Qu'êtes-vous prêts à sacrifier pour la vérité ?
Depuis des décennies, Maria Ressa fait face au pouvoir philippin. Son travail sur les mensonges du gouvernement l'a placée dans la ligne de mire de l'homme le plus puissant du pays : le président. Traquée, elle risque plus de cent ans de prison pour avoir raconté la vérité.
Éprise de justice, la journaliste livre un récit puissant sur la démocratie qui meurt de mille entailles sur Internet. Une véritable bombe atomique invisible y a explosé, assassinant nos libertés. Grâce aux reportages de Maria Ressa, tout un réseau de désinformation est mis au jour, qui va de la guerre contre la drogue de Duterte aux Philippines à l'assaut du Capitole à Washington, du Brexit à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, de la cyberguerre en Chine à Facebook et à la Silicon Valley.
Voici l'appel de Maria Ressa à résister et à lutter pour notre avenir.
« Une de mes héroïnes personnelles...
Et une figure d'alerte importante pour nous tous. » Hillary Clinton Maria Ressa est lauréate du prix Nobel de la paix 2021 pour son travail de défense de la liberté d'expression et de la démocratie. Elle est journaliste, cofondatrice et présidente de Rappler, le premier média en ligne des Philippines. Elle a remporté le Prix pour la liberté de la presse de l'Unesco en 2021, a été élue personnalité de l'année par le Time en 2018 et l'une des 100 Femmes du siècle en 2020.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Odile Demange
Ingouvernable, la France ? Irréconciliables, les Français ? Comment la patrie conquérante et triomphante des Trente Glorieuses peut-elle, soixante ans plus tard, se retrouver dans une telle situation de blocages, d'inquiétudes et de colères ?
Neuf Français sur dix trouvent que notre pays est divisé socialement, politiquement, sur les plans culturel et religieux, selon le sondage sur le climat social et la gouvernance spécialement réalisé pour ce nouvel essai, qui explore les ultimes pistes permettant de nous sortir de l'impasse.
Quelles stratégies adopter face à une société rétive à tout changement, figée par un État trop lourd et une administration pléthorique, écrasée par la crise sociale, tétanisée par un absurdistan démocratique que tout le monde dénonce, mais que personne ne parvient à réparer ?
Chloé Morin, dans un travail méthodique d'investigation, ouvre le débat avec une trentaine de responsables de la vie politique, du monde économique et des médias : Édouard Philippe, Laurent Berger, Valérie Pécresse, François Ruffin, Jean-Dominique Senard, Anne Sinclair, Philippe Martinez et... Marine Le Pen. Et cette perspective : les Français, désabusés, vont-ils finir par porter au pouvoir la seule option politique qu'ils n'ont pas encore essayée ?
Chloé Morin est politologue, spécialiste de l'analyse de l'opinion et de la communication publique. Ancienne conseillère du Premier ministre (2012-2016), experte associée à la Fondation Jean-Jaurès, elle a cofondé Societing, dont elle est directrice générale. Elle a notamment écrit Les Inamovibles de la République (L'Aube, 2020) et On a les Politiques qu'on mérite (Fayard, 2022), qui ont eu un grand retentissement.
« Au nom des femmes militaires, il n'est pas question de flancher. » Cette pensée a souvent guidé Maryline Gygax Généro avant qu'elle ne devienne en 2017 la première femme directrice du Service de santé des armées. Une victoire pour elle, mais aussi pour toutes les femmes militaires qui, des années durant, ont dû supporter le sexisme de certains gradés, heureusement contrebalancés par la bienveillance de la plupart.
Cet ouvrage retrace l'itinéraire exceptionnel d'une femme issue d'une famille modeste, qui franchit les portes d'un univers masculin, celui de la médecine militaire. Une femme métisse, confrontée parfois au racisme, mais fière de ses deux mondes. Qui mène plusieurs vies de front - scientifique, militaire et familiale. Qui bataille, tant pour féminiser l'uniforme et en finir avec les jupes serrées, que pour veiller à ce que ses troupes aient les moyens nécessaires afin de prodiguer un soin plus humain.
Qui gère la crise Ebola en tant que directrice d'hôpital militaire.
Qui, parvenue à la tête du Service de santé des armées, affronte avec brio la crise Covid-19.
