Dans La Valeur des rêves, Marie Lebey fait le récit, sur les chapeaux de roue, d'une aventure rocambolesque, faite de remontées dans le temps allant jusqu'à la Seconde guerre mondiale, et de traversées à travers la France allant de Paris à Saint-Vincent-de-Paul : une oeuvre d'art majeure, une sculpture monumentale créée par Alexander Calder, l'immense artiste américain, a été découverte par hasard au beau milieu d'un camp de vacances, avant d'être revendue quelques mois plus tard pour un montant record.
Plus connu du grand public pour son travail sur le « mobile », Calder a aussi réalisé une série de « stabiles » qui, eux, ne bougent pas, et c'est à cette catégorie qu'appartient « Moustipic », le trésor après lequel court la narratrice de ce roman aussi drôle que documenté sur les coulisses du monde de l'art contemporain.
La valeur des rêves, c'est ça : le décalage entre un stabile qui sert de Tancarville aux maillots de bain et sa valeur sur le marché de l'art.
Ils ont tout essayé. En vain. "Blessés" psychiquement au combat ou lors d'un accident, Mathieu, Claude, Cristopher et Florian souffrent de stress post-traumatique. Aurélie Champagne a suivi pendant un an ces hommes en rupture qui intègrent, un peu en désespoir de cause, le programme Arion. Cette méthode de médiation canine vient de l'armée américaine. Jusqu'à la SPA de Carcassonne.
Aboubakar a été tué. Il avait 13 ans. Le journaliste Ramsès Kefi rôde depuis dans ce coin de banlieue qui voit les drames se succéder. Où se côtoient des jeunes cadres parisiens et des petites mains du Covid, une école délabrée et un commissariat en soins palliatifs, des maires en alerte et des adolescents qui planquent des couteaux. Comme si les leçons de 2005 n'avaient jamais été tirées.
« On résiste à l'invasion des armées ; on ne résiste pas à l'invasion des idées. » Relire notre histoire récente à l'aune de Victor Hugo (Histoire d'un crime) peut donner le vertige. Vertige des conquêtes militaires, vertige de ces mercenaires russes et leur cohorte de crimes commis en Afrique, vertige des mensonges de la guerre érigés en vérité du jour.
Notre époque est cruelle pour la vérité. Malmenée, bafouée, rognée, tordue et déchirée en mille morceaux par les acteurs du pouvoir, la vérité se noie dans les sombres desseins de ceux qui veulent convaincre les esprits faibles. Tous ceux qui sont prêts à exécuter les partisans de la démocratie sans le moindre scrupule. Tous ces ennemis de la liberté qui ne font plus de différence entre le Nord et le Sud, les riches et les pauvres, les villes et les campagnes. Partout, ils pillent, manigancent des complots permanents, corrompent gouvernements et États sans vergogne. Avec, toujours, une même et seule victime, la vérité.
Qu'il s'agisse de conquérir le droit de jouer au rugby, de canaliser la rage des jeunes de banlieue ou de rentabiliser la notoriété de Marcel Proust, les histoires de ce numéro de XXI nous rappellent à quel point la volonté des hommes est un puissant facteur de cohésion.
Alors que faire ? Que faire, sinon continuer à rétablir le fil des événements, à retracer le destin des sociétés et à faire vivre l'idée que le collectif a encore un sens. Pour gagner la plus importante des batailles, comme le rappelle Hugo, celle des idées.
Il y a celles que les appareils de surveillance prennent à notre insu. Au supermarché, au feu rouge, sur notre palier. Avec 420 millions de caméras, la Chine a poussé l'idéal sécuritaire à son paroxysme. On nous promettait des villes intelligentes ; au Xinjiang, on obtient des camps de rééducation. Hikvision, l'entreprise qui fournit 145 villes de France en matériel de surveillance, participe à la répression des musulmans ouïghours. De ces femmes et de ces hommes ne reste qu'une multitude d'images manquantes. Parfois, une image se détache, singulière. Elle devient symbole, s'invite dans les livres d'histoire. En Afghanistan, un taliban en turban aurait dû rester dans l'anonymat de son village. C'était compter sans ses yeux verts sur ciel bleu, son lance-roquettes et le réflexe d'une photographe française, qui l'immortalisa. Quarante ans de guerre dans un regard. On peut tout faire dire à des photographies, y compris la vérité. Réduites à des pixels, elles nous tracent. Le disque dur global enfle, notre mémoire va exploser. « Je veux bien être transformé en papier », dit l'écrivain Jean-Marie Gustave Le Clézio. Les histoires de XXI aussi.
