« Le poisson rouge tourne dans son bocal. Il semble redécouvrir le monde à chaque tour. Les ingénieurs de Google ont réussi à calculer la durée maximale de son attention : 8 secondes. Ces mêmes ingénieurs ont évalué la durée d'attention de la génération des millenials, celle qui a grandi avec les écrans connectés : 9 secondes. Nous sommes devenus des poissons rouges, enfermés dans le bocal de nos écrans, soumis au manège de nos alertes et de nos messages instantanés.
Une étude du Journal of Social and Clinical Psychology évalue à 30 minutes le temps maximum d'exposition aux réseaux sociaux et aux écrans d'Internet au-delà duquel apparaît une menace pour la santé mentale. D'après cette étude, mon cas est désespéré, tant ma pratique quotidienne est celle d'une dépendance aux signaux qui encombrent l'écran de mon téléphone. Nous sommes tous sur le chemin de l'addiction : enfants, jeunes, adultes.
Pour ceux qui ont cru à l'utopie numérique, dont je fais partie, le temps des regrets est arrivé. Ainsi de Tim Berners Lee, « l'inventeur » du web, qui essaie de désormais de créer un contre-Internet pour annihiler sa création première. L'utopie, pourtant, était belle, qui rassemblait, en une communion identique, adeptes de Teilhard de Chardin ou libertaires californiens sous acide.
La servitude numérique est le modèle qu'ont construit les nouveaux empires, sans l'avoir prévu, mais avec une détermination implacable. Au coeur du réacteur, nul déterminisme technologique, mais un projet qui traduit la mutation d'un nouveau capitaliste : l'économie de l'attention. Il s'agit d'augmenter la productivité du temps pour en extraire encore plus de valeur. Après avoir réduit l'espace, il s'agit d'étendre le temps tout en le comprimant, et de créer un instantané infini. L'accélération générale a remplacé l'habitude par l'attention, et la satisfaction par l'addiction. Et les algorithmes sont aujourd'hui les machines-outils de cette économie...
Cette économie de l'attention détruit, peu à peu, nos repères. Notre rapport aux médias, à l'espace public, au savoir, à la vérité, à l'information, rien n'échappe à l'économie de l'attention qui préfère les réflexes à la réflexion et les passions à la raison. Les lumières philosophiques s'éteignent au profit des signaux numériques. Le marché de l'attention, c'est la société de la fatigue.
Les regrets, toutefois, ne servent à rien. Le temps du combat est arrivé, non pas pour rejeter la civilisation numérique, mais pour en transformer la nature économique et en faire un projet qui abandonne le cauchemar transhumaniste pour retrouver l'idéal humain... »B.P.
« L'Empire » c'est l'Amérique ou, plus exactement, l'Occident que l'auteur estime avoir vu s'effondrer dans une circonstance biographique récente (l'abandon du peuple kurde...) dont le récit ouvre le livre et qui lui rappelle quelques-uns de ces événements discrets, presque invisibles, venus à pas de colombe, mais qui ont renversé, naguère, le cours de l'histoire de l'Antiquité.
Les « cinq rois » ce sont les cinq nouvelles puissances (ottomane, perse, arabe, chinoise, russe) qui avaient, pensait-on, leur splendeur, leur passé mais aussi leur avenir derrière elles et qui profitent de cet effacement de l'empire, voire du discrédit qui frappe la prédication occidentale, pour revenir au-devant de la scène et tenter d'imposer leur ordre.
Le résultat est un livre bref, captivant, nourri d'histoire ancienne et biblique, mais allant chercher dans l'actualité comme dans l'expérience et la vie de l'auteur, pour brosser un tableau hélas peu rassurant de l'état du monde.
Qu'est-ce qu'une « démocratie autoritaire » ?
Pourquoi les valeurs libérales sont-elles, partout, battues en brèche ?
Que s'est-il, réellement, passé à la bataille de Chéronée ? de Pydna ? et en quoi ces scènes anciennes nous renseignent-elles sur l'issue de la guerre qu'ont déclarée à l'Occident Poutine ou les islamistes radicaux ?
Est-il bien raisonnable, en état de guerre, de vivre à l'heure de cette chasse à l'homme, de cet appel à la délation, de ce lynchage permanent dont bruit désormais Internet ?
Telles sont quelques-unes des questions posées dans ce livre provocateur mais savant, combatif mais s'efforçant de fournir en repères une époque désorientée.
Lorsque Mossoul tombe aux mains de Daech, plusieurs dizaines de milliers de Chrétiens fuient la plaine de Ninive, au nord de l'Irak. Mais pas seulement : il y a là aussi des enfants, des femmes, des vieillards, des familles entières, de toute confessions et origines. En quelques heures, ils abandonnent leurs maisons, leurs églises et leurs cimetières, fuyant un assaut de haine et de cruauté. Ils quittent cette terre, celle de Noé, d'Abraham et de saint Thomas, la leur depuis deux millénaires.
