En 2017, une simple enquête pour la chaîne de télévision NBC mène Ronan Farrow à une histoire dont on n'ose parler qu'à voix basse : un des producteurs les plus puissants de Hollywood serait un prédateur sexuel, protégé car il règne par la terreur et l'argent. Ainsi démarre l'affaire Harvey Weinstein.
Alors que Ronan Farrow se rapproche de la vérité, des hommes de l'ombre issus de prestigieux cabinets d'avocats et de cellules d'espions montent une campagne d'intimidation, menacent sa carrière, le traquent sans relâche et instrumentalisent son passé familial. Au même moment, il est confronté au sein de sa chaîne à un degré de résistance incroyable, mais il a enclenché le mouvement : partout dans le monde des femmes se lèvent pour témoigner.
Les faire taire c'est la voix de ces femmes qui ont tout risqué pour dire la vérité. Impressionnant travail d'investigation se lisant comme un thriller, Les faire taire nous invite dans les coulisses d'une enquête qui secoue notre époque.
Nechung, l'oracle d'Etat tibétain qui ne s'est jamais trompé, Sam Begay, l'homme-médecine navajo qui soigne avec la beauté, Emily Kame Kngwarreye, la Matisse du désert australien, sont les guides de cette enquête inédite au coeur des savoirs indigènes. Trois initiateurs, trois peuples, et trois thèmes : la prophétie, la santé et l'art.Sylvie Crossman et Jean-Pierre Barou ont approché au plus près ces maîtres, reçu leurs confidences, partagé leur vie et leurs cérémonies sur les contreforts de l'Himalaya, les hauts plateaux d'Arizona et aux confins de l'Australie. Ni voyageurs en quête d'exotisme, ni ethnologues bardés de certitudes. Ni suivistes ni compatissants. Nouveaux explorateurs. Nous découvrons avec eux que les sagesses ancestrales sont connaissance véritable. D'ailleurs, aujourd'hui, nos scientifiques les plus émérites valident les savoirs indigènes.L'Occident s'interroge, les Nations premières offrent des réponses. Nous sommes aux portes d'une nouvelle révolution copernicienne.
Loeépopée de loearmée française doeAfrique de 1940 à 1945 demeure une page peu connue de notre Histoire. Elle symbolise pourtant le retour triomphal de la France en tant que grande puissance mondiale, après la défaite de mai-juin 1940. Pendant cinq ans, dans la chaleur suffocante du Sahara comme dans loehiver glacial de loeEurope du Nord, des Français de métropole et des colonies, des Nord-africains (Marocains, Algériens, Tunisiens), des Noirs doeAfrique ont combattu ensemble. Le petit groupe armé qui faisait le coup de feu contre les Italiens en Érythrée au lendemain de loeArmistice honnie devint en 1942 une brigade aguerrie qui repoussa Rommel à Bir Hakeim, avant de se muer en une armée redoutable qui débarqua en Italie et en Provence en 1944. Le Sud de la France est libéré, le Rhin traversé et un quart du territoire du IIIe Reich occupé par cette troupe bigarrée composée de chrétiens, de juifs, de musulmans et doeagnostiques portés, pour un temps, par un même idéal patriotique et humaniste.
Le bilan est éloquent: pour la perte de soixante mille soldats tués, loearmée française doeAfrique peut revendiquer la mise hors de combat de six cent mille soldats germano-italiens, tués ou faits prisonniers.
Dans ce livre captivant, qui présente notamment les particularités de loearmée doeAfrique avec ses divers régiments, Dominique Lormier explique comment les libérateurs africains furent priés après la guerre de redevenir des «bougnouls» et des «nègres», ce qui suscita une incompréhension et une révolte annonciatrices doeautres guerres et, à terme, de la perte, par la France, de son empire colonial.
Imaginez une terre couverte d'une majestueuse forêt tropicale et à la biodiversité exceptionnelle, où des milliers de chercheurs d'or clandestins viennent défier l'État, la violence et le paludisme, avec l'espoir de faire fortune.