Dans notre société fracturée, cette histoire d'abnégation force l'admiration. Elle montre toute la puissance de l'engagement.
Maryline Gygax Généro est médecin générale des armées en deuxième section, mariée à un médecin de l'armée de terre et mère de trois enfants.
Stéphanie Touré a dirigé le programme d'actions culturelles d'un festival de musique en Seine-Saint-Denis.
« J'aime profondément mon métier, une profession méconnue qui fait de moi le dépositaire de l'ultime adieu. À quel moment décide-t-on d'être maître de cérémonie funéraire ? Que serait la mort sans nous ? Elle fait partie du chemin, elle nous concerne tous. Et pourtant, du porteur de cercueil au marbrier, nous sommes condamnés à rester dans l'ombre. Je ne peux pas changer le cours des choses, mais je peux contribuer à changer vos regards. » Avec la sensibilité, l'honnêteté et l'humour qui ont ému le jury et les téléspectateurs du « Grand Oral » de France 2, Sébastien Montaut raconte de l'intérieur la réalité insoupçonnée des métiers du funéraire.
Sa première confrontation avec un défunt, les interactions marquantes avec les familles, ou encore les chansons demandées au crématorium, révèlent un monde tour à tour grave, cocasse et profondément vivant.
Celui que rien, à l'âge de vingt-quatre ans, ne prédestinait à pousser les portes d'une agence funéraire, y trouve sa voie. Comme un chef d'orchestre du grand départ, Sébastien Montaut manie les mots comme on appliquerait un baume sur le coeur des vivants.
Sébastien Montaut est employé de pompes-funèbres. En 2021, il remporte le « Grand Oral », concours d'éloquence organisé par France 2, avec un texte qui a touché plus d'un million de Français.
Une personne, une voix : la démocratie repose sur une promesse d'égalité qui trop souvent vient se fracasser sur le mur de l'argent. Financement des campagnes, dons aux partis politiques, prise de contrôle des médias : depuis des décennies, le jeu démocratique est de plus en plus capturé par les intérêts privés.
Se fondant sur une étude inédite des financements politiques privés et publics dans une dizaine de pays sur plus de cinquante ans, Julia Cagé passe au scalpel l'état de la démocratie, décortique les modèles nationaux, et fait le récit des tentatives - souvent infructueuses, mais toujours instructives - de régulation des relations entre argent et politique.
Aux États-Unis, où toute la régulation de la démocratie a été balayée par idéologie, le personnel politique ne répond plus qu'aux préférences des plus favorisés. En France, l'État a mis en place un système de réductions fiscales permettant aux plus riches de se voir rembourser la plus grande partie de leurs dons aux partis politiques, alors que les plus pauvres, eux, paient plein pot.
Ces dérives ne viennent pas d'un complot savamment orchestré mais de notre manque collectif d'implication. La question du financement de la démocratie n'a jamais véritablement été posée ; celle de la représentation des classes populaires doit l'être sur un mode plus radical. Pour sortir de l'impasse, voici des propositions qui révolutionnent la façon de penser la politique, des réformes innovantes pour une démocratie retrouvée.
Ancienne élève de l'Ecole normale supérieure et de l'Université Harvard, Julia Cagé est professeure d'économie à Sciences Po Paris. Elle a publié Sauver les médias. Capitalisme, financement participatif et démocratie (Le Seuil, 2015).
Les villes étaient notre royaume.
Puis nous y avons croisé les bêtes. Oiseaux, papillons, renards, sangliers, hérissons et kangourous ont surgi et sont devenus citadins comme nous.
La révolution continue. Volubile mais silencieuse, Sa Majesté Chlorophylle marche sur la ville. Hôte, cuisinière et architecte, la Plante entre en scène.
Le lotus sacré de Bangkok navigue-t-il mieux sur les rivières d'asphalte ? Le haricot parisien nous préviendra-t-il à temps de la pollution de l'air ? À Tel-Aviv, les plages bruyantes rendent-elles vraiment sourdes les belles de nuit ? Les chèvres urbaines vont-elles grimper aux arbres de parking ? Et le roi des papillons mexicains fera-t-il avec la verge d'or son grand retour dans nos villes ?
Chlorophylle et ses bêtes nous instruisent. Sur le pavé, elles parlent d'architecture et de géopolitique, de mondialisation et d'ancrage local à la terre, d'inventions et d'innovations, de culture, d'histoire, d'espoir. Et d'amour.