Au cours d'une incroyable épopée, un prêtre, le père Michaeel Najeeb, sauve plusieurs centaines de manuscrits vieux de plusieurs siècles que les djihadistes ont juré de réduire en flamme, comme ils ont détruit Palmyre ou saccagé le tombeau de Jonas. Au péril de sa vie, ce dominicain né à Mossoul nettoie, restaure et protège ces textes sacrés de la haine des pillards.
Au cours de ce long exode, cruel, inhumain, il sauve aussi des familles, les nourrit, les loge, les encourage, chrétiens, Yézidis ou musulmans, tous enfants du désastre. L'arche se cherche un capitaine, qui remercie Dieu de l'avoir choisi. Parfois le destin est une grâce.
Ce récit exceptionnel raconte une épopée, à hauteur d'homme. Celle d'un homme qui s'est juré de sauvegarder les livres pour sauver les hommes et leurs racines de la folie.
Ce 15 avril, en fin de journée, le soleil inonde les quais de la Seine. Parisiens et touristes s'émerveillent des splendeurs de la ville. Peu à peu, pourtant, tous les regards se tournent vers Notre-Dame. Quelle est cette fumée épaisse qui s'échappe brutalement des charpentes et qui enveloppe la toiture ? Puis viennent les flammes, qui prennent rapidement de la hauteur, et enserrent la flèche qui s'embrase. Aux bruits du feu s'ajoutent l'effroi et la sidération. Ceux qui croient mais aussi ceux qui ne croient pas se rassemblent. Foule silencieuse, foule stupéfaite, assistant à la lutte de la vieille dame. La France entière pleure sa cathédrale, sous les yeux du monde.
Pour la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris, c'est le début de l'une des nuits les plus longues. Un combat qui sera redoutable : ces jeunes hommes et femmes le savent, car ils connaissent les secrets de Notre-Dame. Ils savent tout de « la forêt » qui constitue la charpente. Du trésor qu'il faudra aller chercher au coeur de l'enfer. Des ruelles alentours qui empêchent les camions d'approcher, de l'eau qu'il faudra puiser dans la Seine, de cette bataille à livrer de l'extérieur, mais surtout à l'intérieur, au plus près des flammes et de la chaleur, en équilibre instable, avec des cheminements de repli précaires, du plomb en fusion qui déjà coule... Et si la tour Nord venait à s'effondrer, le coeur de Paris sera-t-il encore debout ?
Les Pompiers n'ont en réalité qu'une heure ou deux pour sauver ce que la France a de plus beau. Il faut lutter, tenir les lignes d'arrêt et progresser chaque fois que les éléments le permettront. Avec en tête la devise de la brigade : « Sauver ou périr », alors que quatre des leurs sont tombés ces douze derniers mois. Et s'il faut y aller pour Notre-Dame, pas un ne regarde en arrière. Sans un mot, ils sont prêts.
Fait unique dans l'histoire, ce sont les héros de cette nuit qui ont écrit ces pages. Avec leurs mots, leurs peurs et surtout leur courage, les sapeurs-pompiers racontent cet adversaire puissant qui emporte chaque année certains des leurs, ce combat intime avec les flammes, l'odeur et le bruit des poutres en feu, le fracas de la flèche, les tourbillons de fumée et de gaz chauds qui, à plus de 40 mètres, aveuglent et étouffent. Un adversaire qui met à nu. Un adversaire que l'on ne peut vaincre que soudé et groupé.
« Quand Donald Trump a été élu à cette fonction en 2016, beaucoup de gens ne savaient pas à quoi s'attendre. À présent, nous savons à quoi nous attendre. Nous le savons tous.
Dans l'histoire de la démocratie américaine, nous avons eu des présidents indisciplinés. Nous avons eu des présidents inexpérimentés. Nous avons eu des présidents amoraux. Jusqu'à présent, nous n'avons jamais eu le tout en même temps.
Ce livre veut mettre en lumière la réalité de l'administration Trump et questionner l'aptitude de l'actuel président à continuer de diriger les États-Unis d'Amérique. J'écris ces lignes à la veille de ce qui pourrait être l'élection la plus importante de nos vies à tous. » Sous couvert d'anonymat, pour la première fois, un haut responsable de l'administration Trump parle...
Dans son Journal d'un Infréquentable, Stéphane Guillon, avec son regard acéré et sa plume mordante, nous entraîne dans une balade insolite et exaltante au coeur de ce que fut cette année si particulière qui débute en septembre 2016 et s'achève en 2017.
Une saison émaillée de scandales politico-financiers, de coups d'éclats, d'élections, de rebondissements, de faits divers et de faits « people »... Douze mois qui coïncident avec un changement radical du paysage politique français.
Dans son récit personnel de « la grande Histoire », Stéphane Guillon mêle habilement ses souvenirs intimes. Des souvenirs d'enfance comme la disparition cruelle de son hamster Diabolo..., des rencontres marquantes : Jean-Paul Belmondo dans une boutique de prêt à porter, Charb directeur de Charlie Hebdo quelques mois avant sa mort...
Au fil des pages, le lecteur accompagne au plus près « l'Infréquentable » et croise ceux qui émaillent sa vie quotidienne en tournée, dans les coulisses de la télévision, au sein de sa famille...