Ce lieu des extrêmes est le plus vaste des départements français, et pourtant, en métropole, il ne suscite qu'une indifférence quasi générale. En Guyane, morceau de France perdu dans l'immensité du continent sud-américain, la soif de l'or cause des ravages sociaux, sanitaires et environnementaux. Empoisonneurs d'Amérindiens, pilleurs de ressources, dévastateurs de jungle : ces orpailleurs clandestins originaires de régions défavorisées du Brésil, les garimpeiros, font l'objet des pires accusations. Leur loi ? Celle des armes. En creusant des fosses béantes, ils libèrent l'or qu'ils récupèrent par amalgamation avec du mercure. Tant pis pour la forêt éventrée, tant pis pour la santé des populations contaminées par le mercure, tant pis pour le climat d'insécurité qu'ils créent. De leur côté, la minorité des opérateurs miniers déclarés, pas toujours irréprochables, essaient de s'organiser et de donner une meilleure image de la profession, tandis que les gendarmes, dotés de moyens insuffisants, tentent de rétablir l'ordre républicain. Le drapeau français flotte sur une terre moribonde. Les pouvoirs publics finiront-ils par réagir comme il se doit ?
Axel May a parcouru la Guyane pendant plusieurs mois, en pirogue, sur les pistes et par les airs, de Cayenne à Saint-Laurent-du-Maroni et des bords de l'Oyapock aux profondeurs de la forêt, pour rencontrer et faire parler les protagonistes de cette terrible histoire. Il en a tiré un récit vivant et implacable sur la Guyane d'aujourd'hui.
à l'aube du 3 juillet 1940, une puissante force navale britannique entre en rade de mers el-kébir, dans la baie d'oran.
à 17 h 55, après de nombreuses sommations à la flotte française, les britanniques ouvrent le feu et mers el-kébir s'embrase : dans une mer de mazout en flammes, près de 1 300 hommes sont tués, 350 blessés. l'incompréhension, l'indignation sont à leur comble, la presse se déchaîne contre la " perfide albion ". mais churchill avait-il le choix ? faisant suite à la capitulation de la france en mai-juin 1940, le drame de mers el-kébir représente un événement militaire crucial dans l'histoire de la seconde guerre mondiale.
tout laisse à penser que la royal navy n'aurait pu résister bien longtemps si churchill n'avait écarté la menace de voir la flotte française rejoindre celle de l'axe et prendre la maîtrise des mers. dominique lormier présente avec minutie cette opération militaire, remontant aux origines du drame, avec des portraits approfondis de darlan, de pétain, de churchill. ii offre un panorama éclairant de la défaite de mai-juin 1940 et des conséquences désastreuses de l'armistice, balayant, preuves à l'appui, les idées reçues sur cette période capitale.
la question de la capacité de l'empire colonial français à continuer la lutte contre l'axe, dès l'été 1940, est pour la première fois abordée au-delà des passions antagonistes.
on ne parle presque jamais d'elles et elles prennent difficilement la parole ; à tel point qu'elles sont pour certains des « femmes invisibles ». ce livre est ainsi la première étude sur les violences familiales et conjugales faites aux femmes étrangères et d'origine étrangère. comment dire son malheur et demander réparation quand on vient d'un environnement social où il n'est pas légitime d'exposer publiquement des problèmes privés ?
la force, l'actualité et l'originalité de cet ouvrage résident dans le matériau qui a servi à analyser ces violences : 400 fiches téléphoniques et 300 lettres adressées à deux associations, voix de femmes et ni putes ni soumises, ainsi qu'une trentaine d'entretiens approfondis réalisés avec des femmes et des jeunes filles. si la majorité d'entre elles sont de confession musulmane, elles s'éloignent pourtant d'une interprétation traditionnelle et religieuse des rapports homme-femme, lorsqu'elles racontent leur souffrance hors de l'espace privé. leurs mots sont ceux de l'école, du droit et de la raison. loin des polémiques sur la condition de la « femme immigrée » et de la fascination pour le « cas personnel », cet ouvrage fera date car l'auteur opère avec finesse et rigueur un déplacement radical de notre perception du sort de ces femmes.