Grâce à ces nouvelles histoires naturelles, l'architecte Nicolas Gilsoul nous entraîne dans un jubilatoire voyage au pays du Vivant. Son école buissonnière, savante et joyeuse, souligne la fragilité de notre monde et réenchante nos villes.
« Je ne suis ni philosophe, ni sociologue, ni capitaine d'industrie. Je suis un praticien de l'autorité qui s'est toujours efforcé de placer les relations humaines au coeur de son engagement au service de la France et de ses armées. Car l'autorité n'est pas spécifiquement militaire, c'est le lien fondamental de toute société humaine. Fort de ces convictions, je propose dans ce livre quelques jalons pragmatiques, simples et avérés pour sortir d'un mal-être sociétal croissant, diriger avec justesse et discernement. » Le général Pierre de Villiers signe un essai ambitieux sur l'ordre, remettant l'Homme au centre du système. Comme le ferait un officier, il indique au lecteur le cap qu'il faut tenir dans un monde complexe et sa méthode pour y agir utilement.
Mêlant une réflexion puissante sur les problèmes profonds que traverse notre époque et des solutions efficaces, le général de Villiers met ici son expérience unique au service de tous.
Après quarante-trois années d'une carrière militaire qui l'a conduit à devenir chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers est président d'une société de conseil en stratégie. Il a publié en 2017 Servir aux éditions Fayard.
Une enfance condamnée à l'échec scolaire est intolérable, tout comme les inégalités qui empêchent les jeunes de trouver leur voie.
En France, ils sont près de 100 000 chaque année à sortir du système scolaire sans diplôme ; 1,5 million de nos concitoyens n'ont pas d'emploi et ne suivent pas d'études ni de formation. Une situation qui n'est pourtant pas une fatalité.
On le sait, des enseignants dévoués et des familles attentionnées s'impliquent au quotidien contre le fléau du décrochage. Ce que l'on sait moins, c'est le rôle crucial joué par les associations qui agissent à leurs côtés. Élisabeth Elkrief peut en témoigner : elle a observé, sur le terrain, les miracles obtenus par les membres de Coup de Pouce, Énergie Jeunes, Entreprendre pour Apprendre, Article 1 et l'AFEV. Aux quatre coins de la France, elle a découvert la richesse de méthodes originales dont on entend trop peu parler. Clubs de soutien, mentorat, projets d'entrepreneuriat... les résultats sont impressionnants. Et bénéfiques pour l'ensemble des jeunes.
Au travers de portraits d'élèves et d'étudiants, ce livre présente les moments charnières du parcours scolaire, et les façons de les rendre non plus angoissants, mais stimulants. Et si nous retrouvions tous ensemble le chemin de l'école ?
Un livre résolument optimiste sur l'avenir de nos jeunes
Que mange-t-on quand on ouvre une boîte de concentré, verse du ketchup dans son assiette ou entame une pizza ? Des tomates d'industrie. Transformées en usine, conditionnées en barils de concentré, elles circulent d'un continent à l'autre. Toute l'humanité en consomme, pourtant personne n'en a vu.
Où, comment et par qui ces tomates sont-elles cultivées et récoltées ?
Durant deux ans, des confins de la Chine à l'Italie, de la Californie au Ghana, Jean-Baptiste Malet a mené une enquête inédite et originale. Il a rencontré traders, cueilleurs, entrepreneurs, paysans, généticiens, fabricants de machine, et même un « général » chinois.
Des ghettos où la main-d'oeuvre des récoltes est engagée parmi les migrants aux conserveries qui coupent du concentré incomestible avec des additifs suspects, il a remonté une filière opaque et très lucrative, qui attise les convoitises : les mafias s'intéressent aussi à la sauce tomate.
L'Empire de l'or rouge nous raconte le capitalisme mondialisé. Il est le roman d'une marchandise universelle.
Et si les bouleversements écologiques en cours altéraient notre bien-être et notre santé ? La pandémie de coronavirus a surgi alors que les nouvelles inquiétantes sur l'état de notre planète émanent régulièrement des travaux des scientifiques. Angoisse, insomnie, découragement ou sentiment d'impuissance et de perte de sens... les troubles qui découlent de cette conscience d'un monde à l'avenir incertain et menacé sont autant de marqueurs de l'éco-anxiété, ou solastalgie.