On y découvre des personnages connus ou anonymes, mais toujours hauts en couleur : son patron, monstre télévisuel dépourvu d'affect, son assistant Antoine, féru d'humour noir, au point de choquer Guillon lui-même, Jacques, le régisseur des tournées, le papa poule aux petits soins avec l'artiste, gérant ses caprices et ses névroses, sa femme Muriel, son double, sa muse, son metteur en scène mais qui au fil de la saison tombera sous le charme d'Emmanuel Macron, obligeant Guillon à écrire ses punchlines en cachette...
Et bien entendu, se dessine aussi en creux le portrait de Guillon qui ne s'épargne pas. « On pensait avoir à faire à Lenny Bruce, on se retrouve avec Jean Rochefort dans Tandem » écrit-il de lui-même !
Une plongée dans le monde impitoyable des médias, le témoignage d'une saison folle, mais aussi un récit amer et tendre à la sauce Guillon. Un Infréquentable qu'on adorera fréquenter.
En 2018, l'agence américaine du médicament a accordé le statut de « thérapie innovante » à une molécule prometteuse pour traiter la dépression : la psilocybine, principe actif des champignons hallucinogènes. Une molécule qui, avec ses cousins LSD et mescaline, a été expérimentée dans les années 60 par les plus grands psychiatres, de Harvard à Sainte-Anne. Mais ces substances que la médecine tenait pour révolutionnaires se sont diffusées dans la jeunesse, entraînant un contrecoup répressif qui paralysa la recherche. Elles restent cataloguées parmi les drogues les plus dangereuses et interdites presque partout dans le monde.
Depuis, qui entend psychédélique pense aux Beatles, à Woodstock, aux années 60. Pas à l'étymologie, du grec psyché, l'âme, et délos, visible, qui signifie « révélateurs de l'inconscient ». Ni au premier nom scientifique de ces substances, le très poétique « phantastica ». L'histoire scientifique des psychédéliques est tombée aux oubliettes, victime de la « guerre à la drogue » des années 70. Stéphanie Chayet raconte comment leur utilisation médicale est aujourd'hui en pleine renaissance aux Etats-Unis, dans les institutions scientifiques les plus sérieuses. Une vraie saga, que la France tente encore d'ignorer.
Que se passe-t-il dans un cerveau sous l'emprise d'un psychédélique ? Quels sont leurs effets persistants ? Si l'on s'en tient à la médecine : soulager la dépression, supprimer la peur de mourir, guérir la dépendance aux opiacés, au tabac, à l'alcool. La science révèle aussi qu'ils nous rapprochent de la nature, des autres, du mystère, un supplément d'âme qui n'intéresse pas que les souffrants. Une fascinante révolution en perspective et un bouleversement total de la distinction entre drogues et médicaments.
« Chacun sa France : les bobos, les enfants d'immigrés qui préfèrent le drapeau algérien, les patriotards qui font grincer les violons de l'identité et du roman national, les perdants, les banlieusards, les exilés fiscaux, les zemmouriens, les soixante-huitards, les syndicats sans troupes et les patrons mendiants, les profiteurs et les contempteurs des trente-cinq heures, les anti-média qui rêvent de passer dans la lucarne... Tous vivent dans une sorte de pays communiste qui marche ; et tous sont, malgré leur obsession de la dérision et leur méfiance du voisin, unis par quelque chose de désuet et vaguement ridicule : la France, cette bizarrerie qu'ils détestent aimer ou aiment détester. Comme les Anglais !
Ils sont fiers de Versailles depuis leur pavillon. Ils ont cru à la grandeur et vu beaucoup de petitesses, des jalousies, des blessures (1940, 1962), des supermarchés plutôt que cathédrales, de l'économie plutôt que des romans, des voies sur berge plutôt que des start-ups, des batailles de chiffres plutôt que des duels à l'épée... Ils se sentent coupables, médiocres, déclinants, absents, muséifiés, populistes, vaguement racistes, attendant de solder les derniers bijoux - une langue, une culture ; attendant aigrement l'Europe, la « mondialisation », les régions renaissantes...
Quel « pays imaginaire » leur offrir, qui soit leur pays véritable ?