« Ma sortie du placard pleine et entière date d'à peine deux ou trois ans. Seuls ceux qui ignorent ce qu'être homosexuel veut dire dans ma culture s'en étonneront. J'ajoute à ce handicap majeur, que je suis fils de mineur, que j'ai grandi à Saint-Etienne et que je suis l'aîné de sept frères et soeurs. Mais ce n'est pas le pire. » Brahim Naït-Balk a grandi dans la honte. Honte de lui-même, de ses désirs et d'une différence qui l'isolait dans sa propre famille : son homosexualité. Comment vivre avec une telle particularité quand on est musulman, aîné d'une famille marocaine pauvre et nombreuse ? Mais surtout, comment s'épanouir quand on grandit dans des cités de banlieue où la virilité est la valeur suprême et où règne la loi du plus fort ? Alors que brahim, romantique et sensible, ne rêve que du grand amour, il va subir la violence, les agressions sexuelles et les humiliations quotidiennes que lui font endurer les petits caïds des cités. A la honte de Brahim va s'ajouter la peur.
Terrorisé, il a longtemps rasé les murs avant de se révolter. A 30 ans, il décide de s'affirmer et de vivre ses préférences amoureuses au grand jour. Les difficultés se multiplient, mais cette fois, il les affronte.
Un homo dans la cité retrace le long chemin parcouru par Brahim pour se muer en être libre, tenir debout et prendre son envol.
Question banlieue, on croit avoir entendu tout le monde et tout essayé. C'est faux. Les mères n'ont que rarement eu voix au chapitre. Émeutes dans les banlieues, tuerie de Charlie Hebdo, les éternels experts parlent entre eux, mais rien ne change. La précarité, l'échec scolaire, le chômage, la violence, la radicalisation, tout empire. Et qui soigne, qui console, qui pleure ? Les mères, toujours les mères.
Nadia Remadna est l'une de ces mères qui, en 50 ans de vie passés entre l'Algérie et la France, notamment à Sevran, cité sacrifiée d'un département rejeté, a tout vu : les profs qui peinent à enseigner, ses collègues assistantes sociales dépassées, les dealers qui recrutent les gamins déscolarisés, les embrouilles qui finissent en prison, les jeunes policiers apeurés, l'islamisation en marche jusque dans son salon.
Pourtant, Nadia Remadna refuse de parler de fatalité et de s'accommoder de la misère ; elle a créé pour cela l'association la Brigade des mères pour aider les familles dans les quartiers et éviter les dérives.
Dans ce livre, composé de 40 petits chapitres rythmés à la manière de saynètes de stand-up, elle raconte avec un humour ravageur et beaucoup de finesse comment elle a sauvé ses enfants.
C'est une voix devenue blanche qu'on entendra ici. Pierre Seel se souvient : la déportation dans les camps nazis, la torture et l'humiliation, puis l'enrôlement forcé - comme Alsacien - dans l'armée allemande, le front de l'Est, l'évasion et la capture par les Russes.
Mais il se souvient aussi de son retour de guerre : le mur de réprobation dressé devant lui, l'homosexualité inavouable, la décision de mener une existence « comme les autres », le mariage et la vie réglée.
Qu'aura-t-il fallu pour que, un beau jour d'avril 1982, il choisisse de briser cette apparence et pour que son long silence devienne un long combat pour la vérité oe Dans le récit de cette vie rompue, on lira l'aveu poignant d'un homme qui voudrait, simplement, que justice lui soit enfin rendue.
"L'agriculture à un petit mot à dire, elle qui fut à l'origine de nos grandes civilisations. Maintenant que la menace qui pèse sur notre planète est celle du réchauffement climatique, l'agriculture et la forêt doivent devenir les alliés du grand changement en cours, de la grande mutation". Ancien ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt, Stéphane Le Foll livre dans cet essai percutant sa vision de l'avenir de la filière agricole.