Ce concept novateur fait référence aux émotions et aux questionnements que provoque en nous la destruction chronique de notre environnement. Alice Desbiolles, médecin de santé publique et épidémiologiste, propose de décrypter les mécanismes psychologiques et socio-culturels qui sous-tendent l'éco-anxiété : quels en sont les ressorts et les manifestations ? Comment en sortir ?
Invitation à repenser nos manières d'être, ce livre expose avec lucidité et sensibilité les moyens de vaincre la résignation qui nous guette. Il donne des clés pour passer de la déploration à l'action. Le défi est là : se rappeler que, face à la crise écologique, nous pouvons toujours prendre des décisions avisées.
Alice Desbiolles est médecin. Son parcours l'a amenée à travailler à l'hôpital, au sein d'organismes gouvernementaux de santé publique, au ministère de la Santé, à l'Institut Pasteur, et à participer à des missions sanitaires internationales. Elle est l'une des premières professionnelles de santé à avoir popularisé et porté médiatiquement l'éco-anxiété et les conséquences sanitaires du réchauffement climatique.
Le Japon vit depuis trente ans une crise économique et sociale multiforme. Sa dette publique est la plus élevée du monde. Les revenus stagnent, le taux de pauvreté est le double du nôtre, sa population diminue et vieillit massivement, sa jeunesse paraît démoralisée...
Pourtant, le Japon se tient et se supporte fort bien lui-même. Il est dur et brutal sous certains aspects, mais le chômage y est inconnu, la délinquance négligeable et les services d'une qualité inimaginable. Ce qui divise les Français, à commencer par les religions et les médias, y conforte au contraire la cohésion nationale. Sportifs et célébrités en tous genres se doivent d'être exemplaires, sous peine d'être durement sanctionnés par l'opinion. Du haut en bas de la société, on s'excuse, souvent pour très peu et parfois pour beaucoup, et ce rituel qui, vu de chez nous, semble n'être que du théâtre a une réelle efficacité sur le moral de la communauté.
On peut y voir le résultat d'un formatage omniprésent dès la petite enfance, dont le conformisme tue le dynamisme, la créativité et les rêves. Mais on peut aussi penser que la manière dont le Japon échappe aux fractures qui stressent la France, et à certains des maux qui pourrissent la vie des Français, vaut d'être regardée de plus près. Quitte à ce que les leçons que peut donner le Japon semblent attentatoires à ce qui est politiquement (et autrement) « correct ».
Jean-Marie Bouissou est normalien, agrégé d'histoire. Après avoir vécu quinze ans au Japon, il a été directeur de recherche et enseignant à Sciences Po (1990-2016) dont il est aujourd'hui le représentant à Tokyo. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur le Japon. Parmi les plus récents , Géopolitique du Japon (2014) et Manga. Histoire et univers de la bande dessinée japonaise (quatrième édition, 2018).
À la fin d'une conversation qui roulait sur la « construction européenne », l'ancien ministre des Affaires étrangères du général De Gaulle, qui savait tout sur tout le monde, laissa tomber d'un air entendu : « Philippe, il vous suffira de tirer sur le fil du Mensonge et tout viendra... » Des décennies plus tard, en y consacrant un temps discret et beaucoup d'ardeur, bénéficiant par ailleurs de complicités au plus haut niveau des arcanes de l'Europe, Philippe de Villiers décide de tirer sur le fil.
Alors tout est venu.
Il a mené ses recherches jusqu'au bout du monde, à Stanford, à Berlin, à Moscou et partout où pouvaient se trouver des documents confidentiels récemment déclassifiés. Et les archives ont parlé. Elles ont livré des secrets dérangeants.
L'envers de l'Europe est apparu. Ce n'est pas du tout ce qu'on nous avait dit.
De ce travail d'enquête, Philippe de Villiers a fait un livre de révélations sur le grand Mensonge. Il a résolu de publier les preuves. Elles sont accablantes. Tout y passe : les Mémoires apocryphes, les dollars, la CIA, les agents, le passé qu'on efface, les allégeances qu'on dissimule, les hautes trahisons.