Un pays qui retrouve ses paysages, sa beauté : ça coûte, mais peu. Qui retrouve son école : ça coûte, mais ça rapporte. Un pays qui redevient un laboratoire artistique et culturel, qui soit ce qu'il a souvent été, le phare intellectuel du monde. Un pays curieux au double sens, et tout à fait joyeux d'être communiste et libéral. Un pays où l'esprit surréaliste de Mai 68 puisse cohabiter avec Valmy, la Nuit du 4 Août, Versailles, la laïcité et les Médailles Fields qu'il collectionne... » Bernard Maris
L'historienne américaine Anne Applebaum n'est pas la seule à faire le constat alarmant que nos démocraties sont en danger. Mais son expérience - les années qu'elle a passées en Pologne après avoir travaillé à Londres - donne à son regard une acuité que peu d'observateurs possèdent. Son livre nous propose un voyage en Pologne, en Hongrie, au Royaume-Uni puis aux Etats-Unis qui nous conduit de l'intérieur de la droite modérée vers cette nouvelle droite flirtant avec l'illibéralisme et la tentation autoritaire. Son analyse est précise et s'appuie sur une connaissance approfondie des politiques mises en place par Droit et Justice en Pologne ou par le gouvernement Orban en Hongrie, en décrivant notamment les purges dans les administrations, institutions culturelles et médias. Applebaum examine ensuite les raisons qui ont poussé des hommes comme Boris Johnson à soutenir l'idée du Brexit et comment le mensonge assumé est devenu une arme politique d'une efficacité redoutable. L'hypocrisie, le cynisme, la soif de pouvoir d'une droite prête à tout prend des formes légèrement différentes dans ces pays, mais la tentation de gouverner de manière autoritaire est la même partout, et le trumpisme en fut l'illustration la plus spectaculaire pour Anne Applebaum. Son livre est un cri d'alarme à la fois rigoureusement argumenté et infiniment personnel.
« Comme beaucoup de Français, il m'est arrivé, au cours d'une promenade dans le parc du château de Versailles, de passer en l'ignorant devant le pavillon de La Lanterne. Caché par les arbres centenaires et par un mur de ronde, protégé par des dizaines de caméras à infra-rouge, le petit palais est invisible. Ce qui se passe dans cette bâtisse exquise nous échappe : la poursuite de la royauté dans notre terne démocratie...
Ceux qui ont été invités dans cette résidence affectent d'avoir tout oublié. François Hollande lui même, pourtant prolixe avec les journalistes et les écrivains, fait répondre qu'il peut me parler de tout, tout ... sauf de la Lanterne. Le pavillon est le lieu le plus secret de la République. Quand ils s'y installent, nos élus se croient à l'abri des regards et y prennent leurs aises. Maîtresses, courtisans, copains, chanteurs, argent liquide et toiles de maîtres, ils exercent ici mille caprices, abusent de leurs privilèges et s'enivrent de ne pas avoir à rendre compte. La Lanterne est la Garçonnière de notre République, un lieu qui dit tout des travers de nos responsables politiques. Dans ce décor charmant, les personnages s'appellent Cécilia, Carla, Valérie et Julie, Nicolas Sarkozy, François Mitterrand, Jacques Chirac, Michel Rocard, André Malraux, sans oublier les jardiniers, serveurs, cuisiniers et gardes du corps. Les réveillons de François Hollande et les serviettes armoriées pour les amis de ses enfants, les appels téléphoniques de Kadhafi et les framboisiers des fils Fabius, ce livre dévoile cinquante ans de vie politique française. »E.L.
Alizé Bernard a été victime de violences conjugales. Si elle savait les difficultés qu'ont les femmes à parler et à se faire entendre, elle n'imaginait pas combien le statut de son conjoint rendrait son combat pour s'en sortir plus difficile encore. Car ce dernier était gendarme. Or comment faire quand celui qui vous bat se sert de son statut, représentant de l'ordre, de sa place dans l'institution policière, de sa connaissance des procédures et des liens supposés de solidarité avec ses collègues, pour vous intimider, vous dissuader de vous défendre et faire valoir vos droits ? A Sophie Boutboul, journaliste travaillant sur les violences faites aux femmes, elle a accepté de raconter son histoire ; les mois de silence, isolée en caserne, persuadée que nul n'accepterait de la croire, la peur démultipliée devant un homme incarnant la loi et disposant d'une arme de service, puis les années de luttes, seule, pour faire valoir ses droits malgré les obstacles qu'elle dénonce ; les tentatives de dissuasion de certains gendarmes, les procédures non respectées, l'absence de sanction hiérarchique, l'indulgence de certains juges. L'impression de se battre contre un système.
Au récit de son combat étape par étape, répond, en alternance, l'enquête qu'a menée Sophie Boutboul. Car le cas d'Alizé n'est pas isolé. Chaque année, des femmes meurent sous les coups et les balles de leur conjoint policier ou gendarme. Pendant un an et demi, elle a sillonné le pays pour recueillir le témoignage de femmes ayant connu le même chemin de croix : les tentatives de dissuasion, les menaces, les procédures caduques, la protection, voire l'impunité, dont certains ont joui du fait de leur statut. Pour en comprendre les raisons, elle a rencontré des avocats, juges, magistrats, les membres d'associations aidant des femmes dans le même cas, les familles des victimes, mais aussi des policiers et des gendarmes reconnaissant les conséquences de leur métier sur leur vie personnelle et l'absence de mesures pour les prévenir, et les hauts placés de l'IGPN et de l'IGGN, les instances d'inspection de la police et de la gendarmerie. Elle expose les failles d'un système qui ne pense pas la place des femmes auprès d'hommes exposés à la violence et les risques que cela implique. C'est un texte engagé qu'Alizé Bernard et Sophie Boutboul signent là. Pour permettre aux femmes victimes de telles violences de savoir qu'elles ne sont pas seules. Ouvrir le débat et proposer des pistes de réflexion, des solutions, pour protéger les victimes de ces violences particulières.