Léna Mauger et Marion Quillard
Est-ce la peur qui nous guide ? L'instinct de survie ? Ou le besoin de croire encore en l'humain ? Ce numéro de XXI est un horizon, un humble hommage à ces inconnus qui fabriquent, ça et là, un futur plus juste. Dans le grand théâtre de l'absurde que nous traversons, nous avons envie d'écouter des voix optimistes, courageuses. « Les mots ont le pouvoir d'illuminer la noirceur », disait le dramaturge Samuel Beckett.
À Marseille, le soin se réinvente au coeur d'une cité. En Amazonie, des « gardiens de la forêt » cessent d'attendre le réveil des grandes puissances et défendent les arbres par les armes. En Angleterre, un avocat prouve qu'enfants de victime et de bourreau peuvent faire la paix. Au Sénégal, une famille interpelle les anciens colons et confronte à ses promesses le chef de l'État français.
Ils sont soudés ; ils sont nombreux. Ils donnent envie d'y croire. À Beyrouth, une librairie se mobilise dans les décombres de l'explosion qui a fait plus de 200 morts et 300 000 sans-abri l'été dernier. À l'intérieur, on lit, on boit, on déblaie et on reconstruit. Debout. Debout, comme nos libraires, ici en France. Jouissons du pouvoir de lire encore, de lire ensemble.
Léna Mauger et Marion Quillard
XXI (Vingt-et-un) : l'information grand format. 198 pages de reportages. 100% de création, 0% de publicité.
Combler un manque.
L'écume de l'actualité au jour le jour est disponible partout, gratuitement à tout moment et sous toutes les formes. Mais la curiosité des lecteurs, leur besoin de compréhension n'est pas satisfait. Le mensuel américain Atlantic Monthly a étudié en décembre dernier les fonctions « articles les plus envoyés », disponibles sur les sites des grands quotidiens. Résultat : « Les lecteurs plébiscitent les articles qui offrent une plus value, quelque chose qui n'est pas disponible ailleurs. Ils apprécient une enquête en profondeur, un récit prenant, un point de vue décalé qui, même dans la blogosphère (voire particulièrement dans la blogosphère), ne se trouve qu'au compte-goutte. Ce sont des articles bien écrits, sur des histoires fortes, personnelles, lues nulle part et qui surprennent les lecteurs ».XXI répond à cette aspiration.
Parier sur le grand format.
Les anglo-saxons appellent le « narrative writing », ce journalisme de récit, qui prend le temps d'aller voir et qui emporte le lecteur dans la lecture. En 1979, le jeune Bill Bufford a repris une antique revue universitaire anglaise, Granta, qui tirait à 1.800 ex. Il sentait que les lignes du monde étaient en train de bouger. Il a envoyé des journalistes et des écrivains dans les usines ou les banlieues de Margaret Thatcher, en Chine, au Venezuela ou en Roumanie. Les ventes se sont envolées. Et de ce creuset sont sortis Salman Rushdie, Hanif Kureishi et tant d'autres.
Après le 11 septembre 2001, le mensuel Vanity fair, a opéré une révolution similaire : il compte désormais plus de correspondants de guerre que de chroniqueurs de mode. Les exemples étrangers de « narrative writing » sont nombreux, depuis The New Yorker jusqu'aux quotidiens espagnols El Pais et El Mundo.
Rassembler les genres.
XXI rassemble des auteurs qui veulent se confronter au réel, quel que soit leur mode d'expression. Le talent n'a pas de passeport. Les lignes de frontière ont explosé entre le roman, la bande dessinée, le polar, la photographie, le documentaire et le journalisme.
Persépolis est une BD autobiographique, devenue un film d'animation qui a permis à des millions de gens de comprendre la révolution iranienne. Michaël Moore a obtenu la Palme d'or à Cannes pour son documentaire sur Georges W. Bush. La trilogie policière Millénium dont le succès submerge l'Europe raconte l'aventure d'un mensuel indépendant en Suède qui lutte contre la délinquance financière et de l'extrême droite.
De grands dessinateurs de BD comme Jean-Philippe Stassen, Jacques Ferrandez, Joe Sacco sont de l'aventure de XXI, tout comme des romanciers à l'image d'Emmanuel Carrère, d'anciens journalistes devenus écrivains comme Sorj Chalandon, Denis Robert ou Jean Rolin, des freelances comme Judith Perrignon, Armelle Vincent ou Maria Malagardis des signatures de quotidiens comme Jean-Pierre Perrin, Laure Mandeville, Philippe Lançon ou Colette Braeckman, des photo reporters comme Carl de Keyzer de Magnum.
Le seul impératif est d'aller sur place, prendre le temps, rendre compte, en captivant le lecteur.
Chemin de la Poudrette, à Montauban, le journaliste Pierre Carrey découvre une mini-mare de sang. Riveraine discrète, Valérie s'est fait dévorer l'épaule. "Ils" sont voraces cette année. Serait-ce une nouvelle espèce, avec le réchauffement climatique ? L'enquêteur relève les indices pour comprendre comment ce havre de paix entre ville et campagne, rêve pavillonnaire avec piscine, se trouve aujourd'hui menacé.