Depuis l'aube de l'agriculture et la germination de la première graine jusqu aux menaces qui pèsent sur notre planète avec le réchauffement climatique, il brosse le tableau de cette activité essentielle à nos vies, dont une mauvaise gestion peut être dramatique. Mettre au service de la durabilité tous les moyens techniques que nous avons accumulés est d'une importance primordiale. Stéphane Le Foll libéré de son devoir de réserve nous livre ainsi une réflexion dynamique sur l'agriculture aujourd'hui.
Cette réflexion sur la médecine par l'un des hommes chargés de la faire progresser s'ouvre sur la constatation qu'en une trentaine d'années, les pouvoirs nouveaux et étendus de la thérapeutique ont transformé non seulement l'approche de la maladie, mais le médecin lui-même. Il est devenu un décideur. Et qui plus est, dans le domaine des maladies graves, un décideur agissant dans l'incertitude. Incertitude du choix du traitement à appliquer, de son bien-fondé, de ses conséquences. Les rapports entre médecine et théorie de la décision, domaine encore vierge mais riche de perspectives fascinantes, sont donc examinés de façon fondamentale par un homme qui les connaît dans sa pratique quotidienne.
Car si le médecin a cessé d'être un devin pour devenir un ingénieur, il ne faut pas oublier que son champ de travail, c'est l'homme, avec son angoisse, ses souffrances, son espoir. La décision médicale s'exerce dans des conditions scientifiques, certes, mais aussi dans des conditions humaines, culturelles et éthiques. Tout naturellement, l'examen du Pr Israël débouche sur la part d'inspiration que contient chaque décision, en un mot sur l'art, allié de la science mais non son second.
Véritable hymne à la profession, la Décision médicale propose au lecteur, qu'il soit médecin ou patient, la formulation d'objectifs nouveaux et une méditation exigeante sur ses objectifs de toujours.
I>
" Je n'ai jamais aimé les idéologies et n'ai eu que des réactions viscérales face aux injustices et aux événements qui s'élevaient contre la morale et la dignité d'un peuple. Par nature, je me suis engagé, et je m'engagerai toujours, avec le parti des fusillés. J'ai fait confiance, en croyant que la confiance en son prochain était un sentiment normal. J'ai été trahi parce que je n'ai pas été assez vigilant. " P.A.
Pantaléon Alessandri, l'un des fondateurs et chef militaire du FLNC, s'est volontairement écarté du mouvement dont il fut un des piliers de 1976 à 1990.
Dans ce livre, il confronte son expérience d'homme et de militant pour l'indépendance aux incompréhensions séculaires entre l'île et le continent.
Toujours aussi farouchement campé sur ses positions d'indépendantiste - tout en dénonçant les dérives du FLNC, et après avoir échappé à plusieurs attentats perpétrés par ses anciens camarades -, il affirme : " Et, comme tous les gens qui prétendent agir au nom du peuple corse, je suis comptable devant lui. J'avais le devoir de rendre compte de mes actes. Un devoir de vérité. " Marie-Ange Poyet est journaliste et réalisatrice. (Les Enfants d'Aleria, avec Jean-Michel Vecchiet, et Corse, laboratoire de la République ?).
NI TRAVAIL, NI FAMILLE, NI PATRIE Ils étaient lycéens, étudiants, fils de paysans, ouvriers.
Parmi eux, il y avait des juifs et des communistes. Certains étaient nés en France, d'autres en Pologne, en Hongrie, en Roumanie, en Italie, en Espagne ou au Brésil.
En 1939, ils ne se connaissaient pas.
En 1943, ils prenaient ensemble les armes à Toulouse pour combattre l'occupant nazi et le régime de Vichy. Les uns parce qu'ils avaient fait la guerre d'Espagne et avaient un compte à régler avec le fascisme. Les autres parce qu'ils étaient persécutés.
Ils ont formé à Toulouse la 35e brigade FTP-MOI (Francs-tireurs partisans de la main-d'oeuvre immigrée). Ils ont risqué leur vie pour libérer le sol de France, leur terre d'asile.
Dix-huit des leurs ont été arrêtés par la police de Vichy et livrés aux Allemands.