« Je m'appelle Mehdi, Thomas, Maximilien Meklat. J'ai vingt-six ans. De décembre 2010 à février 2017, entre mes dix-neuf et mes vingt-cinq ans, j'ai publié plus de cinquante mille tweets sur mon compte Twitter, sous le pseudonyme Marcelin Deschamps, sans jamais cacher que ce compte m'appartenait. En septembre 2016, je l'ai même repris sous mon vrai nom. La plupart de mes tweets étaient bêtes et méchants, d'autres drôles; une vingtaine d'entre eux infâmes, ignobles. Je m'en suis excusé dès le début de ce que la presse a appelé l'« Affaire Meklat » et j'implore à nouveau le pardon de tous ceux qui se sont sentis blessés ou meurtris par ces tweets. Je regrette, bien plus encore que l'on ne peut m'en vouloir, de les avoir écrits.
Je sais que beaucoup me veulent à jamais interdit de parole depuis que j'ai pu écrire de tels mots : ceux-là sont libres de ne pas lire ce livre. Pour les autres, je veux revenir sur cette « Affaire Meklat », pas seulement pour essayer de comprendre ce qu'il m'est arrivé et me réconcilier avec moi-même, mais parce qu'elle peut être édifiante pour toute ma génération qui croit sincèrement à la virtualité - donc l'impunité - des paroles proférées sur les réseaux sociaux.
Si j'ai été le premier à subir les conséquences de tweets écrits sous pseudonyme, de nombreux autres ont suivi, en France et dans le monde. Comme moi, ils utilisaient Twitter quand il n'était encore qu'un terrain de jeu apparemment sans conséquence, et non le média surpuissant qu'il est devenu.
Peut-on aborder froidement, aujourd'hui, les questions de fond que Twitter pose ? Peut-on parler du caractère paradoxal de ce media qui encourage l'hystérie de l'improvisation tout en interdisant le droit à l'oubli ? Parler aussi des condamnations à perpétuité de tous ces jeunes imbéciles qui, comme moi, portent la faute de leurs premières transgressions? Puisse ce livre nourrir le débat, sans être d'emblée disqualifié du fait de son auteur. Si ce texte devait dissuader ne serait-ce qu'un jeune geek de se suicider socialement, un jour, à coups de tweets, alors il n'aura pas été inutile à mes yeux. »
« Berthe Morisot est au coeur sinon le coeur de la grande aventure impressionniste. Ni grâce ni muse, mais peintre à part entière dans un univers d'hommes qui admirent son pinceau, sa palette autant que ses yeux noirs , elle figure parmi les artistes les plus audacieux de son époque.
Degas, Monet, Renoir furent ses amis et la tenaient en haute estime. Manet l'a peinte inlassablement, elle porte son nom pour l'état-civil. Provocation... ? C'est un monde sans sexe et sans violence que j'ai choisi de peindre à travers ce portrait d'une femme résolument pudique, secrète, étrangère à toute forme d'exhibitionnisme, et pourtant passionnée, ardente, dont toute la vie est habitée par les démons du désir et du rêve. »D. B.
L'onde de choc des attentats terroristes du mois de janvier 2015 ne cesse de projeter son ombre sur notre société. Les Français sont sonnés et la France n'a pas encore fini de panser ses plaies.
Pour les uns, l'islam serait une religion « inassimilable », encore alimentée par une immigration depuis longtemps incontrôlée mais cautionnée par l'establishment « UMPS » et l'Europe de Schengen, au risque du « grand remplacement ». Pour d'autres, la persistance sur notre territoire de ghettos sociaux ferait de notre pays un régime d'« apartheid». Pour d'autres encore, la République, en refusant de reconnaitre son passé colonial et son présent postcolonial, nourrirait les discriminations, l'antisémitisme, et tous les ressentiments.
Pour tous, la République est en jeu : soit en danger, donc sommée d'en revenir à de strict principes fondateurs comme celui de la laïcité ; soit coupable, donc sommée de se réformer en reconnaissant sa diversité (statistiques ethniques ou discrimination positive).
Ce livre prend toutes les questions au sérieux et y répond. Sur l'immigration, l'intégration, la laïcité et l'Islam, la nationalité et l'attachement à la France, la vérité des faits dissout les affabulations mais révèle les frontières sociales et intellectuelles qui ont contribué à les créer et les entretenir. Cette vérité dévoile une histoire commune à tous les Français mais trop méconnue. Elle offre un sens à la République aussi éloigné des lamentations déclinistes que de l'irénisme béat, un chemin étroit permettant à chacun de se retrouver dans un récit national partagé et de réinventer un projet commun.