Il détruit notre quotidien sans même qu'on s'en rende compte. Il n'a pas de frontière et des moyens colossaux. Ce fléau, c'est la planète of shore. Une masse d'argent estimée à dix mille milliards de dollars. Depuis des années, des policiers, des magistrats, des parlementaires et des journalistes dénoncent cette face cachée de notre économie. Et pourtant rien ne change. Le système mute, se transforme mais il est toujours là. Alors pour comprendre les secrets de cette planète, XXI s'est associé au Consortium des Journalistes d'investigation basé à Washington. Notre projet : raconter les coulisses de cette lutte avec les meilleurs spécialistes. Le résultat : un numéro spécial de XXI mêlant textes, photos et bande dessinée. Des histoires d'hommes pour réfléchir et des idées nouvelles pour agir.
- Le village des damnés. Par Olivier Brunhes.
- Les grenouilles de Notre-Dame-des Landes. Par Jean Rolin.
Autres récits :
- Cent ans de vicissitudes. Par Emilienne Malfato.
Deux pays, le Venezuela et la Colombie, deux destins croisés, entre paix et guerre, et une même famille ballotée par l'Histoire.
- La justice à l'heure du djihad. Par Véronique Broquart.
- Aux origines de l'Homme. Par Sylvie Caster.
Entretien : Zoia Svetova, la vie d'une opposante sous Poutine. Recueillis par Léna Mauger.
Récit graphique : la méga-prison de Bruxelles.
Ils repoussent leurs limites, confrontant leur corps au froid, à la douleur ou à la honte. Loin d'une pratique amateure, courir, grimper, sauter, est un défi, une façon de sublimer le quotidien. Trois histoires de sports d'aujourd'hui.
« XXI FÊTE SES 10 ANS.
Dix ans de journalisme, dix ans d'histoires.
Reportages, entretiens, enquêtes, portraits...
XXI-10 ans est un livre événement, une anthologie des meilleurs récits publiés dans la revue. Un écrin pour la « narrative non fiction » à la française : des histoires qui se dévorent comme des romans, des nouvelles où tout est vrai. XXI-10 ans, c'est le roman d'une époque.
UNE REVUE PIONNIÈRE Au lancement, en 2008, XXI est un OVNI. La revue ne ressemble à rien de connu. Elle réhabilite le grand reportage et le temps long, l'enquête fouillée et le récit de terrain. 0 % de pub, 100 % d'indépendance. Le meilleur du journalisme entre alors en librairie. Et ça marche : depuis, 50 000 lecteurs sont au rendez-vous chaque trimestre. XXI s'est imposée comme le journal du xxie siècle, celui qui fait appel à nos sens pour raconter et comprendre le monde. « Aller voir » n'a jamais été aussi pertinent, aussi risqué, aussi rare qu'aujourd'hui.
UN RECUEIL ÉVÉNEMENT XXI-10 ans réunit les meilleurs textes publiés dans la revue. On y retrouve des reportages au bout du monde, et au coin de la rue ; des destins improbables ; des expériences intimes ; des enquêtes étonnantes, parfois détonantes. Des histoires intemporelles qui marquent notre temps, racontent aujourd'hui et façonnent demain.
DE GRANDES SIGNATURES La revue est une maison ouverte aux quatre vents, un vivier d'auteurs - Emmanuel Carrère, Sorj Chalandon, Marie Darrieusecq, Jean-Pierre Perrin, Judith Perrignon, Sylvain Tesson, Marie Desplechin... La revue ouvre aussi ses portes à des inconnus, parfois très jeunes, dont elle accompagne le talent : Sophie Bouillon, prix Albert Londres à 25 ans ; Florentin Cassonnet, prix Bayeux à 24 ans.
UN CADEAU EXCEPTIONNEL XXI-10 ans est un objet à part, vivant et coloré, qui reprend les codes graphiques de la revue tout en les bousculant. Les meilleurs illustrateurs ont contribué à ce numéro anniversaire. C'est un livre qu'on aime avoir, mais aussi offrir, prêter, emprunter à un proche, pour ne jamais le rendre. Avec, toujours, l'envie d'un journalisme différent, pour écrire le monde de demain. »
A4 est un hors-série au contenu hybride. Portfolios, bandes dessinées et textes, il met à l'honneur le long format sous toutes ses formes en reprenant des contenus des revues XXI , 6Mois , La Revue Dessinée et TOPO . Son ambition ? Appréhender les grandes questions de société en mêlant le sérieux journalistique et l'originalité des formats. Pesticides, culte du corps, viande ou migrations... En écho aux contenus de nos quatre revues de référence, les regards croisés de grands acteurs du sujet viendront débattre au fil des pages. Premier sujet, la viande.