Deux sont morts dans le train qui les emmenait en déportation.
Quatre ont été fusillés, Marcel Langer, le fondateur de leur brigade, a été guillotiné.
Les autres, par miracle, ont survécu. Ils témoignent.
Gérard de Verbizier est né en 1942. Il a été producteur pour la télévision et est l'auteur de nombreux documentaires (notamment Les Révolutionnaires du Yiddishland). Ni travail, ni famille, ni patrie est tiré du film de Mosco diffusé sur Arte, auquel a également participé Gérard de Verbizier.
Lorsqu'il s'est présenté en 1994 à l'élection au grand rabbinat de france, gilles bernheim a suscité un immense espoir. celui d'un judaïsme renouvelé et ouvert au dialogue : avec les non-juifs, à l'heure où les catholiques tendent la main à leurs frères aînés ; avec les athées, qui désormais sont la majorité ; avec tous ceux qui sont rejetés sur les marges d'une société de plus en plus dure ; sdf, homosexuels, malades du sida, etc.
Aujourd'hui, c'est dans un livre qu'il a choisi d'exprimer une pensée jusque-là réservée à ses seuls élèves. il montre que l'on peut être un rabbin orthodoxe sans être pour autant coupé de la cité dans laquelle nous vivons ; que le judaïsme ne peut ignorer tout l'apport de la culture moderne, juive ou non ; que le temps du ghetto est fini et qu'il faut bâtir un judaïsme vivant.
Gilles bernheim nous le dit sans détours : la dérive fondamentaliste menace en ce moment toutes les religions révélées et le judaïsme n'est pas plus que les autres à l'abri de ce mal. le remède n'est pas dans le repli sur des pratiques vidées de leur exigence spirituelle, ni dans une auto-idolâtrie ; il est dans un approfondissement de la réflexion et du dialogue, seul capable de fortifier l'adhésion du coeur.
Gilles bernheim a quarante-quatre ans. il dirige le département « torah et laïcité » au consistoire de paris et enseigne au centre edmond-fleg. rabbin des universités de paris, il copréside la commission d'éthique médicale des consistoires. il est également vice-président des amitiés judéo-chrétiennes de france.
Plus d'un siècle après les travaux de Charcot, l'idée paraît toujours aussi subversive : les hommes sont, plus souvent qu'on ne le reconnaît, hystériques.
Ces hommes hystériques, ces errants, ceux qui affectent d'être pervers ou qui prétendent que le sexe ne les intéresse pas, ces hommes souffrant d'impuissance, de frigidité du sentiment ou d'éjaculation précoce, que craignent-ils de rencontrer chez une femmeoe À travers les grands textes fondateurs de notre imaginaire contemporain (la Bible, Shakespeare, Cervantès, mais aussi Alfred Jarry, Albert Cohen, etc.), par l'étude des métamorphoses de Don Juan, à travers enfin les plus surprenants avatars du marranisme, JeanPierre Winter dessine avec une attention bienveillante les contours d'un homme hystérique perpétuellement instable, décevant, toujours ailleurs et toujours dans l'attente.
Si les femmes hystériques semblent se soumettre au prêtre ou au médecin, les hommes hystériques, eux, trouvent leur maître dans les corps constitués : politique, judiciaire, économique... Ce qui, on s'en doute, ne les protège pas toujours de la déception.
Premier essai sur un véritable tabou, Les Errants de la chair, notamment à partir des analyses de Spinoza, Charcot, Freud et Lacan, permet de comprendre les motifs d'un véritable impensé théorique toujours à l'oeuvre au sein de la communauté psychanalytique. Ce qui est caché, ce qui est tu, ce que l'on ne doit ni dire, ni même évoquer, c'est l'impuissance. C'est pourquoi l'essai de Jean-Pierre Winter est à la fois neuf et rigoureusement iconoclaste.
Jean-Pierre Winter est psychanalyste. Il a publié de nombreux articles et, en 1995, Les Hommes politiques sur le divan (Calmann-Lévy).