« A quoi bon expliquer l'inexplicable ? Pour nombre d'entre nous, le criminel, le tueur, n'est qu'une figure maléfique que l'on préfère chasser de notre esprit d'un revers de la main. Se confronter au mal, l'approcher par celui qui l'a commis ou celui qui l'a subi, constitue nécessairement un défi car il ne peut obéir à un schéma stéréotypé. » Depuis 1984, Jean-Luc Ployé a effectué plus de 13 000 expertises psychologiques pour les tribunaux français : la moitié sont des victimes, l'autre des mis en cause. Parmi eux : Michel Fourniret, avec qui il devra passer huit heures dans une salle minuscule, sa femme Monique Olivier, qui se révèlera brillante aux tests d'intelligence, ou encore Francis Heaulme dont il découvre le haut du corps mutilé par de fréquentes autoflagellations. Son travail consiste à établir leur profil psychologique à l'aide de divers tests, d'entretiens qui lui permettent d'essayer d'entrer dans la tête des tueurs. C'est l'homme qui, aux Assises, essaiera d'éclairer ou d'étayer la décision des juges et des jurés pour les cas les plus complexes, les plus horrifiques, les plus sombres.
Jean-Luc Ployé nous dévoile ainsi les coulisses du premier travail de profilage en France, élaboré avec la gendarmerie et validé par FBI, travail qui mènera à l'interpellation de Pierre Chanal dans l'affaire des « disparus de Mourmelon ». Nous plongeons avec lui dans les coulisses d'un métier unique et fascinant : y a-t-il des formes du mal ? Existe-t-il des êtres dangereux et incurables ? Vivons-nous parmi des assassins en puissance ?
Cet ouvrage, écrit avec Mathieu Livoreil, révèle ce travail de recherche scientifique et personnel, fondé sur les carnets du psychologue pendant plus de 30 ans. Un choc.
Il n'y a pas de grand homme pour son valet de chambre, assurait Hegel. Mais il est parfois des héros qui demeurent des héros, même pour leurs frères de sang. Cédric et Damien, ses deux frères cadets, ont ainsi entrepris de raconter à la première personne du pluriel leur « Arnaud ». Leur livre n'est pas une biographie exhaustive : il saisit au fil de la mémoire fraternelle et de dizaines d'épisodes dont ils furent les témoins privilégiés, et souvent les complices, la naissance et l'affirmation d'une vocation héroïque, des jeux de guerre de l'enfance aux marches dans la forêt de Brocéliande ou en Corse, de l'Aiguille du Midi au Mont-Blanc. La naissance aussi d'un soldat d'élite, chez les parachutistes, puis au sein d'un commando de la gendarmerie appelé à n'intervenir qu'à l'étranger ou dans les DOM-TOM. Soldat d'exception que ne fascine pourtant ni les armes ni la violence.Son idéal, c'est déjà servir, défendre et protéger. Bien sûr, le héros ne se révèle tel que dans le péril, le courageux n'est pas courageux par nature mais dans l'action, le brave ne porte pas sa bravoure en bandoulière car elle n'existe qu'en actes. Et pourtant, il est possible de comprendre comment s'est forgé un homme qui a su honorer, au moment décisif, ce rendez-vous auquel toute sa vie l'avait préparé. Un héros pour qui importait plus que tout la fraternité. Celle qu'on éprouve envers ses frères, celle que lui imposait sa foi catholique (« Vous serez comme des frères ») ou son idéal maçonnique (et ses discussions avec ses autres frères, ses compagnons à l'armée et dans la gendarmerie), celle enfin de la triade républicaine au fronton des bâtiments publics. C'est pourquoi la parole de Cédric et Damien Beltrame est si précieuse et si éclairante. Elle l'est aussi parce qu'elle ne dissimule rien des moments plus difficiles, voire des échecs d'Arnaud.. Rien non plus de leurs différends, et d'une constellation familiale bouleversée où s'est forgée douloureusement sa vocation, dans l'admiration pour un grand-père lui-même ancien parachutiste en Indochine et un père haï par ses frères, dont il n'a cessé de vouloir racheter le nom et sauver l'honneur.