Le récit est parfois glaçant. Mené au rythme d'une enquête haletante, il se lit comme un polar. On n'en ressort pas indemne. C'est la fin d'un mythe : ils travaillaient pour d'autres et savaient ce qu'ils faisaient, ils voulaient une Europe sans corps, sans tête et sans racines. Elle est sous nos yeux.
Un ouragan emporte nos sociétés hyperconnectées et hypermédiatisées. Le vent a tourné, nous l'éprouvons tous fortement.
L'époque n'est plus tout à fait, ou seulement, à la manipulation et au formatage des esprits, comme encore au milieu des années 2000, quand régnait sur le discours médiatico-politique le storytelling.
L'explosion du Web, l'éclosion des premiers réseaux sociaux créaient l'environnement favorable à la production et à la diffusion d'histoires. Or, de même que l'inflation ruine la confiance dans la monnaie, l'inflation des stories a érodé la confiance dans les récits. Le triomphe de l'art de raconter des histoires, mis au service des acteurs politiques, aura entraîné, de manière fulgurante, le discrédit de la parole publique. Cette défiance est aujourd'hui revendiquée par les hommes politiques eux-mêmes.
Christian Salmon nous montre les logiques qui nous ont conduits à la confusion actuelle.
Dans le brouhaha des réseaux et la brutalisation des échanges, la story n'est plus la clé pour se distinguer. La conquête de l'attention, comme celle du pouvoir, passe désormais par l'affrontement, la rupture, la casse des « vérités ». Désormais, viralité et rivalité vont de pair, virulence et violence, clash et guerre des récits. Fini le storytelling ? Bienvenue dans l'ère du clash !
Christian Salmon est écrivain. En 2007 il publiait Storytelling : la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits (La Découverte), lançant un mot qui entrerait dans le dictionnaire en 2018. Il est l'auteur de plusieurs essais littéraires. En 2017, il a publié un roman, Le Projet Blumkine.
« Ivan Illich a été à l'origine de débats célèbres dont le thème était la contre-productivité des institutions modernes : au-delà de certains seuils, les institutions productrices de services, comme les écoles, les autoroutes et les hôpitaux, éloignent leurs clients des fins pour lesquelles elles ont été conçues.
Ivan Illich fut le plus lucide des critiques de la société industrielle. Il voulut en écrire l'épilogue et il le fit. Jadis fameuses en France, les «thèses d'Illich» ont peut-être été oubliées, mais jamais elles n'ont été infirmées. Après elles, la société industrielle a perdu toute justification théorique. Elle ne tient debout que grâce à l'hébétude de ses membres et au cynisme de ses dirigeants. Toutefois, plutôt que de débattre des thèses qui la dérangent, l'huître sociale s'en est protégée en les isolant. Il est temps d'affirmer que l'oeuvre d'Illich n'est pas une perle rare mais une réflexion fondée sur un solide sens commun. Il faut briser la gangue dans laquelle elle a été enfermée afin de libérer son inquiétant contenu. Alors que tous les bien-pensants croyaient encore aux promesses du développement, Illich montra que cette brillante médaille avait un revers sinistre : le passage de la pauvreté à la misère, c'est-à-dire la difficulté croissante, pour les pauvres, de subsister en dehors de la sphère du marché. Ses livres vinrent secouer la soumission de chacun au dogme de la rareté, fondement de l'économie moderne. » Valentine BORREMANS et Jean ROBERT Ce volume comprend : Libérer l'avenir, Une société sans école, Energie et équité, La Convivialité et Némésis médicale.
Né à Vienne en 1926 et disparu le 2 décembre 2002, Ivan Illich est justement considéré comme l'un des penseurs les plus importants et les plus prophétiques de la seconde moitié du xxe siècle. Un recueil de textes inédit, La Perte des sens, paraît en janvier 2004 aux éditions Fayard.
Ce deuxième volume des oeuvres complètes d'Ivan Illich rassemble six textes publiés entre 1977 et 1994 : Le Chômage créateur (1977), Le Travail fantôme (1981), Le Genre vernaculaire (1983), H2O, les eaux de l'oubli (1988), Du lisible au visible. Sur l'art de lire de Hugues de Saint-Victor (1991), et Dans le miroir du passé (1994).
Le témoignage percutant de Serge Morand, écologue de la santé, qui monte au front pour révéler les responsabilités de notre civilisation dans la crise sanitaire. Il propose, plutôt que d'accuser hypocritement des animaux sauvages de transmettre une peste moderne, de lutter enfin contre les fondements de la crise écologique, à l'origine de la transmission du coronavirus.