Nul besoin d'être démographe pour savoir que les pays occidentaux connaissent depuis une trentaine d'années une situation neuve, créée par la conjonction de deux phénomènes : baisse spectaculaire de la natalité et accroissement des flux migratoires, principalement du " Sud " en direction du " Nord ".
< Ce que l'on apprend ici, c'est d'abord l'ampleur et le détail de ces phénomènes. Un exemple : en 1960, aux états-Unis, l'immigration comptait pour environ 1/8e dans l'augmentation de la population ; aujourd'hui pour un 1/3. La proportion est encore plus importante en Allemagne et au Canada.
Le second mérite de ce livre est de mettre en relation ces chiffres avec le contexte politique. Tout d'abord, les transformations internes à l'Islam et l'apparition du fondamentalisme. En second lieu, la fin de la guerre froide. Mouvements centrifuges et nationalistes, mouvements centripètes en direction des pays riches, résultent très directement de l'effondrement du bloc communiste.
Enfin, le grand intérêt de l'ouvrage résulte de son caractère comparatif. Six pays d'Europe sont étudiés (France, Grande-Bretagne, Allemagne, ex-Yougoslavie, Roumanie et Russie), ainsi que les états-Unis et le Canada. On voit comment les traditions nationales pèsent dans le choix des politiques, mais surtout à quel point tous ces pays sont confrontés à des situations équivalentes.
Pourquoi s'interdire de vivre au mieux le grand âge ? À quatre-vingts ans passés, Henri Danon-Boileau suit les dédales de l'inconscient et fait apparaître les moyens dont chacun dispose pour continuer à enrichir sa vie. Sans complaisance, mais sans résignation, il aborde différentes questions, comme la sexualité des personnes âgées, objet d'un tabou inattendu ; le renoncement et l'angoisse de mort, qu'un éclairage audacieux et incisif rattache au noyau originel de l'individu ; la sublimation, une des clefs du vieillissement réussi ; la grand-parentalité, relation très spécifique à construire avec les nouveaux venus... Henri Danon-Boileau utilise ici sa connaissance de la psychanalyse et sa pratique de thérapeute ; il se réfère à des situations concrètes, se fondant sur son expérience et sa mémoire. il élabore ainsi une sagesse que chacun d'entre nous pourra à son tour s'approprier, et développe des concepts novateurs qui ne manqueront pas de faire réfléchir ceux qui font de l'inconscient leur métier, comme ceux qui souhaitent vivre en bonne intelligence avec eux-mêmes. Henri Danon-Boileau est médecin, psychiatre, et psychanalyste. Ancien chef de clinique à la faculté de médecine de Paris, ancien médecin-chef de la maison universitaire médico-psychologique de Sceaux (clinique Dupré, fondation SEF), il est membre honoraire de la Société psychanalytique de Paris.
Pourquoi la France, hier " fille aînée " de l'Eglise qui, au XXe siècle, ne compte-t-elle plus de grands intellectuels catholiques? Pourquoi l'Eglise, qui a formé des générations de militants pour la politique ou le syndicalisme, a-t-elle perdu aussi ses grands mouvements de jeunes et d'adultes qui voulaient, à la fois, changer la France et rechristianiser le pays ? Pourquoi la France n'ordonne plus qu'une centaine de prêtres par an, au lieu de mille avant les années 60 ?Henri Tincq retrace l'histoire des quarante dernières années du catholicisme français: crise des intellectuels, crise des militants, crise du clergé, crise des fidèles, crise du dogme et de la norme. Les crises du catholicisme sont les symptômes d'une société française également malade. Les religions peinent à y trouver leur place. Les " absolus " religieux irritent. On ne retient du discours de l'Eglise que les interdits sur la contraception, l'avortement, le préservatif... L'Eglise connaît une traversée du désert qui risque de durer longtemps. Comment retrouver une crédibilité intellectuelle, renouer le dialogue avec le monde politique, artistique, médiatique, scientifique ? Comment être davantage présente au monde, audible et pertinente ? L'Eglise n'a d'avenir que si elle redevient une force de proposition, d'accueil et de tolérance dans un monde de violences et de conflits.