« A vrai dire je me sentais une dette vis-à-vis de Pierre Overney, une dette que Maos, mon précédent roman, ne me semble pas avoir comblée. J'ai songé qu'il eût été dommage de ne pas tirer un récit des milliers de documents que j'ai lus, de la soixantaine d'interviews que j'ai faites pour aboutir au roman Maos. Mais d'abord qui est Pierre Overney ? « Qui se souvient de lui aujourd'hui ? » me disait un de ses frères non sans amertume. Les nouvelles générations auront du mal à croire que, dans les années 70, plus de 200 000 personnes ont défilé à Paris derrière le cercueil de cet inconnu : Lionel Jospin, Simone Signoret, Jean-Luc Godard, André Glucksmann et j'en passe... Pierre Overney était un ouvrier maoïste de 24 ans que ses petits chefs de la Gauche prolétarienne ont envoyé en commando pour casser la gueule aux gardiens « fascistes » de l'usine Renault, à Boulogne-Billancourt. Un membre du service d'ordre, Jean-Antoine Tramoni, a sorti son arme : Overney-le-mao est mort d'une balle en plein coeur. C'était le 25 février 1972. Ironie de l'Histoire, au même moment, en Chine, le président des Etats-Unis, Richard Nixon, se congratulait avec... Mao. Simultanément, dans nombre de pays d'Europe, dont la France, des groupements gauchistes s'en prenaient avec violence moins au capitalisme qu'au parti communiste, à qui ils reprochaient de ne pas « faire la révolution ». La montée du terrorisme des années 70 a-t-elle été manipulée ? Pierre Overney, dans la naïveté de ses vingt ans, est-il mort à la confluence de jeux politiques et policiers souterrains qu'il était bien incapable de soupçonner ? Lors de l'enterrement d'Overney, le philosophe communiste Louis Althusser aurait dit : c'est le gauchisme qu'on enterre. On peut se demander maintenant si, ce jour là, ça n'est pas tout simplement la Gauche qui est morte. » Morgan Sportès
Petite ville de Camargue coincée entre Nîmes et Montpellier, Lunel n'est plus ce coin tranquille où l'on ne jurait que par le soleil, les vignes, le football et la passion de l'arène car une vingtaine de jeunes ont quitté la ville pour la Syrie. Musulmans fraîchement convertis, juifs ou catholiques, ils avaient à peine la trentaine, ils étaient chômeurs, footballeurs ou ingénieur et tous ont fui pour rejoindre des chefs de guerre djihadistes. Exode funeste qui conduira certains d'entre eux à la mort.
Comment Lunel en est-elle arrivée là ? En quarante ans à peine, la commune est devenue une des plus pauvres de France. Le chômage, la violence, l'immigration et le racisme y ont explosé. La population s'est divisée, les communautés radicalisées et face à ce naufrage, des politiciens locaux attentistes, complaisants, souvent impuissants.
Pendant des mois, les auteurs ont arpenté cette terre devenue le symbole d'un échec national. Ils ont rencontré des religieux, modérés ou extrémistes, des jeunes et des anciens, des professeurs, chefs d'entreprises, bénévoles associatifs, des élus, des policiers, magistrats, avocats et gendarmes. L'histoire qu'ils nous racontent est celle de jeunes partis mourir et tuer en Syrie. L'histoire de ceux qui, dans l'indifférence générale, les ont soutenus ou embrigadés. Ce n'est pas l'histoire d'une ville mais celle d'une faillite française.
" Il est possible d'écrire un roman constitué de lettres, il est possible de former ainsi un journal phénoménalement impudique, le journal d'une psychotique, une MISE A NU exhibitionniste, un autoportrait littéraire qui illustre mon travail pictural.
[...] Entraîner des inconnus dans mon appartement, déshabiller des hommes adultes [...] Faire de la séduction même une action artistique [...] Vous avez maintenant compris que j'y suis dans la peinture, jusqu'au cou, jusqu'au con [...]. Si ce n'est pas de la folie, de quoi s'agit-il ? " B. S.
" Blandine Solange, ma patiente, s'est pendue le 20 octobre 2000 dans son appartement de Francfort [...] "Vous n'êtes pas folle !" Après toutes ces années, je m'interroge pour savoir d'où a pu me venir une telle audace...
" G. V.
Aujourd'hui, respirer tue. En France, la pollution de l'air fait 48 000 victimes par an. C'est le plus grand scandale sanitaire de ces dernières années; les pics de pollution se succèdent et pourtant, rien ne change. Les mesures pour lutter contre cette hécatombe, dès qu'elles touchent à la voiture, se heurtent à une même critique : l'accusation en « écologie punitive ». Expression qui résume à elle seule l'impasse dans laquelle se trouve notre politique écologique. On nous demande des sacrifices plutôt que de protéger notre santé ou nos emplois.
Le pari de ce livre ? Repenser l'écologie à la racine pour la sortir de sa dimension moralisante et punitive; montrer que le souci de l'environnement n'est pas une affaire de clivage entre gauche et droite, ou entre citadins et banlieusards, mais un défi qui nous concerne tous ; et proposer, enfin, une transformation profonde : jusqu'à présent, on a voulu mettre la société au service de l'environnement, il s'agit désormais de faire l'inverse.
Un manifeste pour une écologie joyeuse, fondée sur la justice et l'innovation.
On associe traditionnellement le terme de « camp de concentration » à l'Allemagne nazie ; la mémoire historique en Occident semble avoir oublié que des camps semblables, les « kontslager », apparurent en Russie dès 1918, lorsque au lendemain de la Révolution, Lénine et Trotski organisèrent la répression contre les « ennemis du peuple ». Dès lors, le phénomène du Goulag ne cessa de s'amplifier pour devenir, dès avant Staline, la première administration de l'Union soviétique, et ne disparut qu'à la chute du régime en 1989. Il fit près de 20 millions de victimes. Si Soljenitsyne, avec L'Archipel du goulag, en a donné un inoubliable témoignage littéraire, aucun historien jusqu'à présent n'avait entrepris de faire la synthèse historique de l'univers concentrationnaire propre au régime soviétique. C'est ce qu'a fait Anne Applebaum, en puisant dans une masse prodigieuse et jusqu'ici largement inexplorée d'archives, de témoignages, de mémoires et d'interviews de survivants. Goulag retrace l'origine des camps, leur essor sur tout le territoire soviétique, des Solovki à la Kolyma, puis leur déclin progressif. À cette analyse historique, géographique et économique du système s'ajoute, pour la première fois, une étude sociologique minutieuse de la vie quotidienne des millions de « zeks » emprisonnés : l'absurdité des arrestations, la cadence infernale des travaux, la terreur, les violences inouïes et la mort, omniprésentes, les effroyables conditions d'hygiène et de subsistance, mais aussi les stratégies de survie, les tentatives d'évasion, et l'espoir et la solidarité qui, en dépit de tout, subsistent... Cet ouvrage est une étude historique à la fois passionnante et d'une importance capitale, un recueil bouleversant de témoignages essentiels à la compréhension d'un phénomène trop longtemps ignoré.
