qui a toujours vécu intra-muros ne pourra s'empêcher, tout en se félicitant d'être un vrai Parisien, de renier régulièrement son appartenance à ce microcosme honni. Il invoquera volontiers ses racines provinciales, gage d'authenticité...
Il n'est pas si étonnant que le Parisien suscite autant d'animosité. II vit dans un minuscule îlot où se concentre l'essentiel des pouvoirs. il a à sa disposition la plus fabuleuse concentration de musées au monde, les universités et les écoles les plus prestigieuses, d'innombrables salles de spectacle. Et autour de lui la capitale historique des libertins. Vu le prix de l'immobilier, on le soupçonne vite d'être un nanti.
Il cumule tant de vrais ou faux privilèges qu'on est vite porté à lui attribuer tous les défauts. Mais qui sont-ils vraiment, ces Parisiens dont on parle tant ? Louis-Bernard Robitaille, correspondant à Paris d'un grand quotidien nord-américain, les a observés pendant près de quatre décennies. Il a croisé beaucoup d'artistes, d'écrivains, de personnalités politiques, parfois des sportifs, jadis ces inimitables concierges hélas disparues, bien sûr une multitude de serveurs et autres coursiers.
Mais aussi toutes sortes de Parisiens moins emblématiques et pas moins dignes d'être croqués. Sans compter tous les fantômes si présents des puissants ou des hommes du monde des arts et lettres qui ont marqué autrefois l'histoire et la vie culturelle de la capitale. Le portrait du Parisien et de sa ville qu'il nous propose en une vingtaine de chapitres est savoureux, à l'occasion même savant, souvent très drôle et, bien sûr, jamais exempt de mauvais esprit.
Comme en témoigne le titre de l'ouvrage.
Proust meurt le 18 novembre 1922 à cinquante et un ans au 44, rue Hamelin à Paris. Si toute vie prend son sens en regard de sa fin, celle d'un écrivain se double d'une autre course de vitesse. Deux adversaires s'opposent : le souci d'achever son oeuvre et la mort qui se rapproche. Aura-t-il le temps d'atteindre son dermier mot, de poser le mot 'fin'?
Pour Proust, les choses sont encore plus tragiques. Car la Recherche est une oeuvre toujours à reprendre, à corriger, à nourrir. Par principe, elle est sans fin.
Proust malade et se sachant condamné, son attentive et dévouée gouvernante Céleste à ses côtés, lutte non tant pour survivre quelques jours ou même quelques heures mais pour, une fois encore, ajouter, biffer, corriger son immense chef-d'oeuvre, ce souci interminable.
Novembre 2001
"Une terre difficile à gouverner parce que difficile à comprendre". Ainsi s'exprime le grand écrivain sicilien Leonardo Sciascia à propos de son pays natal. En onze courts récits, Leonardo Sciascia s'interroge sur ce qu'il nomme la "sicilitude" : cette identité forte et fière qui fait la réputation de l'île et de son peuple. À travers l'art populaire et le cinéma, le rôle et la puissance de la mafia, ou l'attitude des Siciliens à l'égard des femmes et des traditions religieuses, il remonte aux origines de ce mode de vie à la sicilienne qui fait la fierté de ses habitants.
Entre passion et indignation contenue, Sciascia pose un regard démystificateur sur sa terre d'origine. Faisant preuve d'une ironie et d'une irrévérence que seul un enfant du pays pouvait se permettre, Sciascia donne à cette vision de la réalité sicilienne une valeur universelle et, quarante ans plus tard, une valeur intemporelle.
Proposant de nouvelles lectures des tragiques grecs et de Shakespeare ainsi que de Proust, Conrad, James ou Borges, André Green explore, avec le concours de la théorie freudienne et de ses propres travaux, le travail souterrain de la création littéraire et ses rapports avec l'inconscient. À la recherche de toutes sortes de «liens non apparents dans le texte», de trésors cachés, il s'interroge sur la signification inattendue de la présence de deux phrases identiques dans Le Temps retrouvé, ou sur les raisons pour lesquelles Henry James ne put achever l'une de ses nouvelles, ou encore sur les mystères entourant la filiation de Hamlet et le sort d'Ophélie.
Une promenade dans la littérature mondiale en compagnie d'un lecteur à nul autre pareil doublé d'un grand théoricien de la psychanalyse. Et une occasion de naviguer entre fiction littéraire et roman familial, écriture et vie psychique, texte et inconscient. À proximité du désir et de la mort.
Quinze ans après les accords d'Oslo, le processus de paix israélo-palestinien est un échec. Comment en est-on arrivé là? Comment quarante-cinq ans de lutte et quinze ans d'espoir ont-ils pu mener à l'impasse actuelle? Si les moindres péripéties du conflit ont été analysées en détail, rares sont les témoignages venus de l'intérieur même du mouvement national palestinien. Le propos d'Hassan Balawi, membre de l'OLP et ancien journaliste de la télévision palestinienne, en est d'autant plus précieux. Il raconte ici pour la première fois le système Arafat tel qu'il l'a vu fonctionner in situ à Gaza. Luttes fratricides, course pour le pouvoir, opérations militaires, manoeuvres médiatiques: les phases les plus significatives du mouvement vers l'indépendance encore introuvable sont ici disséquées sans la moindre langue de bois. Car derrière la trame historique du récit, c'est une véritable histoire secrète de l'OLP que livre Hassan Balawi, à la fois acteur et observateur. Son propos, empreint de réalisme et de compréhension de l'autre dans un contexte saturé de symboles, risque en effet de déranger. Intimement con vaincu que l'existence d'Israël est désormais intangible, il rappelle la nécessité pour les Palestiniens d'accepter les réalités politiques pour enfin se libérer de l'histoire et de ses mythes et construire leur Etat. Pragmatique, Hassan Balawi propose une grille de lecture inédite, bien loin des constructions idéologiques, et laisse entrevoir, par sa seule liberté de parole, la fragile possibilité de la paix.
Découvertes inattendues, rencontres singulières, coïncidences troublantes : au cours de nos vies, l'essentiel arrive souvent par hasard. Dans une promenade où se croisent les souvenirs familiaux, les exploits sportifs et un riche bagage littéraire, Denis Grozdanovitch nous invite à desserrer les contraintes d'un esprit trop rationnel. Depuis les prouesses au tennis de Roger Federer jusqu'aux présages dont semblent parfois porteurs les animaux - que ce soit dans nos rêves ou dans la réalité -, en passant par la réapparition d'objets que l'on croyait perdus, l'auteur sait mélanger la grande histoire et l'anecdote, le plus anodin et le plus profond.
Avec humour, il nous initie à ces curieux concepts que sont la sérendipité, art des trouvailles inopinées, l'happenstance, don d'être au bon endroit au bon moment, ou encore le lâcher-prise, secret de certains champions, grands scientifiques et autres joueurs d'échecs. Alliant l'impertinence du franc-tireur et les merveillesd'une libre érudition, il nous invite à d'autres raisons de vivre que celles que nous offre un monde stérilisé par la technique.