« Voilà plus de vingt ans que, chercheur, écologue de la santé, je me bats pour que nous prenions conscience de former un tout avec la nature. La préserver, c'est préserver notre humanité, et notre santé.
Voilà plus de vingt ans que je me heurte à des murs du côté des sphères politique et scientifique, toutes deux sourdes à mes alertes répétées contre les épidémies qui nous menacent.
J'ai voulu m'éloigner du monde occidental, pour retrouver l'authenticité d'une nature longtemps préservée en Asie du Sud-Est... Mais là encore, la modernité devenue folle m'a rattrapé !
Pour satisfaire nos marchés dévorateurs, ces pays se sont eux aussi lancés dans une course destructrice au productivisme, à la déforestation, aux pesticides.
Comme je le prédisais, les hommes ont fini par créer les conditions d'émergence d'une nouvelle peste : le coronavirus.
Et qui accusons-nous ? Les animaux sauvages ! La chauvesouris ! Le pangolin !
Mais qui a poussé la chauve-souris, réservoir de virus, à quitter sa forêt pour venir souiller nos productions agricoles et répandre la peste moderne ?
Nous.
Il est temps d'en finir avec le massacre de la faune sauvage, et de renouer avec notre vraie nature. »
"Allons-nous tous être emportés par les bouleversements que nous, humains, avons générés sans en mesurer les conséquences ?
Ou bien, à l'inverse, nos successeurs ici-bas seront-ils des surhommes, des demi-dieux, à la fois omnipotents et sages ?
La nouveauté est qu'il ne s'agit pas d'un fantasme de science-fiction de plus. Ce dilemme est bien réel. Notre XXIe siècle marque une charnière dans la longue histoire de notre espèce.
L'enquête effectuée pour ce livre m'a fait comprendre les arguments des optimistes et des pessimistes. Or chacun d'entre eux a des arguments convaincants.
Nous avons urgemment besoin d'une vision à plus long terme au moment où nous fonçons ensemble vers un futur opaque dont nos phares n'éclairent pas la route.
Je donne aussi la parole à des penseurs de tous horizons, qui explorent, chacun à leur manière, cet avenir commun." J-L S-S
« Le monde qu'a découvert mon grand-père est en train de mourir. » C'était il y a soixante ans. Le commandant Cousteau dévoilait les merveilles d'un univers jusque-là inaccessible. Aujourd'hui, nous menons notre planère à la destruction. Face à l'urgence, Céline Cousteau, sa petite-fille, reprend le flambeau.
« Mon grand-père a fait rêver la planète. Il n'était pas né écologiste. Son cri d'alarme est venu des tripes, de ce qu'il a vu et ressenti en explorant le monde. C'est lui qui m'a appris à plonger dans la mer, quand j'avais neuf ans.
Mon enfance à moi m'a fait respirer le poumon de la Terre. Depuis, je n'ai cessé de retourner en Amazonie. Auprès de ces tribus, au milieu de ces arbres majestueux, j'ai appris une leçon essentielle : il faut se souvenir de ce que c'est, survivre.
J'aurais aimé poursuivre le dialogue avec mon grand-père, lui raconter ce que je fais. Cette continuité lui aurait donné de la joie. Car les temps ont changé et il y a urgence.
Nous devons laisser la nature reprendre son souffle. Ma famille sonne l'alarme depuis trois générations. Il nous faut repartir des choses simples, de nos origines. Puis passer à l'action.
Ce qui va déterminer ce changement, c'est de savoir si nous avons vraiment envie de vivre. »
Les troubles psychiatriques concernent 12 millions de Français chaque année. Il suffi t d'égrener le nom des pathologies concernées : dépressions, troubles bipolaires, autisme, schizophrénie, pour prendre conscience qu'elles nous concernent tous, de près ou de loin. Or, face à ces drames humains, un silence assourdissant persiste, qui dit beaucoup de la perception de la psychiatrie dans notre pays. Celle-ci se situe aux confluents de la méconnaissance, des amalgames, des préjugés, du déni, de la honte.