Reiser est mort d'un cancer le 5 novembre 1983, à 42 ans.
Quelques jours plus tard, Hara-Kiri, son journal fétiche, titrait : " Reiser va mieux, il est allé au cimetière à pied. " Faux, Reiser n'a jamais trouvé le cimetière. Il hante encore notre époque. Il avait tout prévu, tout dessiné. Gros Dégueulasse, sa créature mythique, s'est réincarné en bobo, et tout le monde crie " Vive les femmes ! ". Reiser a dépucelé le dessin d'humour. Utopiste, il a jonglé avec les idées et les fantasmes les plus fous.
Mais que sait-on de la vie de cet orphelin, né d'une femme de ménage et d'un père inconnu qui alimenta toutes les rumeurs ? De la misère à la gloire, la route fut longue pour l'ancien grouillot des vins Nicolas. Elle croise la fabuleuse histoire bête et méchante d'Hara-Kiri et baigne dans le chaudron sensuel de Charlie Hebdo. Elle traverse la France coincée puis libertaire des années 60-70. C'est une vie illuminée par des femmes qui lui ont tout appris, sauf à dessiner - c'est lui qui les a dessinées, magnifiées.
Reiser, le plus drôle des voyeurs, fut le charme incarné. Il a inventé un trait. Il a échappé à tous en étant follement aimé. Il a violenté, ébloui notre imaginaire. " Je dessine le pire parce que j'aime le beau. " Il y a un mystère Reiser, que cette biographie entend révéler.
Michel Bouquet et Charles Berling sont les acteurs de théâtre et de cinéma que l'on ne présente plus. Parmi les derniers rôles au cinéma de Charles Berling, on citera : Les destinées sentimentales de Olivier Assayas, d'après le roman de Jacques Chardonne, ou la récente comédie Quinze Août.
Le Livre :
« Je me souviens de discussions merveilleuses avec Claude Sautet, Robert Enrico, Jean-Louis Trintignant, Philippe Noiret et d'autres, avec ces artistes de la génération de mon père qui ont connu un monde que je ne connaîtrai pas. A l'été 2000, à la fin du millénaire donc, je découvre de plus près un immense acteur : Michel Bouquet. Nous tournons ensemble le film d'Anne Fontaine, Comment j'ai tué mon père. A nouveau discussions merveilleuses et, au fil de ces échanges, un manque, une envie d'aller beaucoup plus loin, de questionner sa génération, d'essayer de comprendre ce qui nous réunit ou ce qui nous sépare, ce qu'ils nous ont transmis, ce que nous en faisons et ce que nous pourrons à notre tour donner à nos enfants. Qu'est-ce qui change si vite ? Quels effets cela provoque-t-il dans les esprits et dans les coeurs ? Une envie de confronter les sensations d'un homme comme Michel Bouquet et les miennes sur une époque passée et une époque à venir. Et ceci, à travers nos vies d'acteur ou nos vies de citoyen.
Donc voilà, quelque chose comme ça, comme un appel fort, nécessaire qui me pousse à commencer ce dialogue avec Michel - écrit, hier, aujourd'hui, demain - qui m'a donné envie de ça. » Charles Berling
Il aura fallu plus de cinquante ans, la chute du mur de Berlin et l'effondrement de l'Union soviétique, pour que l'on découvre comment des communistes assassinaient des dissidents communistes au coeur même de la Résistance française. Octobre 1943. Pas très loin de Puy-en-Velay, au hameau de Raffy, le plus grand maquis du centre de la France dirigé par le Parti communiste français et l'état-major des FTP, quatre corps sont enterrés à la diable dans une forêt de sapins : Pietro Tresso, un des fondateurs du Parti communiste italien, Jean Reboul, Abraham Sadek et Maurice Siegelmann. {Meurtres au maquis} est le fruit d'une enquête d'investigation qui a duré près de vingt ans, et qui relate l'enchaînement de deux grandes évasions des prisons de Saint-Etienne et du Puy-en-Velay. Ce livre dit comment les trotskystes furent évadés parmi une centaine de FTP, et comment ils furent assassinés dans le maquis... Cinquante ans après les faits, les jeunes résistants d'hier ont parlé aux auteurs : pourquoi ont-ils obéi aux ordres ?