L'eau sera au XXIè siècle ce que le pétrole fut au XXè : l'enjeu d'une compétition féroce qui ira crescendo, au fur et à mesure de l'inexorable raréfaction de cette ressource essentielle. L'homme consomme en effet plus d'eau douce que la planète ne peut, dans le meme laps de temps, en fabriquer. Il le fait depuis longtemps, avec une insonscience suicidaire qui aujourd'hui se traduit par des sécheresses à répétition préfigurant la grande crise mondiale de l'eau dont l'auteur nous prévient qu'elle est inévitable.
Avec un talent de vulgarisateur exceptionnel, Fred Pearce nous raconte comment, par exemple, le Pakistan, un pays aride, est devenu "vert" au XIXè siècle quand les ingénieurs anglais décidèrent de l'irriguer en captant l'eau de l'Indus, un fleuve apparemment intarissable qui prend sa source dans l'Himalaya. Les champs de coton couvrirent bientot des milions d'hectare, approvisionnant les filatures anglaises de la révolution industrielle et attirant une main d'oeuvre innombrable venue d'Inde. La prospérité ! Mais aujourd'hui, le coton se meurt dans des sols lessivés où le sel remonte à la surface...ainsi que les poissons, dans les eaux du delta privées des éléments nutritifs que l'Indus, presque à sec, peine à lui fournir.
Fred Pearce n'est pas tendre non plus avec nos habitudes de consommateurs occidentaux. Il pointe nos gaspillages insensés, de l'irrigation du mais, dont 1% seulement profite à la plante, à l'arrosage des greens de golf dans des biotopes arides du pourtour méditerranéen. Il nous invite à méditer la leçon de la frugalité de nos ancetres, qui géraient l'eau comme un bien précieux. Ses explications, sobres, claires et toujours très imagées, font froid dans le dos. Heureusement, il esquisse quelques solutions qui nous permettent d'espérer que la catastrophe annoncée pourra etre retardée, sinon évitée...
Un témoignage livré par l'auteur sur sa propre dérive vers l'islamisme radical dans les années 1990, son engagement en Bosnie-Herzégovine, sa participation à la campagne d'attentats de 1995, sa déradicalisation en prison grâce au savoir et à la lecture et son engagement républicain suite aux attentats de 2015. Un démontage des mécanismes de l'embrigadement djihadiste et des pistes pour en sortir.
Vassili Grossman est passé à la postérité grâce à Vie et destin, tenu pour le « Guerre et paix du XXe siècle ». Ces Carnets de guerre sont le matériau brut qui lui inspira la trame de son roman-fresque, exploration de la réalité soviétique à un moment crucial de son histoire : la bataille de Stalingrad. Durant la Seconde Guerre mondiale, Grossman fut correspondant spécial pour le compte du journal de l'Armée rouge, Krasnaïa Zvezda. De la retraite face à l'opération Barbarossa de juin 1941 à la bataille de Berlin en avril et mai 1945, il suivit au front les forces soviétiques via Stalingrad, Koursk, l'Ukraine, Treblinka et Varsovie. Il a couché sur le papier ce qu'il appelle « la vérité impitoyable de la guerre » dans des carnets dont la découverte lui aurait été fatale, tant ils prennent le contre-pied de la propagande stalinienne. L'historien britannique Antony Beevor, auteur de Stalingrad, La Chute de Berlin et La Guerre d'Espagne, présente ce texte brut, fourmillant d'anecdotes, qui nous plonge au coeur d'un conflit d'une violence inouïe. Plus qu'un roman qui masque la crudité des faits historiques par la fiction, plus qu'un témoignage a posteriori dont le contenu a subi les distorsions du souvenir, plus qu'un ouvrage d'historien qui doit faire montre d'une certaine distanciation, plus qu'un compte rendu militaire de l'époque lissé par la propagande et la censure, ces Carnets de guerre nous laissent entrevoir le chaos dans un style poignant et limpide. Un témoignage historique de premier ordre, empli de lucidité et d'humanité, servi par un grand prosateur.