Nous avons ausculté l'organisation des soins en psychiatrie qui, en cinquante ans, est passée d'un idéal d'égalité, sur l'ensemble du territoire, à un dédale dans lequel plus personne ne se retrouve, même les acteurs les plus impliqués.
Nous avons voulu raconter ce système qui craque de toutes parts et engendre de la souffrance pour les malades, leurs proches et les équipes médicales.Ce livre, rédigé en lien avec des associations de patients, entend dresser un diagnostic de la situation de la psychiatrie française (organisation des soins, inégalités sociales et territoriales, enjeux économiques, recherche), bâti sur les études, les récits des patients, de leurs familles et des soignants. Le système de soins en psychiatrie souffre, mais il recèle d'incroyables richesses humaines, d'initiatives et d'espoirs que nous avons à coeur de partager ici. Nous espérons ainsi contribuer à la mutation de la psychiatrie en France pour qu'elle entre de plain-pied dans ce siècle porteur de découvertes majeures, afin de mieux comprendre et soigner les maladies psychiatriques.
« Je plaide pour une renaissance des pratiques ascétiques, pour maintenir vivants nos sens, dans les terres dévastées par le «show», au milieu des informations écrasantes, des conseils à perpétuité, du diagnostic intensif, de la gestion thérapeutique, de l?invasion des conseillers, des soins terminaux, de la vitesse qui coupe le souffle. »Ivan ILLICH
Au-delà de la dangerosité de l'utilisation de masse de l'Intelligence Artificielle, le monde de demain en sera largement amélioré et ce, plus rapidement qu'on ne le pense. Ce livre est une synthèse claire et accessible de ces potentialités et une exhortation à ne pas manquer le coche.
Imaginez une ville entièrement digitalisée à l'aide de systèmes intelligents de surveillance vidéo, de contrôles automatisés de la consommation d'énergie et de la pollution, d'un réseau Internet à haut débit et de véhicules autonomes, au service de la décision publique et du bien-être de la population. Nous y sommes bientôt, grâce à l'intelligence artificielle (IA).
Ce livre, après en avoir brossé l'histoire, parcourt ses développements actuels et futurs, dans un état des lieux mondial fascinant. Bien loin des robots rebelles que la science-fiction imagine, les cas présentés sont à la fois bénéfiques et proches de nous : la suggestion de films de Netflix, les chatbots commerciaux et les assistants virtuels augmentant notre confort ; demain les imprimantes 4D, les exosquelettes et les organes créés ex nihilo.
Karim Massimov, fort de son expertise internationale, trace un modèle de développement global, durable, souhaitable, et révèle l'essence même des technologies numériques, altruistes et créatrices d'opportunités.
Si l'IA a le potentiel de résoudre des problèmes qui touchent l'humanité entière, elle pourrait également conduire à l'anéantissement. D'où cette vigilance : il faut accompagner la marche du progrès scientifique, tout en construisant dès à présent les outils permettant de se protéger contre les risques liés à la technologie, en commençant par établir un arsenal juridique à un niveau international.
Le règne de l'IA a déjà commencé. Il améliorera le monde et ce, plus rapidement qu'on ne le pense.
Longtemps, Sophie Rollet s'est réveillée en pleine nuit. Pour enquêter sur la mort de son mari, elle a passé des heures sur son ordinateur.
Le 25 juillet 2014, Jean-Paul Rollet, chauffeur routier expérimenté, perd la vie dans un accident sur l'A36. Un autre poids lourd, dont le pneu avant gauche a éclaté, est venu le percuter : les deux cabines sont pulvérisées.
Voilà Sophie, mère de trois enfants, veuve à quarante ans. À Geney, petit village du Doubs où la famille est installée, la rumeur se répand. « La faute à pas de chance », dit-on. Pour la préserver, on refuse à Sophie tout accès à la dépouille de son mari. Faute de corps, le deuil s'avère impossible.
Un an après, la justice classe l'affaire. Mais pas Sophie Rollet, qui se plonge dans la procédure de la gendarmerie pour comprendre ce qui s'est réellement passé ce jour-là. Elle y repère nombre d'erreurs, d'incohérences grossières. Et puis il y a tous ces accidents qu'elle a pu recenser. Des camions chaussés du même modèle de pneus fabriqués par le géant américain Goodyear. Coïncidence, ou pas ?
La quête de vérité de Sophie Rollet ne fait que commencer. Son combat contre la multinationale aussi.